ROYER Louis, Marcel

Par Daniel Grason

Né le 17 juillet 1905 à Vielverge arrondissement de Dijon (Côte-d’Or), mort le 19 août 1944 à Saint-Denis (Seine, Seine-Saint-Denis) ; employé, vendeur, représentant, brigadier au commissariat de Saint-Denis ; membre de l’Organisation Civile et Militaire (O.C.M.) ; résistant F.F.I.

Fils naturel de Marie Thevénard, Louis Royer fut légitimé par sa mère et Louis Royer en septembre 1907. Celui qui était devenu son père exerçait le métier de gardien de la paix à Paris (XVIIIe arr.). Louis Royer alla à l’école primaire à l’âge de six ans, il obtint le CEP à treize ans. Les moyens matériels de ses parents ne lui permettaient pas de poursuivre des études. Il entra dans une maison de soierie pour y apprendre le commerce, il fut successivement employé et vendeur puis représentant. Il devança l’appel, fut affecté le 13 mai 1924 au 107e Régiment d’Artillerie Lourde à Belfort (Territoire-de-Belfort). Libéré le 10 novembre 1925 avec le grade de Maréchal des logis, il reprit sa place dans la soierie.
Il épousa Jeanne Desormière le 23 juin 1927 en mairie du XVIIIe arrondissement à Paris, son beau-père était brigadier des gardiens de la paix. Le couple habita 6 rue Claude-Monet à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis). Il postula un emploi de gardien de la paix auprès du préfet de police. Il débuta en mai 1928, dans sa biographie du 4 mai 1928 il écrivit avoir suivi les conseils de son père et beau-père. Il fit part de ses motivations à dimensions sociales : « Dans mes déplacements dans la capitale je me suis aperçu hélas qu’il n’y avait de loi que pour les malheureux et qu’il n’en existait pas grand nombre pour ceux à qui l’argent ne fait pas défaut qui ont pour devise “La raison du plus fort est toujours la meilleure” et qui ne reculent devant rien pour arriver à leurs fin, même par des actions malhonnêtes ».
Gardien de la paix au commissariat de Saint-Ouen, il fut promu brigadier des gardiens de la paix en juillet 1938 au commissariat de Saint-Denis. En 1941, il exprima le souhait d’accéder à un grade supérieur. Il était considéré par sa hiérarchie comme « apte au grade Inspecteur principal adjoint » et d’être un « gradé très intelligent ». Il en a été de même les deux années suivantes « gradé compétent », « excellent brigadier, intelligent et dévoué ».
Louis Royer rejoignit l’Organisation Civile et Militaire vers la fin 1942. Le 19 août vers 15 heures, une patrouille de quatre policiers de Saint-Denis partait en automobile pour une reconnaissance vers la centrale thermique de Société Electrique de Paris (SEP), quai de Saint-Ouen.
Trois chars allemands étaient en stationnement, un autre barrait le quai, le conducteur de l’automobile tenta de rebrousser chemin. Des soldats allemands armés de mitraillettes se dirigèrent vers le véhicule, le gardien Raymond Moreau fit connaître sa qualité de policier, les soldats ouvrirent aussitôt le feu. Moreau riposta avec un fusil de chasse qu’il tenait caché : il tua un des agresseurs et en blessa un second. Germain Frégeac toucha un autre soldat avec son arme de service.
Le brigadier Louis Royer tomba sous le feu des militaires. Le gardien Urbain Laumier tira à son tour à deux reprises avec un fusil Mauser et blessa un quatrième assaillant. Le feu allemand redoubla : Frégeac mourut. Moreau et Laumier, les passagers arrière, parvenaient à fuir sous le feu allemand. Les corps des policiers tués ont été relevés après le départ des Allemands par les agents qui étaient de surveillance à la Société Électrique de Paris.
Son inhumation se déroula au cimetière de Saint-Denis le 23 août 1944.
Le ministère des Anciens combattants attribua à Louis Royer la mention « Mort pour la France », il a été homologué F.F.I.
Son nom figure sur la liste des policiers morts pour la Libération de Paris au Musée de la police 4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris (Ve arr.), ainsi que sur la plaque apposée sur l’immeuble de la R.A.T.P., situé au barrage de Saint-Denis, où la monumentale fresque de l’artiste Jean Amblard y exaltait la Résistance et le général Leclerc. « Les F.F.I. de Saint-Denis [honorent] leurs camarades tombés au champ d’honneur », vingt noms dont celui de Louis Royer ont été inscrits proclamant « Gloire à ceux qui durent mourir pour que vivent Saint-Denis et la France ».
Son père Louis ex-gardien de la paix en retraite s’adressa le 17 juin 1946 au préfet de police. « J’avais deux fils gardiens de la paix : l’aîné Louis trente-neuf ans brigadier à Saint-Denis a été tué à la Libération le 19 août 1944.
Sa veuve reste avec deux enfants à charge.
Mon second fils Robert âgé de vingt-trois ans après avoir participé à la Libération de Paris a été lâchement tué lors d’une arrestation. J’ai su que cette arrestation n’était pas sans importance et n’était autre qu’une suite de libération.
Nous désirerions Monsieur le Préfet voir notre fils Robert uni à son frère et porte comme lui « Mort pour la Libération ».
Lors des obsèques, le Secrétaire général a dit que « Robert comme son frère était de ceux qui croient aux justes missions et aux justes causes ».
Malgré ces rudes épreuves, nous sommes tous fiers Monsieur le Préfet que nos enfants soient morts pour la France, pour la Préfecture de police ».
La lettre était signée par son père, « sa maman » et « sa femme », « Madame Veuve Robert Royer ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180470, notice ROYER Louis, Marcel par Daniel Grason, version mise en ligne le 30 mai 2016, dernière modification le 1er novembre 2018.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. KC 33 (notes transmises par Christian Chevandier). – SHD, Caen, AC 21 P 145700. – Bureau Résistance GR 16 P 526624. – Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014. – « Au cœur de la Préfecture de Police de la Résistance à la Libération », Sous la dir. de Luc Rudolph, Directeur honoraire des services actifs, Éd. LBM, 2009. – AMSD93_01_SD_402 (Fonds Pierre Douzenel) p.155. – Site internet GenWeb. — État civil.

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