VERMEIL Edmond, Joachim

Par Jacques Girault

Né le 29 mai 1878 à Vevey (Suisse), mort le 14 avril 1964 à Paris ; professeur de faculté ; militant pédagogique ; antifasciste ; résistant.

Fils d’un négociant en vins, Edmond Vermeil, élevé dans une famille française protestante, passa sa jeunesse, à partir de 1882, à Congénies (Gard). Élève des lycées de Montpellier (Hérault) puis de Nîmes (Gard), reçu au baccalauréat en 1897, il obtint la licence ès lettres (mention allemand) en 1898. Ses séjours comme lecteur dans des universités allemandes furent entrecoupée par le service militaire (1899-1890), puis il fut reçu à l’agrégation d’allemand en 1904. Il soutint sa thèse de doctorat en 1913, sous la direction de Charles Andler, sur l’évolution de la pensée catholique en Allemagne entre 1820 et 1849 sous le titre « Johann Adam Môhler et l’école catholique de Fubingue. Essai sur la théologie romantique en Wurtemberg ».

Professeur au lycée Hoche à Versailles (Seine-et-Oise) depuis 1907 et à l’École alsacienne à Paris, Edmond Vermeil fut mobilisé en août 1914 dans une division de mitrailleurs. Blessé, affecté dans les services de renseignements du Grand quartier général, il fut démobilisé en avril 1919 au grade de commandant d’état major. Nommé maître de conférences à la faculté des lettres de Strasbourg à partir d’octobre 1919 pour contribuer à sa réorganisation, il fut chargé du cours d’histoire de la civilisation allemande, et dirigea parallèlement le centre d’études germaniques de Mayence. Il fit partie du comité directeur des Compagnons de l’Université nouvelle qui militaient pour une réforme de l’enseignement et pour « l’école unique », dès juillet 1919. Il lutta surtout pour le rapprochement franco-allemand. Il fut nommé professeur d’histoire de la culture allemande à la Sorbonne à partir d’octobre 1933.

Marié avec Madeleine Michel, fille du conservateur du Louvre, André Michel, en 1904, il était père de trois enfants.

Edmond Vermeil participa aux mouvements antifascistes qui se développèrent en France dans les années 1930. Militant avec son épouse du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, collaborateur de l’hebdomadaire Vendredi qui soutenait le Front populaire, il s’efforça de décrire l’évolution de la vie politique allemande et l’idéologie national-socialiste, faite d’un antilibéralisme, ayant comme but l’unité allemande et la domination en Europe sur un fond de racisme et de xénophobie. Son livre L‘Allemagne, essai d’explication (Gallimard), publié en 1940, fut détruit par les occupants et réédité en 1945. Il entretenait de bonnes relations avec les milieux influencés par les communistes et publia aux Éditions sociales internationales en 1939, une biographie de Henri Heine.

En 1939-1940, en relations avec Jean Giraudoux, ministre de l’Information, il fut mis à la disposition du ministère dans l’académie de Montpellier puis enseigna à la faculté comme professeur « replié ».

Hostile au gouvernement de Vichy, Edmond Vermeil, après trois mois de congé de maladie, fut destitué et exclu de ses fonctions avec privation de traitement à partir de novembre 1943. En contact avec les milieux de la Résistance du groupe “Liberté“ depuis la fin de 1942, il rejoignit Londres le 24 août 1943 et entra à la Commission interalliée pour l’étude des activités de l’Allemagne et de ses satellites. Il intégra la mission scientifique Dejean à Londres en décembre 1943, dépendant du Commissariat à la justice et à l’instruction publique, avant d’être détaché à la mission diplomatique à Londres. Une émission captée à Moscou, le 2 juillet 1944, relata son discours prononcé dans la cathédrale Saint-Paul. Exaltant la Résistance, il affirma « les protestants sont décidés à combattre pour anéantir l’hitlérisme et ses conceptions esclavagistes et racistes ».

Edmond Vermeil, revenu sur le territoire métropolitain, retrouva la Sorbonne et la direction de l’Institut d’études germaniques. Président de la Commission de rééducation du peuple allemand, il joua un rôle actif pour l’analyse de l’Allemagne et dans les luttes dans la réforme de l’Éducation nationale jusqu’à sa retraite. Collaborateur de la revue protestante Christianisme social depuis la fin des années 1920, il prit position contre le réarmement allemand et pour la reconnaissance de la République démocratique allemande. Il anima notamment le Comité français d’échanges avec l’Allemagne nouvelle à partir de mai 1951. Après sa retraite universitaire en 1951, il enseigna pendant quelques années à l’Institut d’études politiques de Paris.

Politiquement, se situant dans la mouvance radicale-socialiste, il fit partie du comité de parrainage de La Pensée, revue intellectuelle éditée par le Parti communiste français, dès la Libération. Il se montra réceptif à l’anticolonialisme et fut un des fondateurs, le 5 novembre 1955, du Comité d’action des intellectuels contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180490, notice VERMEIL Edmond, Joachim par Jacques Girault, version mise en ligne le 8 mai 2016, dernière modification le 16 mars 2021.

Par Jacques Girault

ŒUVRES : Le fichier de la BNF en 2016 comprenait 69 références dont : La constitution de Weimar et le principe de la démocratie allemande. Essai d’histoire et de psychologie politiques, Strasbourg, Istra, 1923. — L’Allemagne du Congrès de Vienne à la Révolution hitlérienne, Paris, Cluny, 1934.

SOURCES : Arch. Nat., F17/25470, 26920 (Dossiers Piobetta). — RGASPI, 517 2 19. — Arch. OURS, fédération socialiste SFIO de la Seine. — Sites Internet, Wikipedia, www.colloque-vermeil.perso.sfr.fr.

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