VESSILLIER Maurice, Paul

Par Jacques Girault, Robert Hirsch, Charlotte Siney

Né le 3 juin 1919 à Paris (XVIIIe arr.), mort le 9 mai 1986 à Venise (Italie) ; instituteur puis PEGC dans la Seine ; militant du SNI ; militant de la MGEN ; militant du PSOP puis du PSA-PSU et du Parti socialiste.

Fils d’un comptable dans une société mutualiste immobilière, Paul Vessillier, et d’une sténo-dactylo devenue comptable, Marie-Thérèse née Gelb. Elle était fille de Charles Gelb, membre actif de la coopérative ouvrière La Bellevilloise.
Maurice Vessillier, (souvent écrit Vessilier) fréquenta l’école primaire Turgot à Paris (XIIIe arr.) et obtint le brevet supérieur en 1938. Instituteur, militant de la section de la Seine du Syndicat national des instituteurs, il fut candidat à la fin des années 1930, au conseil syndical sur la liste du cercle syndicaliste comprenant des « Amis de l’École émancipée ». Il se maria en juin 1941 à Alfortville (Seine, Val de Marne) avec Marcelle Lavergne, une institutrice. Le couple eut deux garçons, en 1942 (Jean-Claude) et en 1944 (Alain).
Après la guerre, instituteur à Charenton-le-Pont puis à Saint-Mandé, avant d’être nommé dans un cours complémentaire du XIVe arrondissement de Paris, de 1952 à 1955, puis à Ivry-sur-Seine jusqu’en 1962, date de son départ comme permanent mutualiste, il fut élu au conseil syndical dans la quatrième circonscription de l’arrondissement de Sceaux comme candidat indépendant puis il le fut sur la liste de la « Majorité fédérale » (tendance « Autonome ») de 1955 à 1964, puis, à nouveau en 1966. En 1948, il vota pour la motion de l’École émancipée et signa en mai 1949 un appel avec Pierre Bossut (École émancipée) pour l’organisation d’un référendum sur l’action du SNI.

Membre du conseil syndical de 1948 à 1964, il participa aux tentatives de l’Union générale de fédérations de fonctionnaires pour trouver une solution à la grève des instituteurs de la Seine, au début de décembre 1948. Il milita pour que le syndicat choisisse l’autonomie en attendant le retour de l’unité et signa la motion de février 1948. Il vota certaines motions présentées par les militants du courant « École émancipée », et en 1953, il se présenta aux élections du conseil syndical comme « indépendant ». Dans la section du SNI et dans le fonctionnement du Syndicat des enseignants de la région parisienne, il s’occupait surtout des affaires corporatives dont il présidait les commissions de 1955 à 1962, puis à nouveau en 1966.

Délégué au congrès national de SNI, Maurice Vessillier intervint dans les débats, le 19 juillet 1957, intitulée « Pour un renouveau efficace de l’internationalisme prolétarien ». Distant avec le pro-soviétisme, il soutenait les propositions de la majorité, tout en approuvant les « aspirations à l’indépendance nationale ». L’année suivante au congrès de Brest, dans la discussion du rapport moral, il évoqua la crise de recrutement due, selon lui, aux rémunérations insuffisantes. Au congrès de Paris, le 8 juillet 1959, il sourint le rapporteur sur « les conditions de la rémunération ouvrière ». En 1962, le 13 juillet, il donna son accord au rapport moral et le lendemain, dans la discussion sur la Sécurité sociale, il estimait que les travailleurs devaient la gérer « pour qu’elle leur soit favorable ». Au congrès de 1963, il souhaita que les instituteurs « ne s’isolent pas ». Au congrès de 1967, il condamna les objectifs du gouvernement tendant à ne « pas accorder la priorité aux dépenses de vie et de santé » et espérait que les militants « se sentent concernés » par le développement du service social de l’Éducation nationale.

Maurice Vessillier était le suppléant à la commission administrative de la Fédération de l’Éducation nationale, comme représentant de la section de la Seine, de 1961 à 1967. Dans les années 1960, avec Paul Ruff, il proposa un projet de réforme de la structure des rémunérations de la Fonction Publique. Sous l’appellation de "traitement binôme", il comprenait une partie fixe pour tous, pouvant évoluer notamment en fonction du coût de la vie et une partie hiérarchisée liée à la qualification, à la nature de l’emploi et à l’ancienneté. Repris plus tard par la Fédération de l’éducation nationale, ce projet ne réalisa pas le consensus parmi les organisations syndicales représentatives de fonctionnaires.

Maurice Vessillier était membre de la commission administrative de la section de la Seine de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale depuis 1959 et resta membre de la CA à la création de la section de Paris jusqu’en 1986. En 1962, mis à la disposition de la MGEN pour exercer les fonctions de directeur adjoint de la section de Paris en 1969, puis de directeur de 1970 à 1974 et de président de 1974 à 1978. Administrateur national de la MGEN de 1967 à 1983, il était membre du bureau national de 1971 à 1979 et secrétaire général adjoint, chargé de la presse, de la propagande, de la formation et de l’éducation mutualistes ainsi que des questions de Sécurité sociale à partir de 1975. Sensible au combat du Planning familial, il joua un rôle important dans l’organisation du service d’orthogénie du centre de santé de la MGEN à Paris, qui contribua à la légalisation de la contraception en France. Il accompagna notamment les femmes médecins de la MGEN lors de leur visite de services anglais, pour leur formation aux techniques.

Administrateur de la Fédération nationale des mutuelles de fonctionnaires et agents publics de l’État de 1970 à 1986, il en fut le secrétaire général de 1978 à 1983.

Maurice Vessillier avait aussi des engagements politiques. Avant la guerre, après un passage de quelques mois aux Jeunesses communistes en 1935 qu’il quitta après le soutien apporté du Parti communiste au pacte Laval-Staline en mai 1935, il fut membre des Jeunesses socialistes SFIO et en 1938 des TPPS (Toujours prêts pour servir). Proche de Marceau Pivert, il adhéra au Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP). Après la guerre, il ne fut membre d’aucun parti politique se contentant de son engagement syndical dans les « Amis de l’École émancipée ». Il désapprouva la politique gouvernementale soutenue par le Parti socialiste SFIO concernant Madagascar puis l’Algérie et s’engagea dans un comité local contre la guerre d’Algérie en 1956, soutenant les militants du Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj. De plus, il participa au groupe qui dirigeait le journal La Commune animé par Pierre Lambert. Il adhéra en 1959 au Parti socialiste autonome (PSA) comme l’avaient fait plusieurs dirigeants de la Fédération de l’éducation nationale puis au Parti socialiste unifié (PSU) qu’il quitta à la fin de la guerre d’Algérie pour le rejoindre à nouveau en 1969. Il rejoignit le Parti socialiste en 1972 et conduisit les listes d’union de la gauche aux élections municipales de 1977 à Saint-Mandé (Val-de-Marne) et de 1983 à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne).
Il était père de Jean-Claude Vessillier.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180496, notice VESSILLIER Maurice, Paul par Jacques Girault, Robert Hirsch, Charlotte Siney, version mise en ligne le 8 mai 2016, dernière modification le 7 août 2017.

Par Jacques Girault, Robert Hirsch, Charlotte Siney

SOURCES : Presse syndicale. — Robert Hirsch, La section de la Seine du Syndicat national des instituteurs et institutrices de 1944 à 1967, Thèse d’Histoire (Université de Paris 13, 2003. — Renseignements fournis par son fils, Jean-Claude Vessillier. — Notes de Michel Chauvet, de Jean-Michel Laxalt et de Robert Kosman (entretien avec son fils Jean-Claude Vessillier en septembre 2014.).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable