Par Marie-Cécile Bouju
Né le 11 janvier 1820 à Joigny (Yonne), mort le 6 mai 1894 à Yport (Seine maritime), imprimeur républicain, banni en 1851.
Fils de Pierre Dominique Zanote, marchand de draps, et d’Henriette Rosalie Moisson, Henri Zanote a servi pendant neufs années sous les drapeaux du milieu des années 1830 jusqu’en 1846.
Henri Zanote revint en 1846 à Joigny, où il était né et où vivait sa famille. Il déclarait alors travailler comme compositeur typographe. Son grand-père, Louis Dominique Zanote, y était maître imprimeur depuis 1796 (il avait succédé au maître imprimeur Simmonet chez lequel il travaillait). Il avait choisi de transmettre l’imprimerie familiale à son autre fils, Alexandre, en 1829.
En 1847, avec le soutien de son grand-père paternel, Henri Zanote obtint ses brevets d’imprimeur en lettres et lithographe à Montargis (Loiret), en remplacement de Fortin, ce qui lui permettait d’exploiter une imprimerie dans cette ville, avec son frère Léon Zanote né en 1826. Cette imprimerie imprima de 1849 à 1853 le journal local le Loing. Henri Zanote était également chef de bataillon dans la Garde nationale.
A partir de 1849, Henri Zanote fut identifié par les autorités comme un propagandiste socialiste. Il fut un imprimeur de l’Ami du Peuple (voir Camus*, Lofficial*, Étienne Souesme*, Tixier*). En août 1849, il fut condamné pour diffamation à 100 francs d’amende pour diffamation. En juillet 1850, il fut poursuivi mais relaxé.
Le 6 décembre 1851, Henri Zanote et son autre frère Alphonse (né en 1824), libraire, participèrent, avec Souesme, à ce que les autorités appelèrent l’ « insurrection de Montargis », individus qui manifestèrent contre le coup d’état. Henri fut notamment accusé d’avoir armé des ouvriers. En 1852 il fut condamné à dix ans de détention, peine commuée en 1853 à dix années de bannissement. Il quitta la France pour l’Espagne. En revanche, par égard pour la famille, on ne lui confisqua pas ses brevets.
Vers 1856-1857, nous le retrouvons à Paris où il travaillait pour la Librairie agricole. Mais il fut finalement gracié par décret du 16 août 1859. En 1860, il obtint un brevet de libraire qui lui permit de succéder à son employeur, puis de lithographe en 1862 et de taille-doucier en 1865. Son matériel de lithographe a été vendu en juin 1868.
Henri Zanote s’était marié en 1848 à Adelaïde Camille Desforges à à Saint-Hilaire-sur-Puiseaux (Loiret) et était père de trois enfant, Blanche (1849), Eugénie Henriette (1851), et Georges Henri (1853, mort en bas âge). Sa première épouse est décédée en 1855. Il se remaria avec Mélanie Godard en 1857 à Paris (XIIe arr.).
La famille Zanote resta influente dans le département de l’Yonne. En 1852, la veuve Zanote (Antoinette Elisabeth Boulogne), qui avait obtenu le transfert des brevets d’imprimeur et libraire de son mari Alexandre décédé en 1841, fut autorisée à prendre la tête du Journal de Joigny. Ce journal avait été fondé par Louis Dominique Zanote en 1823 et devint le Progrès de l’Yonne puis le Républicain de l’Yonne en 1889. En 1858, Philippe Alexandre Zanote, fils d’Alexandre et Antoinette Zanote, en devint imprimeur-gérant et fit du journal un titre politique, cause de conflits récurrents avec les autorités locales. En 1888, Philippe Zanote devint maire de Joigny. En 1874, le journal devint la propriété d’Emile Isidore Hamelin dit Hamelin-Zanote. Emile Hamelin avait épousé Eugénie Henriette, fille d’Henri Zanote. Henri Hamelin, leur fils et donc petit-fils de Henri Zanote (1874-1945), fut directeur du Républicain de l’Yonne, franc-maçon et sénateur de l’Yonne (radical-socialiste) de 1922 à 1940.
Par Marie-Cécile Bouju
SOURCES : Arch. Nat. F7 2595, F18 513 A, F18 1834. — 7 J 25 Service historique de la Défense. — Dictionnaire des imprimeurs lithographes du XIXe siècle, Ecole nationale des chartes [en ligne]. — G. Leloup. « Libraires et imprimeurs à Montargis du XVIe au XXe siècle », Bulletin : Société d’émulation de l’arrondissement de Montargis, , juin 1999, n° 110, p. 36-45 [en ligne sur Gallica].