GASNIER Marie, Lucie [née DESPRADELLES]

Par Michel Thébault

Née le 8 février 1893 à Lépinas (Creuse), exécutée sommairement le 17 juillet 1944 au lieu-dit Nadapeyras, commune de Soubrebost (Creuse) ; cultivatrice ; résistante AS.

Elle était la fille de Louis Auguste Despradelles cultivateur au Theil, commune de Lépinas et de Philomène Valladeau également cultivatrice. Prénommée Marie Lucie, elle porta toute sa vie préférentiellement le prénom de Lucie. Elle fit un premier mariage le 28 janvier 1911 à Lépinas, avec Aristide Ferdinand Valeron, de dix ans son aîné, cultivateur à Peyrabout (Creuse). Aristide Valeron fut mobilisé en août 1914, incorporé le 12 août au 78ème régiment d’infanterie de Guéret. Il fut porté disparu le 20 septembre 1914 à Touvent dans l’Oise. Son décès ne fut reconnu par jugement du tribunal de Guéret que le 29 décembre 1919 (il fut déclaré Mort pour la France). Lucie Despradelles se remaria le 20 octobre 1920 avec Isidore Gasnier à la mairie de Peyrabout (Creuse).
Au début de la seconde guerre mondiale, le couple qui eut des enfants était établi sur la commune de Soubrebost (Creuse), cultivateurs au lieu-dit Nadapeyras.
Au premier semestre 1944, des maquis appartenant à l’Armée secrète s’organisèrent sur ces premières hauteurs du plateau de Millevaches. Le fils d’Isidore et Lucie Gasnier s’engagea dans la première compagnie franche de l’Armée Secrète. La deuxième compagnie franche sous les ordres du capitaine Trancard s’installa à Villatange et Nadapeyras à la mi-juin avec pour mission la protection d’un important terrain de parachutage situé à Nadapeyras, le terrain Pension. Les époux Gasnier apportèrent leur soutien au groupe des résistants pour leur ravitaillement, le transport avec leur attelage et la cache des armes et matériels. Des parachutages d’armes eurent lieu tous les deux ou trois jours du 27 juin au 17 juillet 1944. Ils furent repérés par les services allemands. Dans la nuit du 16 au 17 juillet un nouveau parachutage eut lieu. Mais l’approche des éléments de la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, chargée depuis son arrivée en Creuse le 13 juillet de la répression contre les forces de la Résistance, empêcha le transport et la cache immédiate des containers. Les maquisards prévenus à temps reçurent l’ordre de dispersion qui s’effectua au matin du 17 juillet. Une tentative de détruire les stocks reçus ne put aboutir et les troupes allemandes arrivées dans l’après-midi du 17 juillet, procédèrent à des fouilles et des arrestations. D’importants stocks d’armes, et de munitions furent découverts sur les communes de Soubrebost et Vidaillat, des maisons, des granges et le bâtiment de l’école et de la mairie de Vidaillat furent incendiés. Paul Vacheron venu à Nadapeyras pour participer à l’évacuation des containers fut arrêté le soir du 17 juillet alors qu’il rentrait à Villatange avec son attelage. D’après les témoignages ultérieurs, il semble que Lucie Gasnier « essayant sur un sentier menant à Nadapeyras de délier son attelage, y fut abattue en se jetant dans une broussaille » (Marc Parrotin op. cit.). Leur ferme fut incendiée par les troupes allemandes.
Son nom figure sur le monument aux morts de la commune de Soubrebost et sur une stèle commémorative dressée après la guerre à Nadapeyras en mémoire des quatre victimes de la brigade Jesser. Il figure aussi sur le mémorial de la résistance creusoise à Guéret (Creuse).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180516, notice GASNIER Marie, Lucie [née DESPRADELLES] par Michel Thébault, version mise en ligne le 8 mai 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Michel Thébault

SOURCES : Archives départementales de la Creuse (État civil, registres matricules) — Marc Parrotin, mémorial de la Résistance creusoise éditions Verso 2000 — Une semaine en enfer : Dossier de témoignages établi par l’Association pour la recherche et la sauvegarde de la vérité historique sur la Résistance en Creuse (ARSVHCR) — mémorial genweb.

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