VINCENS Fortuné, Eugène, Jules

Fils de Jules Vincens, répétiteur général au lycée de Bourg-en-Bresse et d’Eugénie Perrin, sans profession, Fortuné Vincens fut mobilisé en janvier 1916. Caporal au 172e Régiment d’infanterie, il fut blessé le 23 octobre 1917 à l’Eperon-Sud (Vosges) par des éclats de grenade au thorax et à la tête ; il retourna au front, obtint une citation à l’ordre de son régiment le 4 avril 1918. Promu sergent, puis aspirant, sa démobilisation intervint à la fin de son stage à l’École militaire d’infanterie de Saint-Maixent (Deux-Sèvres), en septembre 1919, avec le grade de sous-lieutenant et la Croix de guerre.

Après sa réussite au baccalauréat (série Philosophie) en 1919, il devint répétiteur dans les collèges de Charolles, de Villefranche-sur-Saône, puis en 1921 au lycée de Bourg-en-Bresse. Affecté à l’économat, il réussit à l’examen de commis d’économat et fut nommé au lycée Faidherbe de Lille (Nord) en 1924, puis au lycée Ampère de Lyon (Rhône) en 1925. Après avoir été reçu au concours de sous-économe, il fut nommé au lycée de Tulle (Corrèze) en 1927, puis au lycée du Parc à Lyon en 1929. Inscrit sur la liste d’aptitude aux fonctions d’économe en 1938, il devint économe au lycée de Châteauroux (Indre) en 1939.

Marié en février 1925 à Bourg-en-Bresse avec Marie-Louise Perrin, il était père d’une fille.

Dans les années 1930, Fortuné Vincens assura le secrétariat du Syndicat national des sous-économes, puis du Syndicat de l’administration financière des lycées affilié à la Fédération générale de l’enseignement-CGT. Il était en outre secrétaire de la section départementale de Fédération générale des fonctionnaires et membre du conseil d’administration de l’office public d’HBM du Rhône comme délégué des syndicats CGT. Il participa au soutien des revendications ouvrières lors du Front populaire.

Mobilisé en septembre 1939 comme lieutenant d’administration, il devint régisseur comptable du ravitaillement général du Rhône et obtint la Légion d’honneur à titre militaire le 31 décembre. Accusé d’avoir tenu des « propos défaitistes », il fut arrêté le 18 février 1941, relevé de ses fonctions ; il protesta invoquant les fonctions officielles qu’il avait exercées dans des organismes gouvernementaux. Reçu par le directeur de l’enseignement de second degré, il obtint l’annulation de la sanction et reprit ses activités professionnelles en janvier 1942.

À la Libération, Fortuné Vincens fut, du 31 août au 11 septembre 1944, chargé d’examiner les conséquences de l’occupation allemande pour la direction des services départementaux du ravitaillement.

Puis il obtint la nomination d’économe du lycée Carnot à Dijon (Côte d’Or) en octobre 1944. Il militait à partir de 1946 au Syndicat national de l’enseignement secondaire. Il était en même temps secrétaire de la section départementale de la Côte d’Or de la Fédération de l’Éducation nationale en 1947-1948 et membre de la commission administrative fédérale au titre des sections départementales.

Il devint secrétaire national de la catégorie des intendants dans le nouveau SNES (classique et moderne) en mai 1950, succédant à Jacques Géraud. Il obtint à la rentrée suivante sa mutation au lycée Paul Langevin de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) comme intendant universitaire, puis, l’année suivante, en 1951 au lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), remplaçant Géraud qui venait de prendre sa retraite. En 1950, seul candidat au secrétariat de catégorie, avec Bruno pour suppléant, il figurait également sur la liste des partisans de la CGT-FO, « Pour un syndicalisme indépendant et démocratique » ; les années suivantes, il fut réélu jusqu’en 1956 en figurant sur la liste des « autonomes ».

Il était suppléant de Bruno au Conseil de l’enseignement de second degré à la suite des trois scrutins de 1950, 1954 et 1958.

Jean Cousin lui succéda au secrétariat de catégorie en 1956. Il prit sa retraite en 1962. Il resta au SNES jusqu’au départ des intendants en 1966, et participa à la création du nouveau Syndicat national des intendants de l’Éducation nationale.