VIGNOBOUL Jean, Paul

Par Jacques Girault, Michel Veyres

Né le 2 décembre 1921 à Gaillac (Tarn), mort le 27 août 2012 à Montauban (Tarn-et-Garonne) ; instituteur ; résistant (pseudo, Larroque) ; militant syndicaliste ; militant communiste, adjoint au maire de Montauban.

Jean Vignoboul à sa dernière conférence de la fédération communiste en 1979
Jean Vignoboul à sa dernière conférence de la fédération communiste en 1979

Fils d’un cheminot, syndiqué, admirateur de Jaurès, qui fut muté à Montauban, Jean Vignoboul reçut les premiers sacrements catholiques. Élève de l’ancien collège de Montauban, il entra à l’École normale d’instituteurs de Montauban directement en deuxième année en 1939. Il adhéra aux Jeunesses socialistes SFIO en 1937-1938 et devint instituteur à Maubec en 1941.

Vignoboul se maria exclusivement civilement en décembre 1942 à Montauban, avec une employée future contrôleur divisionnaire des contributions directes, active pendant la Résistance, membre du Parti communiste français. Le couple eut une fille.

Parti en octobre 1941 en chantier de jeunesse au Vigan (Gard), il y resta jusqu’en mai 1942. Reprenant un poste d’instituteur à Monclar, appelé au Service du travail obligatoire en janvier 1943, sursitaire en raison de ses études supérieures à la Faculté des Sciences de Toulouse, il obtint un certificat en mathématiques. Réfractaire le 4 août 1943, il ne put intégrer immédiatement le maquis FTPF par manque de place, selon son témoignage. Plus tard, il lui fut reproché de ne pas avoir rejoint le maquis dès son entrée dans la clandestinité. Vignoboul se cacha à Maubec puis à Tessonnières près de Gaillac. Il s’engagea dans les FTPF le 31 décembre 1943 et rejoignit le maquis de Saint Antonin en voie de reconstitution après sa dispersion ; il prit alors le pseudonyme de "Larroque". En tant que chef du groupe, il prépara et participa à plusieurs opérations de sabotage sur les voies ferrées et sur les lignes électriques à haute tension. A partir du 24 août 1944, il occupa la fonction de secrétaire général du Front National du Tarn-et-Garonne, responsable des jeunes. En 1959, il fut reconnu Combattant Volontaire de la Résistance pour la période du 31 décembre 1943 au 19 août 1944. Il effectua son service militaire dans un régiment d’infanterie et le termina comme sous-lieutenant.

Jean Vignoboul adhéra au PCF le 16 juillet 1944 et devint le 30 octobre 1945 le secrétaire politique de la fédération communiste. Permanent du Front national, puis du PCF jusqu’en 1947, il devint en février 1947 le deuxième secrétaire de la fédération communiste et s’occupait du journal fédéral.

Jean Vignoboul reprit son métier d’instituteur dans le Tarn-et-Garonne en 1947 et, militant de la FEN-CGT, fut membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs entre 1953 et 1957.

Il suivit en 1953 les cours de l’école centrale des instituteurs communistes. A la suite de désaccords avec la ligne du Parti, « ébranlé » par le XXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique, il fut maintenu en 1956 au seul bureau fédéral. Le prétexte, indiqué par Fernand Grenier dans son rapport sur la conférence fédérale de juin 1956, fut son désir de préparer une licence de mathématiques.

Jean Vignoboul, qui avait obtenu deux autres certificats de mathématiques, devint professeur d’enseignement général des collèges (mathématiques) à Montauban en 1957 et termina sa carrière comme professeur au collège de La Fobio de Montauban en 1979.

Jean Vignoboul fut réélu au secrétariat fédéral du PCF en 1959, responsable de la propagande et de l’éducation, puis de intellectuels à partir de 1964 jusqu’en 1965. Le rapport de Paul Balmigère sur la réunion du comité fédéral, le 2 décembre 1961, indiquait que, dans la discussion sur le mouvement communiste international, « tout en se déclarant d’accord avec la ligne du 22eme congrès, il considère que les dirigeants du Parti communiste chinois ont certainement des raisons de défendre leurs thèses et qu’en définitive c’est l’expérience qui tranchera ». Le 19 septembre 1964, il écrivait au secrétariat du comité central, une longue lettre à propos des « activités scissionnistes du PCC ». Il évoquait le risque de guerre entre pays socialistes et concluait « alors l’élimination de la guerre pour l"humanité ne serait pas résolue par le passage de tous les peuples au globe en régime socialiste […] ainsi s’effondrerait la perspective radieuse d’un monde débarrassé de la hantise de la guerre et de l’énorme fardeau des armements ». Redevenu seulement membre du bureau fédéral de 1965 à 1971, lors de la conférence fédérale du 18 janvier 1970, selon le rapport de Jean Lespiau, tout en condamnant l’intervention soviétique à Prague, il ne vota pas la motion condamnant le livre de Roger Garaudy « tout en montrant son désaccord avec les écarts philosophiques de Garaudy. » Il resta au comité fédéral de 1971 à 1979.

En 1965, Jean Vignoboul fut élu conseiller municipal de Montauban sur une liste d’union de la gauche (PS, Radicaux, PCF, PSU) à direction socialiste. Il devint adjoint au maire, chargé de l’éducation. Réélu adjoint au maire en 1971, il conserva la délégation de l’instruction publique. Il ne se représenta pas en fin de mandat malgré les propositions du maire Louis Delmas. Il fut le suppléant au candidat communiste lors des élections législatives de 1967 dans la première circonscription de Montauban.

Jean Vignoboul quitta en 1981 le PCF en désaccord avec la politique du PCF vis-à-vis de la Pologne. Il fut un des premiers signataires de la pétition « Union dans les luttes » lancée en décembre 1979. Il devint secrétaire du Comité de défense des libertés en Tchécoslovaquie et fut responsable de la Ligue des droits de l’Homme de 1981 à 2002. Il signa, avec son épouse, des pétitions appelant à la rénovation du PCF et apporta son soutien à la candidature de Pierre Juquin à l’élection présidentielle en 1988. Il joua un rôle majeur dans l’organisation d’une première manifestation contre le Front national en 1990. Il milita plus tard dans l’association pour la défense du patrimoine contre les initiatives de la municipalité de droite.

Vignoboul et son épouse apportèrent leurs témoignages dans diverses recherches et expositions sur la Résistance dans le Tarn-et-Garonne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180630, notice VIGNOBOUL Jean, Paul par Jacques Girault, Michel Veyres , version mise en ligne le 10 mai 2016, dernière modification le 14 mars 2021.

Par Jacques Girault, Michel Veyres

Jean Vignoboul à sa dernière conférence de la fédération communiste en 1979
Jean Vignoboul à sa dernière conférence de la fédération communiste en 1979
Jean Vignoboul (au centre)
Jean Vignoboul (au centre)
de gauche à droite, Charles Couchet, Vignoboul ; Georges Estival.

SOURCES : Archives du Comité national du PCF. — Renseignements fournis par l’intéressé à Michel Veyres. — Notes de Jean-Paul Damaggio et de Jean-Louis Franceries.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable