VILLARD René (instituteur)

Par Pierre Bonnaud, Jacques Girault

Né le 30 septembre 1913 à Privas (Ardèche), mort le 28 septembre 1981 à Villeurbanne (Rhône) ; instituteur en Ardèche puis dans le Rhône ; résistant ; militant syndicaliste du SNI ; militant socialiste puis communiste.

Fils d’un cultivateur socialiste, René Villard, titulaire du brevet supérieur, devint instituteur en Ardèche dans la région de Bourg-Saint-Andéol. En 1932, sans doute à l’École normale d’instituteurs de Privas, il adhéra aux Jeunesses socialistes, puis en 1934 au Syndicat national des instituteurs. En 1939, il militait à la section socialiste SFIO de Bourg-Saint-Andéol. Il effectua son service militaire comme soldat de deuxième classe dans l’Infanterie et fut mobilisé au début de la guerre. En 1940, il reprit un poste à Bourg-Saint-Andéol lorsqu’il fut démobilisé.

Le 13 octobre 1940, selon le témoignage de Pierre Fournier, il participa avec une quinzaine de militants socialistes à la réunion semi-clandestine qui se tint au café Piéri autour des textes diffusés par le général Gabriel Cochet, général d’aviation qui appelait à résister, tout en demeurant l’un des fidèles du Maréchal Pétain. Par la suite, René Villard fit partie d’une sizaine de l’Armée Secrète et, sans rompre avec ses camarades des MUR, il intégra aussi un groupe de FTP « légaux » à Bourg-Saint Andéol, puis fit partie des FFI en 1944. Il adhéra au Parti communiste clandestin en 1942 et, en avril 1942, devint le responsable politique de l’organisation clandestine de Bourg-Saint-Andéol.

Au cours de l’été 1944, responsable de l’organisation et de la propagande de la région Ardèche du Parti, selon le témoignage de Raoul Galataud, « polo » du PCF et futur secrétaire de la « région », il participait à Privas à une réunion de la direction ardéchoise du PCF (Privas avait été libérée le 12 août) au moment des bombardements américains qui, le 15 et le 16 août, détruisirent une grande partie de Bourg-Saint-Andéol et firent plusieurs centaines de victimes. René Villard se hâta de regagner la ville pour organiser les secours. Le 24 septembre 1944, il était présent à la première conférence légale du PCF (la « région ardéchoise » était officiellement détachée de la Drôme et Pierre Gabrielli, délégué du Comité central, suivait la conférence). Il fut désigné comme secrétaire adjoint de la nouvelle fédération (La Voix du peuple de l’Ardèche précisait qu’il était un « ex-militant socialiste »), et partageait cette fonction avec Albert Crouzet, (« ex-instituteur au Teil »), révoqué en 1940.

Réélu régulièrement au comité fédéral, en 1949 il y siégeait aux côtés de son frère, Pierre Villard, cultivateur et militant communiste de la région de Privas. En 1959, René Villard ne fut pas réélu par la conférence fédérale en raison des difficultés de gestion du Comité de diffusion de l’Humanité dont il était le responsable. Il participa au stage pour les instituteurs communistes organisé par le PCF (5 – 22 septembre 1956) et fut candidat au Conseil général dans le canton de Bourg-Saint-Andéol en septembre 1956 et en avril 1958.

Sur le plan syndical, dans les années qui suivirent la Libération, René Villard milita au sein du SNI dans le courant « cégétiste » qui s’opposait à la direction de la section ardéchoise dominée par le courant « Ecole émancipée ». Délégué au congrès national du SNI, le 19 juillet 1947, il se prononça contre la lutte de tendances. Une protestation parut dans L’Ecole libératrice, le 14 décembre 1950 contre l’amende de 25 000 francs à laquelle il avait été condamné par le tribunal correctionnel de Privas, le 8 décembre. L’affaire remontait à l’assemblée générale du SNI ardéchois du 30 mars 1950 : dans un contexte social tendu, marqué en Drôme-Ardèche par la répression des grèves des chantiers de construction du canal Donzère-Mondragon, René Villard rédigea (au sein d’une commission) un télégramme de protestation à l’adresse du Président du Tribunal de Privas : « Syndicat Instituteurs Ardèche réuni La Voulte, proteste énergiquement contre justice classe qui attente libertés syndicales, exige acquittement vingt huit camarades barrage Donzère jugés demain ». Prévenu « d’outrages à magistrats » avec Yvonne Issartel, secrétaire départementale du SNI, René Villard fut le seul condamné, le tribunal relaxa la secrétaire départementale reconnaissant qu’elle s’était opposée à cette démarche. En 1947, il était le secrétaire de l’Union locale CGT de Bourg-Saint-Andéol et le demeura pendant quelques années en raison de son militantisme à la FEN-CGT. Au congrès de l’UD CGT du 20 juin 1948 qui se tint à la Maison du Peuple au Teil, il figurait dans la liste des propositions de candidatures pour le bureau de l’UD.

En 1959, René Villard fut muté dans le Rhône où il se maria en mars 1959 à Lyon (VIe arr.). Dans son nouveau département il poursuivit son militantisme au sein de la section SNI, fut délégué au congrès national de 1965 où il intervint le 15 juillet, après le rapport sur la fiscalité et « la perspective d’une réforme démocratique de la fiscalité ». Il proposa d’imiter la CGT en élaborant un programme pour un impôt progressif sur les revenus et bénéfices des entreprises.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180634, notice VILLARD René (instituteur) par Pierre Bonnaud, Jacques Girault , version mise en ligne le 10 mai 2016, dernière modification le 12 janvier 2022.

Par Pierre Bonnaud, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. du Rhône (Archives régionales) 668W89. — Archives du comité national du PCF. — Archives de l’UD CGT de l’Ardèche (dossiers documentaires sur les congrès de l’UD). —L’Ecole libératrice, L’Emancipation (1950-1951), La Voix du Peuple de l’Ardèche (1944-1947). — L-F Ducros, Montagnes ardéchoises dans la Guerre, (t.II et III), Valence, 1981. – CD-Rom AERI, La Résistance en Ardèche (coord. R. Galataud), Paris, 2007. – Témoignages de Pierre Fournier et de Raoul Galataud.

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