CHIOZZINI Alphonse

Par Michel Thébault

Né le 20 avril 1894 à Nice (Alpes-Maritimes), exécuté sommairement par la Milice le 25 juin 1944 au lieu-dit La Clairière, commune de Saint-Maurice–La-Souterraine (Creuse) ; receveur principal des contributions indirectes ; résistant NAP et AS.

Il était fils d’immigrés italiens, d’Albert, Pierre Chiozzini, né à Ferrara (Italie), cordonnier à Nice, domicilié rue des Deux Emmanuel, et de Providence Quattrochi née à Riposto, province de Catane (Italie), cigarière. Au début de la première guerre mondiale, il résidait à Nice exerçant la profession de surnuméraire des contributions indirectes. Il fut mobilisé le 28 novembre 1914 au 19ème Régiment d’Artillerie comme canonnier 2ème classe. Il servit dans plusieurs régiments d’artillerie successifs pour la durée de la guerre et fut nommé brigadier en janvier 1918, Maréchal des logis en septembre 1919. Ancien combattant du premier conflit mondial pour la quasi-totalité du conflit, il fut décoré de la Croix de guerre et démobilisé le 19 septembre 1919.
Il accomplit une carrière de fonctionnaire dans l’administration des contributions indirectes : vérificateur à Villefranche-sur-Saône (Rhône) en 1920 puis nommé à Nice en 1921, puis à Fayence (Var) en 1923. Il se maria le 26 mars 1923 avec Marie Antonine Montillet à Saint-Georges-de-Reneins (Rhône) au nord de Villefranche-sur-Saône (Rhône). Ils eurent trois fils, Lucien, Albert et René. En 1930, il fut nommé receveur principal des contributions indirectes à Nice, puis à Draguignan en 1936. En avril 1939, il fut nommé receveur principal des contributions indirectes, entreposeur du tabac à Guéret (Creuse).
Il s’engagea dans la Résistance dès la fin 1942, mettant à profit sa fonction d’entreposeur du tabac pour conserver des réserves afin de ravitailler les maquis creusois. « Il faut dire qu’à cette époque où la grande majorité des hommes étaient fumeurs, le tabac était très apprécié, entre autres, par les combattants de la Résistance, qui trouvaient dans le plaisir de fumer, une détente nécessaire à leur équilibre quotidien. Pour ces hommes, la possession de ce produit, ne pouvait toutefois se faire que de façon illégale et clandestine, dans le contexte d’une époque, où considérés comme des hors-la-loi, les intéressés étaient démunis de la carte de tabac obligatoire » (témoignage écrit de René Chiozzini). L’attestation établie en janvier 1945 par le lieutenant-colonel François, chef des FFI creusois (dossier AVCC) précise : « en mars 1943 il a été immatriculé au service NAP (noyautage des administrations publiques) des MUR (Mouvements unis de Résistance). A partir de cette date, il a déployé une activité incessante pour organiser la Résistance dans son administration ». L’appartement de fonction d’Alphonse Chiozzini et l’entrepôt du tabac, proches, dans le quartier de La Rhode de l’entrepôt de bois et du café du couple Bareige, servait lui aussi de lieu de rencontre pour les responsables locaux de la Résistance.
Le dimanche 25 juin 1944 se produisit à Guéret la grande rafle organisée par les chefs régionaux de la Milice avec l’aide de miliciens venus des départements voisins, rafle qui aboutit à l’arrestation de 67 personnes. Vers 10 h. du matin, suite à la dénonciation d’un milicien habitant le même immeuble, un chef de la Milice, accompagné de trois hommes armés, pénétra brutalement dans l’appartement de fonction d’Alphonse Chiozzini. Bien que très affaibli par une maladie cardio-vasculaire et alité, il fut arrêté. Son fils aîné également recherché se trouvait à ce moment au maquis et échappa donc à la rafle. Traîné hors de chez lui, il fut placé dans un véhicule qui se dirigea vers la place Bonnyaud. Un convoi fut organisé le même jour pour transporter à Limoges (Haute-Vienne) l’ensemble des personnes arrêtées. Un car et des camions partirent de la place Bonnyaud à Guéret. Alphonse Chiozzini, Émile Bareige et son cousin Fernand Bareige arrêtés le 22 juin, furent placés en fin de convoi dans une voiture particulière de la Milice. Sur la RN 145, à l’approche de La Souterraine, au lieu-dit La Clairière (commune de Saint-Maurice-la-Souterraine), le véhicule s’arrêta et les trois prisonniers furent exécutés sommairement. La disposition des corps, à quelque distance les uns des autres en lisière et dans le bois, pourrait laisser penser que les miliciens furent tentés de camoufler leur crime en une tentative de fuite. La cause la plus couramment admise après-guerre pour expliquer la séparation du groupe des personnes arrêtées et l’utilisation manifestement préméditée d’un véhicule particulier, fut la volonté de camoufler le vol d’une importante somme d’argent par les miliciens lors de la perquisition effectuée chez Émile Bareige le 22 juin.
Après leur découverte, les corps furent transportés à La Souterraine où furent établis les actes de décès. Inhumé dans un premier temps au cimetière de La Souterraine, le corps d’Alphonse Chiozzini fut transféré quelques mois plus tard au cimetière de Guéret où il repose depuis lors.
Il obtint la mention « Mort pour la France ». Considéré pour son appartenance au NAP en qualité de chargé de mission 3èmè classe, comme membre des Forces Françaises Combattantes, il fut fait en 1947 sous-lieutenant FFI à titre posthume et reçut la Médaille de la Résistance. Une stèle à La Clairière, commune de Saint-Maurice-La-Souterraine rappelle le souvenir des trois victimes. Son nom figure sur le monument aux morts de Guéret et sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180638, notice CHIOZZINI Alphonse par Michel Thébault, version mise en ligne le 10 mai 2016, dernière modification le 12 mars 2020.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch.Dep. Alpes-Maritimes (Etat-civil, registre matricule) —Dossier DAVCC Caen — Témoignage écrit de Mr. René Chiozzini (fils d’Alphonse Choizzini) — mémorial genweb —Marc Parrotin Le temps du Maquis, Histoire de la Résistance en Creuse Ed. Verso 1984.

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