Par Jacques Girault
Né le 24 avril 1926 à Caen (Calvados), morte le 9 octobre 1996 à Coutances (Manche) ; instituteur ; résistant déporté ; militant communiste dans le Calvados ; poète.
Fils d’un comptable, Jean-Pierre Voidies, élève du lycée Malherbe à Caen, fonda, avec d’autres jeunes gens, à un réseau résistant affilié au Front national. Ils recueillaient des renseignements sur les réalisations de défense de l’occupant dans la zone maritime. En janvier 1944, ayant l’intention de lutter contre l’organisation du Rassemblement national populaire dans le département, il adhéra aux Jeunesses nationales populaires qui regroupaient les jeunes du RNP. Il déroba des documents du chef départemental du RNP, dont des listes d’adresses de militants et un tampon. Les actions entreprises avec ces documents perturbèrent le fonctionnement de l’organisation collaborationniste. Arrêté, le 23 février 1944 par la Gestapo, torturé, envoyé au camp de Royallieu à Compiègne (Oise), dans le convoi parti le 4 juin 1944, il fut déporté à Neuengamme (Allemagne) dans les kommandos de Misburg et Meppen-Versen.
Au retour d’Allemagne, Jean-Pierre Voidies devint instituteur. Il enseigna notamment à La Guérinière.
Il se maria en mars 1953 à Paris (XXe arr.) avec Huguette Papin, institutrice, militante communiste. Le couple eut un fils.
Il avait adhéré au Parti communiste sans doute pendant la Résistance. Etait-il le militant communiste de Freneuse (Yvelines) qui fut adjoint au maire ?
Il militait au Parti communiste français tout en composant des plaquettes de poésies dont une des premières sous le titre Buffalo paru chez Seghers en 1949. Il signait Voidies jusqu’en 1973, puis Voidies-Ovida Defect jusqu’en 1978 et enfin Ovida Defect à partir de 1981.
En effet, en 1981, Jean-Pierre Voidies devint une femme.
Il écrivit son autobiographie, La prise de robe : itinéraire d’une transexualité vécue parue en 1982 à compte d’auteur. Un film documentaire fut tourné en 1986 par Françoise Romand sous le titre Appelez moi Madame. La réalisatrice fut interrogée en 2012 (voir www.universcine.com/artistes/huguette-voidies).
Il vécut sa retraite comme son épouse avec qui il continuait à vivre et à militer, à Saint-Pierre-de-Vauvray (Eure).
Par Jacques Girault
SOURCES : Conseil général, Archives départementales du Calvados, sous la direction de Jean Quellien, Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados (2004). — Site Internet, http://sgmcaen.free.fr/resistance/front-national-caen.htm et autres sites. — Notes de Christian Langeois.