BRUN Félix

Par Maurice Moissonnier

Né le 18 décembre 1896 à Salindres (Gard), mort le 24 octobre 1964 à Paris ; ouvrier métallurgiste ; grand blessé de guerre, l’un des fondateurs de l’Association républicaine des anciens combattants : dirigeant communiste dans la région lyonnaise, député communiste de Lyon, président de l’ARAC de la Libération jusqu’à sa mort.

Félix Brun
Félix Brun

Mobilisé le 8 avril 1915, avec sa classe, Félix Brun fut envoyé sur le front de Verdun et, en décembre 1916, grièvement blessé sur la côte du Poivre, il eut les pieds gelés et on l’amputa des deux jambes le jour de ses vingt ans.
Revenu à Lyon en 1918 après sa rééducation, il trouva un emploi d’ouvrier fraiseur et tourneur et, figure typique de la « génération du feu », il participa dans le Rhône aux grèves de la métallurgie qui associaient aux revendications syndicales classiques, des revendications pacifistes. En 1919, il participa, avec Henri Barbusse, à la fondation de l’ARAC et joua un rôle important au congrès qui se tint à Lyon, salle Étienne Dolet. Il avait alors épousé, le 18 janvier 1919, Yvonne Martin et un enfant naquit de cette union. En février 1921, il donna son adhésion au Parti communiste et, en 1923, en juillet, il fut élu au Comité central de l’ARAC, fonction dans laquelle il sera par la suite régulièrement reconduit par chacun des congrès de l’organisation. En 1926, il fut encore élu membre du conseil d’administration de la section française du Secours rouge international et effectua un voyage en URSS. L’année suivante, il devenait membre de la commission administrative du journal des anciens combattants Le Feu. Parallèlement, des responsabilités politiques lui furent confiées au comité régional du Parti communiste où il entra le 24 janvier 1926 et, dès janvier 1925, à la commission « Anciens combattants » auprès du Comité central. En raison de sa stature nationale dans le monde des anciens combattants le PC en fit son porte-drapeau à l’occasion de plusieurs élections. Ainsi, lors des législatives de 1928, il parvint à réunir dans la 9e circonscription du Rhône 1 468 voix au premier tour et 2 083 au second. Au congrès de novembre 1931, il devint vice-président de l’ARAC fonction dans laquelle il sera reconduit jusqu’en 1938. Aux législatives de 1932, encore candidat dans la 9e circonscription il ne recueillit que 1 004 voix et, tout comme en 1928, le radical socialiste Massimi fut élu, dès le premier tour cette fois.
Lors des journées de 1934, Félix Brun participa aux manifestations antifascistes et aux actions unitaires qui suivirent. En octobre, à l’occasion des élections cantonales, il fut présenté, sans succès, dans le 12e canton de Lyon (VIIe arr.) et, en mai 1935, il conduisit la liste du Parti aux municipales dans le même arrondissement de Lyon ; cette liste obtint 2 913 voix au premier tour contre 2 606 en 1929. Les rapports de forces électorales évoluaient avec la création du Front populaire et la percée du Parti communiste dans la coalition de gauche : les élections législatives de 1936 furent favorables à Félix Brun qui, au premier tour, toujours dans la 9e circonscription distança le radical Massimi par 3 513 voix contre 2 982 et, au second tour, fut élu avec le concours des voix socialistes par 5 223 voix contre 4 072 à Massimi qui s’était maintenu et avait rassemblé les voix du candidat de droite URD. Aux cantonales de 1937, dans le 12e canton, avec 3 212 voix au premier tour et 5 132 voix au second tour, Brun confirma ses positions et obtint le siège de conseiller général. Ses responsabilités dans la Fédération du Rhône du PC s’en trouvèrent naturellement renforcées. Membre du Comité régional, il fut désigné pour travailler au comité pour le développement de La Voix du peuple, hebdomadaire régional du Parti, en novembre 1936, cependant, il n’entra jamais au bureau régional. En 1938, le congrès de l’ARAC de Bordeaux, tenu en juin, lui confia la charge de président de l’ARAC poste qu’il conserva jusqu’en 1939.
Lorsque survint la guerre et les épreuves consécutives au Pacte germano-soviétique, F. Brun rejoignit le groupe ouvrier et paysan et, pour cette raison fut arrêté le 8 octobre 1939 et incarcéré à la Santé d’où il devait être mis en liberté provisoire en raison de son état physique, le 23 janvier 1940. Cette incarcération marqua une sorte de rupture dans sa vie personnelle : après avoir divorcé, il quitta définitivement Lyon où il habitait depuis de longues années 4, chemin Sainte-Maximin et s’établit à Paris 26, rue des Plantes où il se remaria le 12 mars 1940 avec une bretonne Marie Sebille, née le 7 septembre 1915. Il comparut, le 3 avril 1940, avec les autres députés communistes poursuivis, devant le 3e tribunal militaire de Paris et fut condamné à quatre ans de prison et 5 000 F d’amende. Interné le même jour à Aincourt, il fut libéré le 26 février 1941 en raison de son état de santé. Il séjourna alors à l’Arbresle près de Lyon et, à la Libération, il fut réélu conseiller général du Rhône, membre du comité fédéral du Rhône du PC et président de l’ARAC, fonction qu’il conserva jusqu’à sa mort.
F. Brun était en outre membre du conseil national du Mouvement de la paix, vice-président de l’union française des associations de combattants et des associations des amis de Paul Vaillant-Couturier et d’Henri Barbusse. Officier de la Légion d’honneur, il avait aussi été décoré de la médaille militaire, de la croix de guerre 1914-1918 et du Mérite combattant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18071, notice BRUN Félix par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 12 août 2015.

Par Maurice Moissonnier

Félix Brun
Félix Brun

SOURCES : Arch. Nat. F7/13105, rapport du 19 janvier 1926. — Arch. Dép. Rhône. Elections 1928, 1932, 1936, 1937. — La Voix du peuple, organe régional du PC, 22 février 1936, 19 février 1937. — Le Cri du Peuple du Sud-Est, 1920. — Lyon communiste, 1919. — Le Progrès pour les différentes élections. — Jolly, Dictionnaire des Parlementaires, op. cit.Cahiers du Bolchevisme, supplément au n° 12, s.d., iconographie. — L’Humanité, 26 octobre 1964. — Le Monde, 27 octobre 1964. — Témoignages de militants communistes du Rhône. — Arch. Institut du Marxisme-Léninisme de Moscou (microfilms déposés à l’Institut Maurice Thorez, bobines n° 91 et 185).

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