DURAND Gaston, Camille

Par Christian Chevandier

Né le 17 février 1909 à Saint-Estèphe (Roullet-Saint-Estèphe) arrondissement d’Angoulême (Charente), vraisemblablement mort sous la torture le 19, 20 ou 21 août 1944 à Montmorency (Seine-et-Oise ; Val d’Oise) ; charpentier, sapeur-pompier, gardien de la paix ; policier insurgé, membre d’Honneur de la Police, sergent au sein des Forces françaises de l’Intérieur (FFI).

Fils de Théodule Durand, ouvrier agricole puis tisserand, né en Vendée, et de Zélina Bazagier, journalière, née en Charente, il fut apprenti charpentier-menuisier pendant trois ans, de 1924 à 1927, avant d’être charpentier à Alger puis à Paris. Il a fait son service militaire aux sapeurs-pompiers de Paris pendant un an en 1930 puis est resté dans la capitale. Sans travail en 1933, il se fit tâcheron pendant cinq ans avant de se rengager comme sapeur-pompier à Paris. Profitant d’une dépêche ministérielle de 1942 qui permettait pour cela de résilier son contrat, il s’engagea dans la police en 1943. Affecté d’abord au commissariat du XIe arr., il fut ensuite détaché aux travaux à l’École pratique de Beaujon, ce qui lui permettait d’exercer son métier de charpentier. Il s’était marié le 16 mai 1934 à Paris (VIe arr.) avec Thérèse Lallemant, et était père de deux jumeaux âgés de huit ans au moment de sa mort. La famille demeurait 16 bis rue Baudin à Montreuil-sur-Seine (Seine, Seine-Saint-Denis).

C’est affecté au régiment des sapeurs-pompiers de Paris que Gaston Durand a fait la guerre jusqu’à son recrutement par la police en avril 1943, participant notamment aux opérations de secours consécutives aux bombardements. Une fois gardien de la paix, il eut encore l’occasion comme ses collègues d’intervenir en de telles occasions. C’est ainsi que, alors en congé, il participa « en compagnie de plusieurs de ses collègues et au péril de sa vie » au sauvetage de plusieurs personnes en allant chercher des victimes au troisième étage d’un immeuble en cours d’effondrement à Montreuil, où il habitait, lors du bombardement du 18 avril 1944. Membre d’« Honneur de la police », il reçut au premier jour de l’insurrection, le 19 août 1944, l’instruction de se rendre en tenue civile rue Mazarine avec un groupe d’élèves-gardiens pour participer à l’attaque du Sénat. En début d’après-midi, leur armement étant jugé insuffisant mais aussi parce que la préfecture de police était attaquée par les Allemands, ils reçurent l’ordre de la rejoindre. Surpris rue Saint-Dominique par une patrouille allemande, ils furent palpés et il resta seul aux mains des Allemands qui, après l’avoir roué de coups, l’entraînèrent vers les locaux de l’ancienne ambassade de Pologne. Une demi-heure plus tard, ils partirent en camion. Ligoté, il fut placé sur un side-car et emmené à Montmorency où il mourut des suites des tortures qui lui ont été infligées. Son corps ne fut retrouvé que plus tard et il a été impossible de déterminer avec précision la date de sa mort.
Son corps, exhumé par la gendarmerie dans une propriété privée qui avait été occupée par les Allemands, ne put être identifié que parce qu’il portait au doigt une alliance où étaient gravés son prénom et celui de son épouse ainsi que la date du mariage. Sa femme le reconnu et c’est elle qui prévint ses collègues du commissariat. Après une première inhumation au cimetière de Montmorency, il fut enterré à celui Montreuil (Seine ; Seine-Saint-Denis) en février 1945. Plusieurs plaques commémoratives indiquent son nom : à la mairie de Montmorency avec la liste des résistants de la ville, contre le mur de la mairie du XIe arrondissement boulevard Voltaire (« Aux policiers du commissariat du XIe morts pour la France pendant la Libération de Paris. Août 1944. […] Souvenez-vous »), sur la liste des policiers morts pour la Libération de Paris au Musée de la préfecture de police, 4 rue de la Montagne Sainte-Geneviève à Paris (Ve arr.), sur le monument aux morts de la commune de Montreuil et sur celui de la cour de la préfecture de police de Paris. Le ministère des Anciens combattants lui a attribué la mention « Mort pour la France » ; il a été homologué FFI avec le grade de sergent et interné résistant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180735, notice DURAND Gaston, Camille par Christian Chevandier, version mise en ligne le 17 mai 2016, dernière modification le 30 octobre 2018.

Par Christian Chevandier

SOURCES : Arch. PPo., « Victimes du devoir », carton DUF.— SHD Caen AC 21 P 177805. — Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, Éd. Vendémiaire, 2014.— Luc Rudolph, Policiers rebelles. Une Résistance oubliée : la Police parisienne, Éd. SPE Militaria, 2014.— JA 246.— Bureau Résistance : GR 16 P 203679.— État civil en ligne cote Roullet-Saint-Estephe (Saint-Estephe) 1903-1912, vue 127. — Site internet GenWeb.
PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable