VACQUIER Julien [VACQUIER Guillaume, Dominique, Médard, dit]

Par Alain Dalançon

Né le 3 novembre 1900 à Carcassonne (Aude), mort le 24 août 2003 à Paris (VIe arr.) ; professeur, principal de collège puis de lycée, inspecteur général pour l’orientation scolaire ; militant syndicaliste du SNEPS, du SNCM et de la FEN, secrétaire pédagogique fédéral (1953-1957).

Son père, Marin, Marius Vacquier, était employé d’octroi et sa mère, Marie Pons, sans profession. Il avait au moins un frère, Étienne, de dix ans son aîné, instituteur, devenu inspecteur primaire à Carcassonne.

Guillaume Vacquier obtint le certificat d’aptitude de professeur d’école normale et d’école primaire supérieure en sciences en 1920 et enseigna à partir de 1919 dans diverses EPS du midi, tout en obtenant les quatre certificats d’une licence ès sciences à la Faculté de Toulouse entre 1921 et 1923, complétés par deux autres certificats et un diplôme d’études supérieures de mathématiques (astronomie approfondie) obtenus à la Faculté de Montpellier entre 1924 et 1926.

Professeur à l’EPS d’Alais (Alès) (Gard) annexée au lycée J. Dumas, sans doute à partir de 1925-1926, Guillaume Vacquier en était directeur des études (sciences) dans les années 1930. Il avait épousé dans cette ville, le 8 août 1925, Alice, Rose, Julia Raymond, également professeure, qui le suivit dans des établissements des villes de ses différentes affectations.

Il devint à la rentrée 1938 directeur délégué de l’EPS de garçons de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Durant toute cette période de l’entre-deux-guerres, il militait au Syndicat national des EPS, affilié à la Fédération générale de l’enseignement-CGT depuis 1931, qui syndiquait également les directeurs.

Mobilisé en septembre 1939 au groupe aérien d’observation, il fut officiellement démobilisé au mois d’août 1940 et dut, avec quelques professeurs et des grands élèves, s’occuper de remettre en état son établissement sinistré en juin 1940.

En avril 1942, il fut nommé directeur de l’EPS de garçons d’Orléans (Loiret) qui devint collège moderne Benjamin Franklin, auquel fut annexé un centre d’apprentissage en 1946.

À la Libération, il participa à la reconstitution de son syndicat devenu Syndicat national des collèges modernes et siégea à sa commission administrative nationale. Comme l’ancien secrétaire général Gustave Pacquez, lui-même ancien directeur d’EPS devenu principal de collège, il s’y trouvait encore en 1948, après la scission de la CGT et la décision de l’autonomie de la Fédération de l’Éducation nationale et du SNCM. Il en était secrétaire général adjoint, le secrétaire général étant Henry Maunoury, également secrétaire général adjoint de la FEN, et il participait à la commission de la presse de l’Union syndicale du second degré de la FEN. Partisan de l’adhésion à la CGT-FO, il se rallia à l’autonomie, et se présenta comme candidat à la CA fédérale au titre des sections départementales, mais ne fut pas élu.

À la rentrée 1948, Julien Vacquier fut nommé principal du collège Paul Lapie de Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine) où était en poste Henry Maunoury, son camarade et ami.

En 1950, après la création du Syndicat national de l’enseignement secondaire (classique et moderne) par fusion du SNES et du SNCM, qui ne syndiquait plus les personnels de direction, il devint secrétaire général du Syndicat national des principaux et administrateurs de collèges classiques et modernes et fut élu suppléant de Gustave Pacquez au Conseil de l’enseignement du second degré aux élections de 1950. Il siégea également à la commission administrative paritaire des personnels administratifs, comme suppléant, à partir de 1955.

Julien Vacquier fut ensuite nommé pour la rentrée 1951 principal de l’ancienne école de la Ville de Paris Lavoisier, devenue collège moderne puis lycée municipal.

De 1950 à 1955, il siégea seulement comme suppléant à la CA nationale de la FEN, son syndicat comptant trop peu d’adhérents, d’autant qu’il fallait faire place comme titulaire à Adrien Lavergne. En tant que secrétaire général d’un syndicat national, il était inscrit dans les différentes commissions fédérales mais c’est surtout dans la commission pédagogique qu’il intervenait. Il succéda à Jean Mounolou qui en fut le secrétaire en 1953, après le décès de Maunoury au mois de juin, et conserva cette responsabilité jusqu’en 1957.

Son élection à cette fonction au congrès fédéral de 1953, acceptée à la fois par le Syndicat national des instituteurs et le SNES, traduisait la préoccupation de trouver une synthèse sur le projet d’école, allant au-delà d’une référence de principe au Plan Langevin-Wallon, au moment où divers projets de réforme ministériels (Marie puis Berthoin) étaient en discussion. Mais les tensions et désaccords sur le sujet entre le SNI et le SNES étaient tels qu’au congrès de 1954, Julien Vacquier fut dans l’incapacité de présenter une motion pédagogique. La question du latin dès le début de la classe de 6e cristallisait les divergences, d’où la mise sur pied d’une commission d’étude par le bureau fédéral, élargie en commission pédagogique exceptionnelle.

Pour sa part, avec la majorité, il déplorait que les élèves n’ayant pas fait de latin soient handicapés pour la poursuite de leurs études et que l’« enseignement moderne ne soit que le refuge des enfants les moins doués ». Il présenta au congrès fédéral de novembre 1955 une motion condamnant le projet de réforme ministériel Berthoin rejeté par le Conseil supérieur de l’Éducation nationale, qui fit l’unanimité. Il défendit également un projet fédéral de réforme de l’enseignement résultant d’un compromis dans la commission entre positions du SNI et du SNES, mais qui fit encore débat en séance plénière au sujet du stade d’orientation – « stade commun » ou « progressivement différencié » ? – et de leurs maîtres, le SNES récusant l’intervention des instituteurs non-licenciés. Il fallut arrêter la discussion pour que les secrétaires généraux du SNI, Denis Forestier, du SNES, Pierre Dhombres, et du SNET, Georges Lauré, se concertent. Après consultation de leurs mandants, Julien Vacquier fut en mesure de présenter le lendemain une motion de conciliation qui fut votée à l’unanimité moins une voix contre et 11 abstentions : le second stade d’orientation serait « progressivement différencié » et l’enseignement y serait donné « conjointement par des professeurs agrégés, des professeurs certifiés, des chargés d’enseignement et, dans des conditions qui seraient précisées, par des adjoints d’enseignement et par des instituteurs ayant reçu une formation adaptée. »

Julien Vacquier devint membre du bureau fédéral au congrès de 1956, à titre exceptionnel, après avoir présenté la motion pédagogique consacrée à l’organisation du stade d’observation et d’orientation, reprenant selon lui les objectifs de l’expérience de 1938 : c’est-à-dire « moins pourvoir les enfants d’un bagage de connaissances utiles que de favoriser le libre et complet développement de leurs capacités et d’en faire des hommes, en cultivant chez eux tout ce qui fait l’excellence de l’homme : l’intelligence, le cœur, le caractère, le sens moral, le goût du beau... ». Le compromis d’une année de « tronc commun », accepté par le SNES par la voix de Pierre Sénécat, permit l’adoption de la motion à l’unanimité moins 4 abstentions.

En janvier 1957, Julien Vacquier analysa encore le projet de réforme Billères, estimant que ses « grands principes l’apparentaient à nos propres conceptions » et que « nous lui accorderons le bénéfice du préjugé favorable », sous réserve qu’il puisse être amendé. Telle n’était pas la position du SNES qui condamna ce projet prévoyant des « écoles moyennes uniques » avec un tronc commun les deux premières années, alors que le SNI y était plutôt favorable.

Il abandonna alors ses responsabilités de secrétaire pédagogique qui échurent provisoirement à Pierre Mauroy. Dès novembre 1956, il avait commencé en effet à collaborer auprès du Directeur de l’enseignement du second degré, Charles Brunold, chargé d’abord d’organiser la consultation pour recenser les moyens culturels des musées par l’enseignement, puis il devint en novembre 1957, conseiller technique auprès du directeur. En novembre 1958, il fut chargé des fonctions de directeur du Centre pédagogique régional de Paris, et donna aussi des cours de mathématiques au lycée Lakanal en 1959.

Il s’impliqua beaucoup dans la réforme du premier cycle et son cycle d’observation institué par le décret Berthoin en 1959, et dans la séparation de l’orientation de l’enseignement technique, qui prit effet avec la réforme de l’organisation du ministère en juin 1960. Toujours administrativement proviseur du lycée municipal Lavoisier, il fut nommé chargé de mission d’inspection générale pour l’orientation le 1er janvier 1961, auprès du directeur général de l’organisation et des programmes scolaires, Jean Capelle, le véritable concepteur de la réforme Fouchet du collège d’enseignement secondaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180736, notice VACQUIER Julien [VACQUIER Guillaume, Dominique, Médard, dit] par Alain Dalançon, version mise en ligne le 15 mai 2016, dernière modification le 3 novembre 2022.

Par Alain Dalançon

ŒUVRE : Avec Guillemoteau René, Le premier cycle des enseignements du second degré. Textes officiels définissant sa mission, sa structure et son fonctionnement, Colin coll. Bourrelier, 1961puis 1967. — Sous la direction de Marcel Rouchette et Julien Vacquier, L’Enseignement dans le cycle d’observation, 1964.

SOURCES : Arch. Nat., F17/ 17778, AJ / 16/ 6179/18. — Arch. Départ. Aude, 1T/220. — Arch. IRHSES (bulletins du SNEPS, annuaires de l’Instruction publique, L’Enseignement public). — Guy Brucy, Histoire de la FEN, Belin, 2003, p. 270. — André Caroff, L’organisation de l’orientation des jeunes en France. Evolution des origines à nos jours, éditions EAP, 1987, mise à jour sur le site GREO en 2013. — État civil Carcassonne et Alès. — Notes de Jacques Girault.

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