Par Yves Chevrier
Né en mars 1895 dans le xian de Xiangxiang (Hunan), exécuté le 4 août 1931 par le Guomindang ; l’un des fondateurs (en France) du P.C.C. dont il est l’un des plus importants dirigeants dans les années 1920. Il est alors rédacteur en chef de l’hebdomadaire du Parti, Xiangdao zhoubao (Le Guide).
Cai Hesen est l’une des figures les plus importantes de la première époque du communisme chinois. S’il semble plus effacé que les Zhang Guotao (張囯燾), les Li Lisan (李立三) ou les Qu Qiubai (瞿秋白), ses pairs, c’est qu’il s’est moins appliqué à organiser ou à diriger le mouvement ouvrier naissant qu’à lui forger une idéologie orthodoxe. Son rôle d’inspirateur, qui le rattache aux grands aînés, tels Li Dazhao (李大釗) et Chen Duxiu (陳獨秀), lui valut d’exercer une influence profonde et parfois décisive sur les communistes de sa génération. Précoce entre tous les marxistes, il fit beaucoup pour radicaliser le mouvement étudiant du Hunan et singulièrement Mao Tse-tung (毛澤東), qui fut son condisciple et son ami à Changsha. En France, il fut l’artisan du ralliement des Hunanais au groupe qui allait donner naissance à la section française du P.C.C. Théoricien rigoureux et polémiste vigoureux, il s’affirma ensuite contre les adversaires de la « ligne », dictée par Moscou, des tenants du « marxisme légal » (voir Li Hanjun (李漢俊)) aux exécutants d’une collaboration trop appuyée avec le G.M.D., tel Chen Duxiu en 1927. Avec Zhang Guotao, il fut l’adversaire le plus constant du « putschisme » (la résurrection artificielle et immédiate de la révolution) de Qu Qiubai et Li Lisan après 1927. Quelles qu’aient pu être les variations de la « ligne », les convictions personnelles de Cai Hesen n’ont jamais longtemps différé de la stratégie moscovite : ce parallélisme remarquable (car, exempt de tout opportunisme, il était sincère) fit de lui le gardien privilégié de la pureté doctrinale en même temps que l’un des meilleurs avocats chinois du Komintern, mais aussi l’un des meilleurs exemples chinois de révolution « stalinienne » des intellectuels communistes au seuil des années 1930.
Cai Hesen appartenait à une famille appauvrie de la gentry du Hunan, alliée du côté maternel au vainqueur des Taiping, l’illustre Zeng Guofan. Sa mère, femme courageuse qui avait élevé dix orphelins dont il était l’aîné, devint institutrice sur le tard. Malgré cette pauvreté, Cai reçut une bonne éducation classique et s’inscrivit, en 1913, à la Première École normale du Hunan. Quelques mois plus tard, l’établissement fusionna avec la Quatrième École normale où Mao Tse-tung était entré la même année. Devenus condisciples, Cai et Mao se lièrent d’une grande amitié soudée par leur évidente supériorité intellectuelle. Avec un autre comparse, ils empruntèrent aux Trois Royaumes le nom du premier groupe auquel ils aient sans doute appartenu : Sange Haojie, les Trois héros... Cai Hesen conduisait l’avant-garde idéologique. Lecteur avide et exigeant, il devança son ami dans l’adoption du marxisme, dont il fut l’un des premiers adeptes chinois en dehors du groupe pékinois de Li Dazhao. Au sein de la « Société d’étude des hommes nouveaux » (Xinmin xuehui) qu’ils fondèrent à la veille du 4 mai 1919, c’était souvent Cai qui lançait les idées les plus hardies ou les plus mûres, même si Mao imposait déjà son autorité. En 1919, la société, fidèle à l’une des initiatives les plus originales du 4 mai, s’occupa de recruter un petit nombre de Hunanais curieux du monde et avides de progrès pour le programme « mi-étude, mi-travail » en France (voir Li Shizeng (李石曾)). La sœur cadette de Cai Hesen, Cai Chang (蔡暢), future révolutionnaire et future cadre de la R.P.C., et Xiang Jingyu (向警予), qu’il épousera en France en 1921, étaient chargées du recrutement féminin. Le petit groupe partit en novembre 1919, laissant Mào Tse-tung en Chine. Les Hunanais, parmi lesquels se trouvaient beaucoup des futurs dirigeants du mouvement et/ou du régime communistes, tels Li Lisan, Li Weihan (李維漢) et Li Fuchun (李富春), résidaient pour la plupart au collège de Montargis. Sous l’influence de Cai, nombre d’entre eux adhérèrent au marxisme. La section française de la Xinmin xuehui donna naissance à un premier noyau communiste, organisé par Cai et Zhao Shiyan (趙世炎), Sichuanais « adopté » par les Hunanais (février 1921). Après la fondation officielle du P.C.C. à Shanghai en juillet 1921, les divers groupes provinciaux fusionnèrent à l’été 1922 pour former la branche française du Parti (voir Chen Yannian (陳延年)). Cai Hesen, le plus brillant d’un « trio de brillants propagandistes » (avec Zhao Shiyan et Chen Yannian), soutenu semble-t-il par des militants du P.C.F.et surtout par des représentants de l’I.C., avait participé dès février 1921, aux côtés de Zhou Enlai (周恩來) et de Li Lisan, à la fondation d’une section française des Jeunesses socialistes. Débordant d’une activité de plus en plus voyante, il finit par se faire expulser à l’automne 1921 après la fameuse manifestation de Lyon (voir Li Shizeng (李石曾)).
De retour à Shanghai, il fut élu au C.C. en même temps que sa femme alors que l’intervention de Maring, jetant le trouble dans ce tranquille cénacle, ouvrait la crise du Front uni. Refusant de pactiser avec le diable nationaliste, il ne s’inclina que devant l’argument d’autorité brandi par Maring au cours du plénum de Hangzhou (août 1922). La correspondance qu’il échange avec Mao en 1920 montre en effet qu’à ses yeux le modèle de la révolution chinoise ne pouvait être que le communisme de guerre russe dans le cadre de l’internationalisme prolétarien. Sans doute des textes à peine plus tardifs (1921) indiquent-ils que faisant une force de sa misère et de son retard, la Chine, nation où les « pauvres » font office de prolétariat, pourra brûler les étapes de la révolution en s’aidant au besoin du nationalisme bourgeois, dont il célébré par ailleurs — et un peu plus tard (1922) — les premières victoires avec Ataturk. Mais si Cai Hesen marie ainsi (sans bien le connaître) le volontarisme léninien version 1919-1920 au volontarisme et à la bigarrure théorique des intellectuels du 4 mai, il est quand même l’un des éléments les moins laxistes d’un jeune marxisme dévoré de nationalisme et d’éclectisme. Aussi prêta-t-il son concours aux dirigeants du mouvement ouvrier (Li Lisan et Zhang Guotao) qui animèrent la dernière résistance à Maring lors du IIIe congrès du P.C.C. (juin 1923).
Par la suite, le soutien qu’il apporte au Front (comme celui de Chen Duxiu) n’ira pas sans vacillements. S’il semble étranger à la revue (Qianfeng, L’Avant-garde) où la « coterie » de Maring (Maring lui-même, Zhang Tailei (張太雷), Qu Quibai) et Chen Duxiu tirent les conséquences théoriques du Front en installant vraiment le communisme chinois dans l’orthodoxie, Xiang Jingyu y collabore (en tant que spécialiste des mouvements féminins) et lui-même dispose, avec la rédaction en chef de Xiangdao zhoubao (Le Guide, hebdomadaire du P.C.C.), la direction du Département de la propagande du C.C. ainsi qu’un siège au comité permanent dudit C.C., d’une tribune d’égale importance et de plus longue durée. Il devait y déployer jusqu’en 1926 une inlassable activité de propagandiste au service d’une conception loyale mais activiste du Front uni. Conscient des faiblesses et des limites de l’alliance, il chercha surtout à rapprocher le P.C.C. de la gauche nationaliste (voir Wang Jingwei (汪精衛)) tout en s’opposant à ceux qui, tel Peng Shuzhi (彭述之), souhaitaient renforcer la centralisation et l’autonomie du Parti. Professeur à Shangda (l’Université de Shanghai : voir Qu Qiubai (瞿秋白)), il fut l’un des artisans de la manifestation qui déclencha le mouvement du 30 mai (voir Liu Hua (劉華)). Parti pour Moscou au cours de l’hiver 1925-1926, il prit part aux travaux du 6e plénum du C.E.I.C. (février-mars 1926) qui, selon le vœu de Boukharine, sanctionna le rôle moteur des masses révolutionnaires (prolétariat et paysannerie) dans le processus révolutionnaire chinois. Aux dires de Zhang Guotao, ce long séjour moscovite clôt un intermède « sentimental » entre Peng Shuzhi et Xiang Jingyu (voir Peng Shuzhi).
Il rentra en Chine au printemps 1927, alors que le Front uni, pulvérisé le 12 avril à Shanghai par Chiang Kai-shek, menaçait d’éclater à Wuhan sous la double pression de la révolution paysanne et de la contre-révolution militaire. Au cours des débats du Ve congrès du P.C.C. (avril-mai), Cai Hesen fut l’un des seuls dirigeants à soutenir que l’approfondissement social de la révolution dans ses bases géographiques (Hubei-Hunan) devait l’emporter sur son extension militaire : en d’autres termes, il importait moins de ménager les politiciens du G.M.D. de gauche et, à travers ceux- ci, les généraux, que de se ranger résolument aux côtés des paysans. Tout comme Qu Qiubai, Mao Tse-tung et Roy, il condamnait les compromis auxquels aboutissait la politique d’apaisement pratiquée par Borodine sans aller jusqu’à dénoncer la cause qui rendait inévitables de tels compromis : l’exigence de collaboration avec le G.M.D. de gauche, maintenue envers et contre tout par Moscou. Aussi bien opposait-il une conception très boukharinienne du Front uni — la dynamique des masses et des classes devant transformer le G.M.D. de l’intérieur et le rendre « transparent » à la révolution — au pragmatisme d’un Borodine ou à la résignation d’un Chen Duxiu. En ce sens, il était, avec Roy et Qu, le prin¬cipal avocat d’une alliance régénérée à la base (from below), alors que le Front uni ne fonctionnait plus qu’au sommet (from above). Parmi les cinq ou six hommes auxquels se limitait la direction effective du P.C.C. — trois « responsables », Borodine, Chen Duxiu et Peng Shuzhi, trois « opposants », lui-même, Qu Qiubai et Zhang Guotao — Cai Hesen tenait le langage de la pureté doctrinale (qui était aussi celui de Moscou), tandis que Qu (sur les mêmes bases et Zhang, partisan plus ouvert du retrait) conduisaient l’opposition politique en lorgnant la succession de Chen Duxiu et en polémiquant avec Peng Shuzhi. En juin, il proposa le déclenchement d’une insurrection paysanne dans les deux Hu et la mobilisation d’une armée forte de 20 000 paysans afin de rétablir l’influence du P.C.C. Abandon des villes et création d’un « bras » militaire propre au P.C.C. : ce plan, fidèle aux proclamations du 8e plénum du C.E.I.C. (mai 1927) reprises dans le fameux télégramme de Staline (1er juin : voir Roy), anticipait la rupture du Front uni et la stratégie d’« insurrection armée » qui allait s’imposer au cours de l’été. Après le naufrage du Front — et du P.C.C. — Lominadzé « somma » Cai Hesen et Qu Qiubai (les autres « opposants » étant occupés par l’insurrection de Nanchang : voir Ye Ting (葉挺) et He Long (賀龍)) de convoquer la conférence extraordinaire du 7 août, qui démit Chen Duxiu. Malgré l’adoption d’une stratégie insurrectionnelle et d’une politique militaire indépendante, Cai Hesen ne tarda pas à s’opposer à Qu Qiubai, non sans avoir lui-même succombé à la tentation « putschiste ». Nommé secrétaire de l’éphémère comité régional de Chine du Nord (les comités régionaux établis en août 1927 seront abolis dès novembre, celui du Nord comptant parmi ses membres notables, outre Cai, Peng Shuzhi), il tenta d’organiser une insurrection dans la région de Pékin et Tientsin en octobre 1927. Le projet n’aboutit pas mais entraîna l’exécution d’une soixantaine de militants à la fin de l’année 1927. Cet échec ne devait pas encourager Cai à se départir de son rôle d’idéologue, dans lequel nous le retrouvons en 1928. Rôle plus confortable puisqu’af- franchi des servitudes de l’action, Cai pouvait à nouveau exposer le point de vue des stratèges de Moscou, alors que les exécutants, qu’ils fussent habiles comme Borodine, ou semi-habiles comme Qu Qiubai et Li Lisan, devaient choisir parmi les aspects souvent contradictoires d’une « ligne » qu’ils étaient par là-même condamnés à déséquilibrer et donc à « trahir ».
Cai Hesen fit partie de l’équipe dirigeante envoyée en Chine au terme des grands débats de l’été 1928 (le VIe congrès du P.C.C. s’étant tenu sous l’œil jaloux de Moscou peu avant celui du Komintern). Bien que Qu Qiubai fût retenu à Moscou, la stratégie à laquelle Cai venait de s’opposer n’allait pas tarder à renaître, amplifiée et systématisée par un adversaire plus formidable encore : Li Lisan. Le nouveau B.P. reflétait l’équilibre instable auquel était parvenu le duumvirat Staline-Boukharine après l’élimination des trotskystes. On peut sans risques rattacher Cai Hesen au clan des « boukhariniens » avec Zhang Guotao et Xiang Ying (項英) : tout comme Zhang Guotao, il venait de dénoncer Qu Qiubai en des termes qui pouvaient inquiéter Staline, principal responsable de la frénésie d’insur¬rections urbaines (à Canton et ailleurs) reprochée à Qu (les hommes de Staline, Li Lisan et Zhou Enlai (周恩來), s’étaient abstenus de motiver aussi clairement leur censure). De retour à Shanghai, Cai Hesen ne fut pas de taille à leur résister, d’autant que Staline l’avait privé d’un allié indispen¬sable en retenant Zhang Guotao à Moscou. Il fut rapidement privé de tout pouvoir au sein du B:P. et n’eut d’autre recours que l’opposition. L’occasion du conflit fut l’autoritarisme centralisateur de Li Lisan qui, sous couleur de « bolchévisation », s’en prenait à l’autonomie traditionnelle des organismes régionaux du Parti. Responsable en Chine du Nord (à la suite de Li Dazhao), Cai résista à ces empiétements comme il s’était opposé jadis à ceux de Peng Shuzhi.
L’opposition de Cai Hesen à Li Lisan visait à défendre les « libertés » d’un parti traditionnellement décentralisé contre l’emprise nouvelle du Centre. En cela, elle annonce celle des dirigeants du mouvement ouvrier à Shanghai même (voir He Mengxiong (何夢雄) et Luo Zhanglong (羅章龍)) ou celle des chefs de la guérilla (voir Mao Tse-tung). Mais, plus précoce, elle n’eut pas à s’en prendre à la « ligne Li Lisan », encore dans les limbes et, plus isolée, elle se développa sur le terrain privilégié de Cai Hesen : l’idéologie. Li Lisan n’avait pas pris garde que sa politique agraire, fondée sur la reconduction tacite du « front uni des campagnes » (qui englobait les paysans riches), survivait comme un anachronisme stratégique à l’effondrement politique du Front uni. Staline et Boukharine ayant rompu leur propre « front uni », Cai put esquisser un amalgame dangereux entre ses adversaires et la « droite boukhariniste ». Il prit le chemin de Moscou (au printemps 1929), où il n’est pas douteux qu’il sut faire prévaloir son point de vue contre celui de Qu Qiubai, partisan « attardé » de la modération agraire : dans une lettre du 7 juin, le C.E.I.C. ordonna au P.C.C. de renoncer à toute espèce de compromis avec les koulaks. Mais, comme l’a montré R. Thornton, il fallut attendre la fin de l’été pour que Li Lisan prenne conscience de la menace et dénonce officiellement la « ligne du paysan riche ».
C’est alors que Cai remania l’Histoire de l’opportunisme dans le P.C.C., qu’il avait écrite en 1927 contre Chen Duxiu, afin d’en faire un réquisitoire voilé contre Li Lisan et le magnum opus de la justification kominternienne. Puisque Boukharine était maintenant vilipendé, il était aisé de reconnaître l’évidence : l’Internationale communiste elle-même était responsable de la défaite de la révolution chinoise en 1927. Les boukharinistes lui avaient imposé leur politique « opportuniste », contraire à la « bonne » stratégie de Staline, si bien que les « opportunistes droitiers » chinois (Chen Duxiu et consorts) n’avaient eu qu’à suivre l’exemple d’en haut... Il suffisait à Cai Hesen de supprimer son propre boukharinisme pour réussir ce malheureux chef-d’œuvre d’amalgame stalinien. Il est ainsi l’auteur de la reconstruction^ plus totalisante qu’on ait tentée dans le camp « orthodoxe » (c’est-à-dire non trotskyste). L’égarement d’un homme qui avait donné tant de preuves de sa lucidité nous rappelle que la stalinisation du P.C.C. sous Li Lisan n’épargnait ni les adversaires de Li ni, parmi ceux-ci, les meilleurs des intellectuels marxistes. Demeuré à Moscou, Cai Hesen soutint Zhang Guotao contre les lilisaniens, nombreux jusqu’aux défaites de l’été 1930. A l’automne, les dirigeants ouvriers demandèrent son rappel, car Qu Qiubai et Zhou Enlai, chargés de censurer Li Lisan, s’employaient davantage à évincer He Mengxiong et Luo Zhanglong de la succession. Celle-ci échut en fin de compte aux « Vingt-huit Bolchéviks » par la grâce de Pavel Mif. Cai Hesen fut écarté de la nouvelle direction, sans doute pour s’être trop violemment opposé à Qu Qiubai au cours de l’hiver. Nommé à la tête de l’organisation du P.C.C. dans le Guangdong en juillet 1931, il fut arrêté par la police de Hong Kong en septembre, livré au G.M.D. et fusillé à l’automne. Cette disparition précoce fit de lui l’un des martyrs privilégiés de l’historiographie maoïste. Disparu au moment où le Komintern renforce son autorité sur le Centre shanghaïen du Parti et avant que n’éclate au grand jour la rivalité entre la ligne maoïste et les « hommes de Moscou » (voir Wang Ming (王明)), Cai, qui avait combattu au nom de Moscou les mêmes adversaires que ceux de la « ligne juste ». (celle que Mao reconstruit a posteriori)], a pu passer pour le vivant symbole d’une harmonie préétablie entre la « vérité » chinoise et la légitimité marxiste incarnée par l’internationale, puisque aussi bien la geste de son ex-condisciple à Changsha s’est constamment maquillée d’orthodoxie.
Par Yves Chevrier
ŒUVRE : Cai Hesen a laissé de nombreux articles, dans Xiangdao surtout, dont il serait fastidieux de dresser la liste. Voir notamment un rapport sur le mouvement paysan (« Jinnian wuyizhi Guangdong nongmin yundong » (Le mouvement paysan dans le Guangdong au 1er mai de cette année), Xiangdao zhoubao, no. 112, mai 1925) qui montre que Cai, et à travers lui l’orthodoxie du communisme chinois des années 1920, n’ont pas entièrement négligé cet aspect des choses. — L’article sur le nationalisme turc (Xiangdao zhoubao, no. 3, 27 septembre 1922) est traduit in Schram et d’Encausse, op. cit., p. 299-301. — La correspondance des années 1920-1921 est plus révélatrice de l’apprentissage marxiste. Les échanges avec Mao Tse-tung sont analysés in Scalapino, art. cit. La célèbre lettre à Chen Duxiu « Makesi xueshuo yu Zhongguo wuchanjieji » (La doctrine marxiste et le prolétariat chinois, datée de Montargis, 11 février 1921) dans laquelle Cai proclame que la Chine est une « nation prolétaire » figure en appendice des Duxiu Wencun (Œuvres de Chen Duxiu), Shanghai, 1922, t. IV. p. 289-299. Schram et d’Encausse en donnent une traduction partielle (Op. cit.), p. 293-296). — L’œuvre majeure de Cai Hesen est L’Histoire de l’opportunisme dans le P.C.C.. Une première version, à chaud, date de septembre 1927 : « Jihuizhuyi shi » (Histoire de l’opportunisme), publiée en 1928 in Li Minhun, éd., Qise dang’an (Archives rouges), op. cit. La version définitive (et antiboukharinienne) est parue en russe dans Problemy Kitaia, no. 1, Moscou, 1929 (« Istoriia opportunizma v K.P.K. »). C’est l’une des sources essentielles pour la période finale du premier Front uni (1927) en même temps qu’un document clé pour la première phase de l’opposition à Li Lisan dans le P.C.C.
SOURCES : Outre KC, voir : Brandt (1965). — Cadart/Cheng (1983). — Chang Kuo-t’ao (Zhang Guotao), I (1971). — Chevrier in Extrême-Orient, Extrême-Occident, n° 2, 1983. — Glunin in Ulyanovsky (1979). — Harrison (1972). — Hofheinz (1977). — Hsiao Tso-liang (1961) et (1970). — Li Minhun (1928). — Li Weihan in Social Sciences in China, n° 3, 1983. — North et Eudin (1963). — Scalapino in Journal of Asian Studies, XXII-1, novembre 1982. — Schram et d’Encausse (1965). — Schram (1966). — Siao Yii (1959). — Thornton (1969). — Wang Jianmin (1961-1966), vol. I. — Voir également la courte biographie rédigée par l’adversaire de 1929-1930, Li Lisan : « Jinnian Cai Hesen tongzhi » (En souvenir du camarade Cai Hesen), Hongqipiaopiao, 1957, vol. I, p. 46-50.