TRINCARD Jean, Marcel

Par Nicolas Simonpoli

Né le 25 août 1927 à Choisy-le-Roi (Seine, Val-de-Marne), mort le 17 mars 2013 à Paris (XXe arr.) ; boulanger, plombier puis chauffeur de taxi ; syndicaliste CGT, secrétaire général du syndicat des chauffeurs de taxi parisiens (1962-1969), secrétaire de la Fédération CGT des Transports (1973-1983) ; militant communiste.

Jean Trincard était le fils de Roger Trincard, boulanger, et de Lucie Robert, sans profession, qui possédaient, depuis 1936, une boulangerie rue Paul Signac à Montreuil (Seine, Seine-Saint-Denis). Lorsque débuta l’occupation allemande à Paris, Jean Trincard et sa sœur ainée Suzanne furent envoyés vers la zone libre. Le 26 juin 1940, alors qu’ils se trouvaient à Beaugency dans le Loiret, Suzanne perdit la vie à la suite d’un bombardement. Jean Trincard, alors âgé de treize ans, fut secouru par des militaires et rendu à ses parents. Revenu à Montreuil et profondément marqué par ce drame, il intégra les réseaux de la Résistance et participa à la Libération de la ville à l’été 1944. Ces expériences le conduisirent à adhérer au PCF et à la CGT en 1947.
Titulaire du Certificat d’études primaires (1941), Jean Trincard exerça le métier de boulanger avec son père jusqu’en 1951. Le 5 juin 1948, il se maria avec Gilberte Duterne, secrétaire administrative et fille d’un concierge de la rue de Paris à Montreuil. Bien que n’ayant jamais adhéré au PCF, elle devint plus tard la secrétaire du député communiste Maurice Kriegel-Valrimont avant d’être embauchée au sein de l’établissement Moulinex de Bagnolet. De son côté, Jean Trincard s’engagea en qualité de plombier dans une entreprise de la ville, entre 1951 et 1954. Il abandonna ensuite ce métier pour celui de chauffeur de taxi, d’abord salarié au sein de la Cotax, grande société parisienne où il exerça ses premières responsabilités syndicales (responsable de la diffusion de la Vie ouvrière et de la formation syndicale élémentaire), puis, à partir de 1956, en tant que chauffeur indépendant. À cette époque, il était encore fréquent d’acquérir une licence de taxi gratuitement auprès de la Mairie de Paris. Entre 1956 et 1962, Jean Trincard fut secrétaire de sa section syndicale et membre du bureau du Syndicat des taxis parisiens. En 1962, élu secrétaire du Syndicat national des cochets-chauffeurs et taxis parisiens, il devint permanent. Toutefois, en 1969, en raison de problèmes de santé, il demanda à être détaché au service des expertises de la Fraternelle assurance (mutuelle des chauffeurs de taxi). Il n’y travailla que trois ans. En effet, du fait de problèmes relationnels entre les membres de la structure et de divergences d’orientation sur le rôle de la mutuelle, il quitta ses fonctions dès 1972. Il intégra l’année suivante le secrétariat de la Fédération CGT des Transports. Il resta secrétaire jusqu’en 1983 ayant la charge de la branche taxi, de la propagande, de la politique financière et comme représentant de la CGT et de la CGIL au Conseil économique et social de la CEE. Il quitta ses responsabilités lors du XLIIe congrès fédéral, en 1983, en même temps que le secrétaire général Jean Brun (1962-1983). Les deux hommes étaient très proches. Passionnés de pêche et de vélo, ils passaient fréquemment leurs vacances ensemble dans la maison de Jean Trincard dans le Val d’Aoste.
En 1985, Jean Trincard intégra la Licence-maitrise en Sciences sociales appliquées au travail de l’Université Paris 1. Il s’agissait d’une forme de « revanche » pour celui qui n’avait pu fréquenter l’école très longtemps et qui en conservait un souvenir amer. Très apprécié des universitaires, Jean Trincard termina son cursus en 1987 en soutenant un mémoire sur la profession de taxi. Jeune retraité, habitant à proximité du siège de la Confédération CGT nouvellement installée à Montreuil (1982), il fut sollicité par André Allamy pour intégrer le secteur confédéral « promotion des cadres syndicaux » au sein duquel il se chargea des reconversions des permanents syndicaux, en collaboration avec Guy Moineau. Cela lui permit de retrouver ses anciens professeurs de la Sorbonne puisqu’il siégea au conseil d’administration de l’UER 12 (Travail et études sociales, AES et droit social) jusqu’en 1994. Il mit un terme à ses activités confédérales en 2003 et s’investit dans l’Institut d’histoire sociale CGT des Transports. Jean et Gilberte Trincard eurent une fille, Blandine, médecin et militante communiste à Montreuil.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180840, notice TRINCARD Jean, Marcel par Nicolas Simonpoli, version mise en ligne le 18 mai 2016, dernière modification le 16 mai 2022.

Par Nicolas Simonpoli

SOURCES : Arch. de l’IHS-CGT, secteur organisation (398 CFD 103) et secteur promotion des cadres syndicaux (399 CFD 33 et 41). ─ Entretien avec Blandine Trincard, avril 2016. ─ Entretien avec Roger Lapierre, mai 2016. ─ Entretien avec Catherine Mills, janvier 2014. ─ État civil.

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