ZIEDER Jacques, Nicolas [Jakob, Nikolaus].

Par Pierre Schill

Né le 20 septembre 1899 à Carlsbrunn (Sarre, Allemagne), mort le 24 juillet 1965 à Freyming (Moselle) ; mineur aux houillères de Sarre et Moselle à Merlebach (Moselle) puis aux Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) ; membre du syndicat unitaire des mineurs puis de la CGT réunifiée en Moselle ; responsable à l’Agitation-propagande et trésorier de la cellule communiste de Merlebach.

Jacques Zieder
Jacques Zieder
Portrait sur sa fiche professionnelle aux houillères (lendemain de la Première Guerre mondiale) : Arch. des HBL (cliché Pierre Schill).

Jacques Zieder commença à travailler aux houillères de Lorraine annexée en octobre 1914. Mobilisé dans l’armée allemande à la fin du mois de juillet 1917, il fut gravement blessé au combat et déclaré invalide de guerre. Il en conserva une longue cicatrice dans la partie gauche de son visage.
Ayant retrouvé son emploi aux houillères de Sarre et Moselle à la fin de la guerre, il milita au syndicat CGT des mineurs et au Parti communiste où il prit des responsabilités et qu’il représenta aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929 à Merlebach (Moselle) en figurant sur la liste du Bloc ouvrier et paysan. Il était en 1932 responsable à l’Agitation-Propagande de la cellule communiste de la cité minière dont Nicolas Geiskopp* était le secrétaire politique.

Son licenciement en mars 1934 s’explique probablement par son activité syndicale et politique : il fut en effet renvoyé par les houillères, comme d’autres syndicalistes, pour avoir chômé le 12 février 1934 et suivi le mot d’ordre national de la CGT en réponse à l’émeute parisienne du 6 février. Il quitta la Moselle et travailla pendant trois ans trois ans dans une brasserie de la capitale. Il abandonna cet emploi en août 1937 après avoir trouvé un emploi de mineur sur le chantier de construction du métro à Ivry-sur-Seine (Seine, aujourd’hui Val de Marne). Il résidait alors rue de Palmyre à Paris.
De retour de région parisienne, Jacques Zieder souhaita retrouver un emploi aux houillères de Sarre et Moselle et sollicita l’intervention du maire de la commune de Merlebach dans laquelle il résidait à nouveau. Celui-ci écrivit donc au commissaire d’Ivry-sur-Seine pour savoir comment il s’était comporté dans son « travail, sa manière de vivre et son activité politique ». Le commissariat diligenta alors une enquête auprès de l’entreprise pour laquelle il avait travaillé. Son gérant indiqua aux autorités policières qu’il avait donné entière satisfaction à l’entreprise en ne « manifestant aucune activité politique ». Cette appréciation positive ouvrait la voie à sa réembauche et ce malgré l’avis négatif des porions de la houillère qui le connaissait. S’appuyant sur l’avis des policiers de Merlebach et de Freyming (Moselle), ces derniers pensaient qu’il s’était seulement « assagi », le temps de se faire reprendre par la houillère. Les porions déclaraient le voir régulièrement à Merlebach poursuivre ses activités syndicales avec ses camarades de la CGT Lucien Meyer* et Eugène Kloster*. Ils proposèrent donc de le faire embaucher par une entreprise « extérieure » travaillant pour la mine. Pierre Muller*, responsable de la CGT et du PC dans le bassin minier, était également intervenu en sa faveur. Il fut finalement réembauché mais en tant que simple manœuvre.

En septembre 1939, il fut évacué à Avion dans le Pas-de-Calais où il travailla probablement pour la Compagnie des mines de Liévin. Il regagna la Moselle vers la fin de l’année 1940, alors que le département était annexé au IIIè Reich.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut impliqué dans les activités clandestines du groupe de résistance « Mario » le plus important du département de Moselle annexée. Ce groupe affilié au mouvement de résistance communiste Front national, avait été mis sur pied, au cours de l’été 1941, par l’instituteur messin Jean Burger* dont le pseudonyme de résistant était « Mario ». Jacques Zieder cacha notamment à son domicile de la cité Sainte-Barbe des réfractaires à l’enrôlement de force dans la Wehrmacht.

Ayant repris ses activités syndicales et politiques à la Libération, il se présenta aux élections municipales des 19 et 26 octobre 1947 à Freyming (Moselle) sur la Liste d’Union Républicaine et de la Résistance dominée par le Parti communiste. Il obtint 343 voix 1 185 suffrages exprimés et ne fut pas élu.
Jacques Zieder anima la grève de l’automne 1948 en tant que responsable syndical de son puits. En juin 1954, il était encore responsable du secteur presse de la section communiste de Merlebach. Il participa à la conférence fédérale du PC mosellan en mai 1957 à Hayange (Moselle) en tant que représentant de la section communiste de Merlebach-Freyming dont il était alors le trésorier.

Lors de son enterrement en 1965, Marcel Servin*, exclu du secrétariat du Bureau politique en février 1961 puis du Comité central en mai 1961 et devenu responsable de la fédération communiste de Moselle, prononça l’oraison funèbre. De nombreux responsables départementaux de la CGT et de la fédération communiste de Moselle assistaient à l’enterrement avec parmi eux Charles Friedrich*.
Jacques Zieder s’était marié en 1939 avec Marie Dupré et avait reconnu l’enfant de son épouse. Son fils adoptif, Marcel Zieder*, commença à militer sous son égide et poursuivit son combat politique et syndical au PC et à la CGT.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180931, notice ZIEDER Jacques, Nicolas [Jakob, Nikolaus]. par Pierre Schill, version mise en ligne le 21 mai 2016, dernière modification le 21 mai 2016.

Par Pierre Schill

Jacques Zieder
Jacques Zieder
Portrait sur sa fiche professionnelle aux houillères (lendemain de la Première Guerre mondiale) : Arch. des HBL (cliché Pierre Schill).
Photographie d’identité (début des années trente) : collection personnelle de Marcel Zieder (transmis par Pierre Schill).
Marcel Servin* prononçant l’oraison funèbre au moment de son enterrement (juillet 1965) : collection personnelle de Marcel Zieder (transmis par Pierre Schill).

SOURCES : Arch. Nat. : F7/13129. - Arch. Dép. Moselle : 303 M 134 ; 151 W 822, 823 et 825 ; 1330 W 266. - Arch. Mun. de Freyming-Merlebach (Moselle) : 1 K 7. – Arch. des Houillères du Bassin de Lorraine : dossier personnel. - Renseignements fournis par Marcel Zieder*, son fils (questionnaire, 2003). - Philippe Robrieux, Histoire intérieure du parti communiste, tome 4, Biographies, Chronologies, Bibliographie, Paris, Fayard, 1984. – Pierre Schill, « Le lien défait : les renvois d’ouvriers dans les mines de charbon de Moselle après la grève du printemps 1923 », Revue internationale des relations de travail, vol. 1, n° 4, décembre 2003, p. 32-49 : http://www.uqtr.ca/revue_travail/Articles/2003Vol1Num4pp32-49Schill.pdf — Complète et corrige (le nom est ZIEDER et non ZIEDLER) une biographie existante dans le Maitron papier (absent du Maitron en ligne)

ICONOGRAPHIE : Portrait sur sa fiche professionnelle aux houillères (lendemain de la Première Guerre mondiale) : Arch. des HBL (cliché Pierre Schill). - Photographie d’identité (début des années trente) : collection personnelle de Marcel Zieder (transmis par Pierre Schill). – Marcel Servin* prononçant l’oraison funèbre au moment de son enterrement (juillet 1965) : collection personnelle de Marcel Zieder (transmis par Pierre Schill).

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