THIRION Nicolas

Par Pierre Schill

Né le 10 août 1904 à Farschviller (Lorraine annexée), mort le 11 juillet 1976 à Farschviller (Moselle) ; mineur aux Houillères de Petite-Rosselle (Moselle) puis aux Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) ; délégué mineur ; membre du bureau du syndicat CGT des mineurs de Moselle-centre et de la direction de la Fédération régionale des mineurs de charbon CGT de Lorraine ; responsable de la section communiste de Farschviller (Moselle) ; maire de Farschviller.

Nicolas Thirion
Nicolas Thirion
Portrait (1972) : collection personnelle de Marcel Thirion (transmis par Pierre Schill). -

Nicolas Thirion était le quatrième enfant d’une famille de six dont le père était agriculteur à Farschviller (Moselle) où lui-même vécut toute sa vie.
Il entra aux Houillères de Petite-Rosselle (Moselle) en septembre 1920 et y travailla jusqu’à l’évacuation de la Moselle en septembre 1939, excepté la courte période entre octobre 1926 et avril 1927 où il fut occupé au puits V des houillères de Sarre et Moselle à Merlebach (Moselle).

Militant du syndicat des mineurs CGT, il présidait la section locale de son village et militait en parallèle au PC dont il était également l’un des responsables de la section locale.
Nicolas Thirion fut un militant particulièrement actif dans les années trente, notamment pendant le Front populaire lorsqu’il organisa le mouvement à Petite-Rosselle : dès la fin du mois de juin 1936, son nom figurait sur les listes envoyées par la direction de la houillère propriété de la famille de Wendel au sous-préfet de Forbach et recensant trente-huit « meneurs ». Il avait notamment fait partie du comité de grève chargé d’organiser l’occupation des puits.
Nicolas Thirion, avec ses camarades Michel Fischer et Paul Zingraff, avait également abattu des arbres sur la chaussée à Rémering-lès-Puttelange pour empêcher les mineurs résidant dans les villages du sud du bassin houiller de rejoindre leur puits.
Il organisa le 9 mai 1937 à Farschviller, en tant que président de la section locale de la CGT, une fête publique et une manifestation pour célébrer l’inauguration du drapeau de la section. Un bal fut organisé en fin de journée.

Il fut évacué en septembre 1939 dans le Pas-de-Calais où les mineurs des Houillères de Petite-Rosselle travaillaient toujours pour la maison de Wendel. Une note de la direction rosselloise, sur laquelle il figure, signalait en janvier 1940 à la direction de la Mine de la Clarence à Calonne-Ricouart les mineurs jugés « indésirables » en raison de leurs activités syndicales. Il put rentrer en Moselle à l’été 1940, mais sans retrouver son emploi aux houillères. Nicolas Thirion fut employé à partir du 1er septembre 1940 par sa commune natale notamment en tant que bûcheron. Alors que la Moselle était annexée à cette période au IIIè Reich, il abandonna son emploi communal le 1er avril 1944 pour se soustraire aux Allemands : il avait été prévenu par son camarade Denis Portha de la préparation d’une « rafle » le concernant par la Gestapo. Il vécut dans la clandestinité jusqu’au 4 décembre 1944.
Il reprit son activité syndicale dans les semaines qui suivirent et recommença à travailler en tant que mineur au puits V des houillères de Sarre et Moselle. L’avis de la houillère le concernant indiquait : « (…) c’est un bon piqueur (très travailleur), n’a pas la classe de nos grands as mais fait un très bon chef d’équipe (…) ». Malgré cet avis globalement positif la direction lui « proposa » sa mutation aux Houillères de Petite-Rosselle à compter de janvier 1946. Sur son avis de mutation est indiqué : « refuse de signer ». Cette volonté était-elle liée à son activisme syndical et politique ? Toujours est-il qu’il resta jusqu’à la fin de sa carrière professionnelle dans cette mine et participa de manière active à l’organisation des « grèves rouges » de 1947-1948 dans la houillère.

Nicolas Thirion fut élu délégué-mineur de la circonscription Merlebach-Reumaux (fond) des Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) aux élections du 14 avril 1949 en rassemblant 523 voix sur 681 suffrages exprimés. Il fut réélu en 1952, 1955 et 1958 en obtenant respectivement 78,2%, 77,6% et 70,8% des suffrages exprimés et resta délégué jusqu’à sa retraite le 15 mai 1961.
Tout au long des années cinquante, il fut l’un des militants les plus en vue de la CGT dans le centre du bassin houiller lorrain.
En décembre 1950, suite au congrès du syndicat des mineurs CGT de Moselle-centre, une note des renseignements généraux de la Moselle le présente comme l’un des responsables du secteur de L’Hôpital-Carling-Saint-Avold.
En avril 1954, au congrès du syndicat des mineurs CGT de Moselle-centre, il fut élu au bureau du syndicat.
En octobre 1955, les renseignements généraux le considéraient toujours comme l’un des militants les plus actifs du syndicat des mineurs CGT du secteur « centre » des HBL. Au 4ème congrès de la Fédération régionale des mineurs CGT de Moselle qui se tint en novembre 1956 à Petite-Rosselle, il fut élu au sein des instances dirigeantes du syndicat.

Nicolas Thirion avait été élu maire de son village à la Libération et exerça son mandat jusqu’en 1947. Son père avait lui-même était maire entre 1925 et 1929. Il adhéra au PC jusqu’à son décès.
Nicolas Thirion s’était marié en 1927 avec Louise Wernet avec laquelle il eut trois enfants et avait été nommé chevalier de la légion d’Honneur en novembre 1950.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180953, notice THIRION Nicolas par Pierre Schill, version mise en ligne le 22 mai 2016, dernière modification le 22 mai 2016.

Par Pierre Schill

Nicolas Thirion
Nicolas Thirion
Portrait (1972) : collection personnelle de Marcel Thirion (transmis par Pierre Schill). -
Au moment de la cérémonie de remise de la médaille de la légion d’Honneur (vers 1950) : collection personnelle de Marcel Thirion (transmis par Pierre Schill).

SOURCES : Arch. des Houillères du Bassin de Lorraine : dossier personnel ; Vt53-B3 ; Vt233-B128 ; Vt323-B20. – Arch. Dép. Moselle : 304 M 76 ; 151 W 191 et 822. – Arch. du Syndicat régional des mineurs CGT de Merlebach : Der Kumpel des 30 avril 1954, 29 janvier et 26 février 1955, 15 décembre 1956. - EC de Farschviller (Moselle). - Renseignements fournis par Marcel Zieder* et par Marcel Thirion, son fils (questionnaire, 2001). – Pierre Schill, 1936. Visages et figures du Front populaire en Moselle, Metz, Éditions Serpenoise, 2006.

ICONOGRAPHIE : Portrait (1972) : collection personnelle de Marcel Thirion (transmis par Pierre Schill). - Au moment de la cérémonie de remise de la médaille de la légion d’Honneur (vers 1950) : collection personnelle de Marcel Thirion (transmis par Pierre Schill).

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