BRUNET François, Victor, Marie

Par Alain Dalançon

Né le 21 août 1931 à Arras (Pas-de-Calais) ; professeur de sciences naturelles ; militant de l’UNEF et des jeunes du MRP ; militant syndicaliste de la FEN et du SNES puis de l’ASPES en Algérie, secrétaire du S2 de la Loire du SNES ; militant communiste dans la Loire.

François Brunet, aîné d’une famille de sept enfants (cinq frères et une sœur), resta durablement marqué par son éducation familiale catholique progressiste. Son grand-père paternel, Jules Brunet, était libraire-éditeur catholique conservateur. Mais son fils, Pierre Brunet, qui prit la succession dans la librairie, motivé par le logement social, adhéra au Mouvement républicain populaire à la Libération ; devenu adjoint au maire d’Arras, Guy Mollet, il fut exclu du MRP et réélu Démocrate de Progrès, cette fois-ci premier adjoint de Guy Mollet et le demeura après les élections de 1965 où la liste Mollet-Brunet l’emporta dès le 1er tour. Son grand-père maternel, Paul Duclerq, également libraire, militant du Sillon, du mouvement des HBM, fut conseiller de la République MRP.

Enfant de chœur, louveteau et scout de France, François Brunet effectua ses études à Arras chez les Frères des Écoles chrétiennes de 1938 à 1940, puis au collège diocésain Saint-Joseph de 1940 à 1950. Titulaire du baccalauréat (série mathématiques-élémentaires) en 1950, il suivit durant trois années l’enseignement d’une classe préparatoire à l’École vétérinaire au lycée Faidherbe de Lille (nord), avant d’aller faire une licence de sciences naturelles à la Faculté des Sciences de Lille, où il milita activement à l’Union nationale des étudiants de France. Il fut président de la « corpo » des sciences et président national des étudiants en sciences de l’UNEF en 1957. Alors militant national des Jeunes du MRP, il participa au congrès national de Saint-Malo en 1958.

Son expérience en Algérie le marqua durablement. Incorporé en mars 1957 en tant qu’infirmier dans le service de santé des Armées (caporal-chef), maintenu sous les drapeaux jusqu’en juillet 1959 dans le secteur de Souk-Ahras (juillet 1958-juillet 1959), il estima que sa tâche en Algérie n’était cependant pas terminée. Après avoir occupé un poste d’adjoint d’enseignement au collège de Saint-Pol-sur-Ternoise (Pas-de-Calais) durant les premiers mois de l’année scolaire 1959-1960, il repartit en Algérie en tant que professeur délégué ministériel au lycée de jeunes filles Mercier de Bône et y fut titularisé professeur certifié après double inspection. Mais en raison des menaces de mort qu’il avait reçues de l’OAS, il revint en métropole au lycée de Maubeuge (Nord) en janvier 1962. Il repartit en Algérie à la rentrée scolaire 1962 en tant que coopérant et y demeura jusqu’en 1970, successivement au lycée algérien de garçons Saint-Augustin d’Annaba (ex- Bône), dénommé ensuite Moubarek el Mili (de 1962 à 1969), puis à l’École normale d’institutrices de Constantine (1969-1970). Il participa pendant un an, à partir de son retour à Annaba, à l’assemblée communale algérienne.

François Brunet épousa Eve Kuypers (Eve Brunet), professeur de lettres au lycée Mercier, à la mairie de Bône, le 2 décembre 1961, puis à l’église de Fleurines (Oise) le 26 décembre.

Durant cette période passée en Algérie, il milita très activement au Syndicat national de l’enseignement secondaire, auquel il avait adhéré à la rentrée 1959 dans le Pas-de-Calais. Dès son premier séjour en 1960-1961 en tant qu’enseignant, il fut secrétaire de la section (S1) du lycée Mercier et secrétaire départemental de la FEN-Bône. À ce titre, il assista au congrès national de la FEN de la Toussaint 1961 et découvrit les luttes internes de tendances. En tant que coopérant, il fut secrétaire de l’Association syndicale des professeurs de l’enseignement secondaire pour l’Est algérien (car le SNES ne pouvait avoir de sections dans ce pays devenu indépendant), de 1962 jusqu’à son départ en 1970. Il était animé par un profond désir de développer la coopération entre les peuples et plus spécifiquement les peuples algérien et français, mais combattait les marchandages du gouvernement français (pétrole et gaz contre coopération des enseignants). Ses convictions religieuses restaient en même temps intactes ; il était adhérent de la Paroisse universitaire, tout en étant un ferme militant laïque.

Rentré en France, François Brunet fut affecté au collège le Dorlay de Grand’Croix (Loire) et y demeura jusqu’à sa retraite en 1991. Il devint tout de suite secrétaire adjoint de la section départementale (S2) de la Loire du SNES, au côté de Jean-Paul Jouvençon puis secrétaire et le resta jusqu’à sa retraite. Il milita toujours dans le courant « Unité et Action » et écrivit plusieurs points de vue dans la revue UA. Il eut la responsabilité d’organiser l’accueil du congrès national du SNES à Saint-Étienne en 1978, à l’époque où Joseph Sanguedolce était maire et où les travailleurs de Manufrance luttaient contre le démantèlement de leur entreprise. Aux premiers rangs dans son département, il participa à toutes les luttes du syndicat pour la démocratisation de l’école et la défense de la laïcité. Il était également adhérent de l’Association des professeurs de sciences naturelles, militait à la Fédération des conseils de parents d’élèves locale et s’intéressait à la vie de la Mutuelle générale de l’Éducation nationale mais ne put jamais se faire élire dans sa section départementale. Parvenu à la retraite, il devint immédiatement secrétaire de la section départementale des retraités du SNES, responsabilité qu’il occupait toujours en 2005.

Partisan enthousiaste de l’union de la gauche, François Brunet se rapprocha du Parti communiste français mais n’y adhéra qu’en 1976. Il occupa diverses responsabilités dans le comité fédéral de la Loire, fut plusieurs fois candidat aux élections cantonales et législatives. En 2005, il était demeuré fidèle au PCF et militait toujours dans sa cellule de quartier et par ailleurs au Mouvement de la Paix, à ATD Quart-monde et depuis peu au récent comité local de Droit au logement.

François Brunet avait toujours vécu ses engagements politiques et syndicaux avec passion et dans le partage, en restant animé d’une foi ardente qui l’amena encore à être animateur d’un groupe de partage biblique dans sa paroisse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18098, notice BRUNET François, Victor, Marie par Alain Dalançon, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 14 janvier 2018.

Par Alain Dalançon

SOURCES : Arch. IRHSES (Congrès SNES, CA, CN, S3 de Lyon, ASPES). — Bernard Ménager s/dir., Guy Mollet. un camarade en république, Presses universitaires de Lille, 1987. — Témoignage de l’intéressé.

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