WILMOUTH Pierre

Par Pierre Schill

Né le 16 novembre 1899 à L’Hôpital (Lorraine annexée), mort le 24 juin 1970 à L’Hôpital (Moselle) ; mineur aux houillères de Sarre et Moselle puis aux Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) ; délégué mineur ; membre du comité d’entreprise des HBL ; administrateur de la Société de secours minière de Sarre et Moselle ; responsable du syndicat des mineurs CGT de Moselle-centre ; conseiller municipal de L’Hôpital (Moselle) ; résistant FFI.

Pierre Wilmouth était l’aîné d’une famille de sept enfants dont le père était mineur et résidait à L’Hôpital alors en Lorraine annexée. Il commença à travailler en janvier 1914 au lavoir du puits Sainte-Fontaine des houillères de Sarre et Moselle à Merlebach et devint mineur en novembre 1918. Il effectua toute sa carrière dans ce puits exceptée une courte période entre fin 1925 et début 1926 au cours de laquelle il effectua un séjour en sanatorium dans « l’intérieur » de la France.
En 1936, il était considéré par son ingénieur principal comme un « très bon ouvrier » malgré le signalement de son appartenance à la CGT. Il est alors conseiller municipal de l’Hôpital.
Pierre Wilmouth fut particulièrement actif lors des grèves du Front populaire qu’il anima aux houillères de Sarre et Moselle. Il occupait alors des responsabilités syndicales à l’échelle de la houillère.

Le 1er septembre 1939, il fut évacué et travailla à compter du 6 septembre au puits Couriot des Mines de la Loire où il occupa un emploi de piqueur jusqu’au 19 août 1940. Il put rentrer en Moselle annexée au IIIe Reich et reprendre un emploi aux houillères.
Son nom figurait dans le compte rendu d’interrogatoire d’Alphonse Rieth* : revenu à Forbach, en Moselle annexée, le secrétaire général du Syndicat confédéré des mineurs de Moselle fut arrêté par la police nazie le 14 octobre 1940 et interrogé jour et nuit les 8 et 9 décembre. Il signa une déposition décrivant dans le détail les structures de la CGT mosellane et donnant des indications sur les socialistes et communistes sarrois exilés en Moselle après le référendum de 1935. Ces informations permirent l’arrestation et la déportation de plusieurs militants. Pierre Wilmouth était quant à lui présenté comme membre du bureau de la section syndicale de L’Hôpital. Le compte rendu mentionnait à propos de ses orientations politiques : « sans parti ».
Entre janvier et décembre 1944, il participa à la libération de la Moselle en s’engageant dans les FFI où il dirigeait un groupe de combattants armés. Membre d’une filière d’évasion il avait organisé dans les mois précédents la fuite vers la France de prisonniers de guerre évadés et de jeunes Mosellans refusant l’incorporation de force dans l’armée allemande.

Pierre Wilmouth recommença à militer à la CGT et au PC dès la Libération.
Élu délégué mineur titulaire de la circonscription Ste-Fontaine (fond) des Houillères du Bassin de Lorraine (HBL) aux élections d’avril 1948 en obtenant 75,3% des suffrages exprimés, il fut réélu en mai 1952 en totalisant 80,1% des suffrages exprimés.
Il fut également candidat du PC aux élections municipales d’octobre 1947 à L’Hôpital, sur la liste de défense des intérêts communaux qui rassemblait les forces de gauche. La liste rassembla une moyenne de 587 voix sur 1 733 suffrages exprimés contre une moyenne de 1 069 voix à liste du maire sortant Jean-Pierre Sauder (MRP) qui remporta l’ensemble des sièges à pourvoir.

En décembre 1950, suite au congrès du syndicat des mineurs CGT de Moselle-centre, une note des renseignements généraux le présente comme l’un des responsables du secteur de L’Hôpital-Carling-Saint-Avold. Lui-même dirigeant la section du syndicat dans sa commune de L’Hôpital.

Pierre Wilmouth fut à nouveau candidat aux élections municipales d’avril-mai 1953, sur la Liste d’union ouvrière et démocratique qui rassemblait les forces de gauche derrière le secrétaire du syndicat CGT des mineurs de charbon de Moselle, Joseph Frantz*. Il rassembla 1 358 voix contre une moyenne d’environ 1 000 voix aux candidats de la liste du maire sortant Jean-Pierre Sauder (MRP) qui fut battu. L’ensemble de la liste de gauche fut élue.

Pierre Wilmouth fut à l’origine de l’érection dans sa commune d’un monument en hommage aux mineurs victime de la catastrophe du puits Ste-Fontaine en novembre 1959 : un coup de poussières entraîna la mort de vingt-six mineurs.

Il s’était marié en 1920 avec Marie Bourg avec laquelle il eut deux filles.
Pierre Wilmouth avait été nommé chevalier dans l’ordre du Mérite Social en mars 1960.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article180995, notice WILMOUTH Pierre par Pierre Schill, version mise en ligne le 22 mai 2016, dernière modification le 22 mai 2016.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. des Houillères du bassin de Lorraine : dossier personnel ; Vt53-B3 ; Vt233-B95. - Arch. Dép. Moselle : 151 W 191 ; 1330 W 265 et 266. - Der Kumpel, 15 novembre 1951 et 30 juillet 1952. - Le Courrier de Metz, 5 mai 1953. - Arch. familiales. - Renseignements fournis par ses petites-filles (questionnaire, 2001). - Luitwin Bies, Gestapo contra CGT Lothringen. Die Auskünfte des Alphonse Rieth von 1940, Saarbrücken, VVN-Bund der Antifaschisten, Landesverband Saar, 2000. – Cédric Neveu, La Gestapo en Moselle. Une police au cœur de la répression nazie, Metz, Éditions Serpenoise, 2012.

ICONOGRAPHIE : Portrait sur sa fiche professionnelle aux houillères (vers la fin des années 1910) : Arch. des HBL (cliché Pierre Schill). – Pierre Wilmouth en train de fleurir le monument érigé à L’Hôpital en l’honneur des mineurs morts à la catastrophe du puits Sainte-Fontaine (1959) (début des années soixante) : collection Pierre Schill.

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