Par Daniel Grason
Née le 13 février 1900 à Vendhuille arrondissement de Saint-Quentin (Aisne), morte le 1er mars 1969 à Denain (Nord) ; femme de ménage ; militante communiste du XVe arrondissement de Paris ; internée.
Fille d’Alfred, manouvrier, et d’Adélila Richard, ménagère, Raymonde Noyer s’était mariée le 25 octobre 1930 à Boulogne-Billancourt (Seine, Hauts-de-Seine) avec Alexandre Noyer et vivait 20 rue Frémicourt à Paris (XVe arr.). Le 14 août 1941 vers 22 heures 30, des policiers du commissariat de Grenelle l’appréhendait à l’angle des rues Violet et du Théâtre en compagnie de Gabriel Chanal. Judas Eidelman portait dans une sacoche les tracts imprimés et ronéotypés, tous les trois participaient à la distribution de : « La France au pillage », « Charognards », « Les pillards à l’ouvrage » et l’Humanité clandestine qui portait en titre « Vive Staline ! L’URSS vaincra ! ». Aucun ne remarqua qu’ils étaient suivis par des policiers en civil.
Ils furent interrogés au commissariat de Grenelle (XVe arr.), Raymonde Noyer reconnaissait d’emblée qu’ils devaient distribuer des tracts, mais que seul Judas Eideliman en distribua, elle déclara « En ce qui me concerne je surveillais le travail. Ce n’est pas la première fois que j’agis ainsi, mais c’est bien la dernière ». Elle précisa : « J’ai agi ainsi par sympathie pour les idées que professent ces deux hommes. Mais je ne suis pas une militante ; je n’ai chez moi aucun tract, ni aucune pièce suspecte, on peut perquisitionner. Je m’engage à ne plus agir de la sorte ».
Inculpée de « complicité de distribution de tracts communistes », elle comparut le 22 août 1941 devant la 12e chambre correctionnelle. Tous les trois furent condamnés à six mois de prison. Le ministère public fit appel le 26 août 1941concernant Chanal et Eidelman estimant qu’il y avait lieu d’aggraver leur peine. Concernant Raymonde Noyer, le magistrat estima « que le Tribunal avait fait une juste application de la loi ». Elle fut incarcérée à la prison de La Roquette (XIe arr.), puis transférée le 15 septembre 1941 à la prison de Fresnes.
Le 17 octobre 1941 elle comparaissait en compagnie de Judas Eidelman et Gabriel Chanal devant La Section spéciale de la Cour d’appel de Paris, elle fut condamnée à deux ans de prison. Elle réintégra la prison de Fresnes, puis à une date inconnue le stalag 122 à Compiègne (Oise).
Après la guerre, elle reprit de l’activité au sein du parti communiste, Raymonde Noyer fut grand électeur aux élections sénatoriales du 24 novembre 1946. Election où le parti communiste obtint 27,9% des suffrages, avec 88 sièges sur 315 élus, il avait la plus forte représentation du Sénat.
Dès 1951, elle entreprenait des démarches pour être homologuée au titre de la Résistance Intérieure Française (R.I.F.). Elle déménagea et habitait en 1962 au 5 boulevard d’Alès à Denain (Nord).
Par Daniel Grason
SOURCES : AN Z/4/7 (dossier 83). – Arch. PPo. 1W 724, 77W 1728. – Bureau Résistance GR 16 P 203224 (non homologuée). – État civil en ligne cote 5Mi1674, vue 10.