THOMAS Roger, Firmin, Léon

Par Jean-Michel Steiner

Né le 9 août 1923 à Saint-Étienne (Loire), mort le 10 novembre 2007 ; métallurgiste ; militant et responsable du syndicat CGT de la Manufacture d’Armes de Saint-Étienne ; résistant ; membre du PCF ; militant laïque.

Né rue des Aciéries à Saint-Étienne, Roger Thomas était le fils d’Hippolyte Baptiste, métallurgiste né au Bouchet Saint-Nicolas (Haute-Loire), le 20 août 1897, et de Francine Gibernon, ménagère née le 30 mars 1898 à Lapte (Haute-Loire). Léonce Jouve, aïeule de l’enfant et Baptiste Jouve, employé, son oncle, ont signé l’acte de naissance.
Roger Thomas passa toute son enfance et sa jeunesse, 32 rue des Aciéries, dans ce quartier du Marais où usines sidérurgiques et habitat ouvrier étaient étroitement imbriqués. Il suivit les cours de l’école primaire. Il avait une sœur, Marinette, née en 1934. Leur mère exerça le métier de lavandière. Son père qui travaillait aux aciéries Bedel fut licencié en raison de la crise en 1933. En 1934, en tant qu’ancien combattant, il retrouva du travail à la Manufacture d’Armes de Saint-Étienne (MAS).
C’est là que le 3 octobre 1938, Roger Thomas entra comme apprenti. « Il aimait dire qu’il avait vite été mis dans le bain avec la grève du 30 novembre, grève difficile, suivie de sanctions. Une cinquantaine de camarades s’étaient vue interdire l’accès à l’établissement. ». Bien que sorti 2° avec une qualification d’ajusteur, il n’eut pas embauché par la MAS qui semble avoir repéré l’âme d’un militant en lui. Après divers emplois (chez Boudet, à la SCEMM), il fut requis aux Chantiers de Jeunesse dans la région de Chambéry.
Démobilisé, il fut affecté dans une usine de chargement d’obus à Salbris (Loir & Cher) en zone occupée, puis à la Manufacture de Châtellerault (Vienne) sur une chaine de fabrication comme régleur bien qu’il ait « tenté de cacher sa qualification d’ajusteur pour ne pas travailler pour les Allemands. » Prenant part au sabotage de la fabrication il fut bientôt repéré et dut quitter précipitamment l’usine. Il rentra à pied jusqu’à Saint-Étienne et retrouva de l’embauche à la MAS. Il s’engagea dans les milices patriotiques, puis dans l’armée de libération au 301e bataillon, participant à la fin de la guerre en Italie puis en Autriche.
De retour à Saint-Étienne, Roger Thomas s’impliqua dans le syndicat CGT de la MAS et s’occupa activement du CHS et du Foyer civique. Les ouvriers de l’établissement admiraient son franc parler et sa capacité à s’opposer à la direction : « Quand il “déboulait” dans l’allée centrale de son atelier AC 95 où il était ajusteur à la réalisation des appareils pour les chaînes de séries, avec à la bouche “venez voir là les gars” personne ne se posait la question du pourquoi et du comment, Roger avait quelque chose à dire, à proposer, il fallait y aller ! »
Ayant adhéré en 1944 au Parti communiste, il devint responsable de la section Francine Frasson de la MAS en 1950. Il entra au Comité fédéral avec son frère Pierrot en 1957. En 1954, il relança la Voix de la Manu, journal de la section du PCF de la MAS. On sortait d’une période de répression (1952-1954) avec les révocations de 30 dirigeants politiques (PCF) et syndicaux (CGT). Roger Thomas s’engagea en particulier dans la campagne contre la mise en place de la CED (Communauté Européenne de Défense) et les accords de Bonn et Paris (1954-1956).
Le 5 octobre 1946, il épousa à Saint-Étienne Jeanne, Marguerite Mayoud (Jeannette). Ils eurent cinq enfants.
À vingt-quatre ans il adhéra à l’Amicale laïque de la Chaléassière, proche de la « Manu ». Il en devint vite à la fois le conseiller administratif et le trésorier de la commission sportive (1947-1958).
En 1958, il quitta le quartier du Marais, notamment en raison des mauvaises conditions de logement, pour s’installer dans un autre quartier ouvrier : Solaure. Il y rejoignit la section communiste mais aussi l’Amicale laïque dont il devint trésorier (1958-1985) et dans laquelle il fonda une section de judo.
Membre de l’ARAC, il fut un des fondateurs du Comité de la MAS pour la Commémoration du 8 mai 1945, créé en réponse à la décision de Giscard d’Estaing de faire, à partir de 1975, du 11 novembre la seule date commémorative pour les deux guerres : « les 41 manuchards tués au combat de la résistance, fusillés, morts en déportation dont les noms sont inscrits sur le monument au mort de la MAS, devaient être honorés [afin de faire] l’éducation des générations futures. »
Le 1er janvier 1976, Roger Thomas fut mis à la retraite de la MAS pour raison de santé.
Président de la SCATS (1954-1965), président de l’AFTC (1956-1966), Roger Thomas décéda le 10 novembre 2007.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181060, notice THOMAS Roger, Firmin, Léon par Jean-Michel Steiner, version mise en ligne le 24 mai 2016, dernière modification le 2 mai 2022.

Par Jean-Michel Steiner

SOURCES : Arch. Dép. Loire, 3E219_241. — Archives de l’IHS CGT Loire, Benoît Frachon, discours de Daniel Jaboulay (IHS CGT Loire) à l’occasion des obsèques de Th R. Thomas. La Tribune Progrès : « Quel roman que sa vie », 30 juillet 1997 ; « Une enfance au Marais », 23 avril 2000, « le Marais, un quartier industriel » 30 avril 2000. — , État civil de Saint-Étienne, naissances 1910.

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