OGUNLESI Gladys Tanimowo Titilola (Née Okunsanya)

Par Sara Panata

Née à Iperu-Remo (état d’Ogun, Ijebu-Province Nigéria) en 1908 et morte à Ibadan en 2002. Elle était enseignante, propriétaire et directrice d’école, militante pour l’éducation des femmes, fondatrice de la Women’s Imporvement Society, membre fondatrice du Council of Women’s Societies (devenu ensuite le National Council of Women’s Societies), militante de l’Action Group (AG) et membre fondatrice de sa section fémine, envoyée par l’AG à la Conférence Constitutionelle de Londres en 1953.

Chief Gladys Tanimowo Ogunlesi, mieux connue sous le nom de Mama Ogunlesi, est née le 1er décembre 1908 du Chief Pa Gabriel Sobande Okunsanya et de Mrs Phoebe Tasan Okunsanya. Son père est un important homme d’église anglicane, en contact continu avec les missionnaires anglicans, alors que sa mère est une commerçante. Chief Okunsanya considère l’éducation occidentale comme une clef pour le succès et finance les études de sa fille. Après avoir fréquenté la Saint James Primary School d’Iperu (au sud-ouest du Nigéria), Tanimowo Okunsanya continue ses études secondaires à la Kudety Girls School d’Ibadan. En 1925, elle intègre la CMS Girls’ Seminary School de Lagos pour se former comme enseignante. Elle commence sa carrière à la Kudeti Girls School d’Ibadan en 1927. En 1933, elle est mutée à la CMS Girls’ School de Lagos et un an après elle se marie avec J.S.Ogunlesi, lui aussi enseignant à l’Igbobi College, militant de l’Action Group et rédacteur en chef d’un grand journal de l’époque, le Daily Times.

Mrs Ogunlesi est enseignante à Lagos jusqu’en 1934, date à laquelle, suite à son mariage, elle doit interrompre son travail. Malgré sa passion pour l’enseignement, Mrs Ogunlesi se plie à la volonté de son mari, qui refuse de la voir accaparée par une occupation qui l’aurait menée à quitter la maison et à être absente quand il rentrait du travail. Malgré cela, Mrs Ogunlesi continue à enseigner chez elle : tout en s’occupant de son premier enfant, elle invite les enfants des voisins à venir jouer dans sa maison. Si ses activités sont dans un premier temps tournées vers un but ludique, elle leur enseigne progressivement à écrire, lire, compter et dessiner. Par la suite, elle demande des contributions aux parents afin de mieux prendre soin de leurs enfants.

En janvier 1944, Mr Ogunlesi quitte le Nigéria suite à l’obtention d’une bourse pour des études de linguistique à l’Université de Londres et en mai 1946, Mrs Ogunlesi le suit et en profite pour poursuivre ses études à la Nursery School de l’Université St. Andrew’s en Écosse. En 1947, elle rentre au Nigéria et elle s’installe à Ibadan suite à la nomination de son mari comme Adult Education Officer de la Région Occidentale. Elle a entre-temps pu obtenir un certificat de sciences domestiques. Désireuse de transmettre ses nouvelles connaissances, elle demande au Ministère de l’Education de la Région ouest de mettre gratuitement des locaux à sa disposition afin qu’elle puisse bénévolement y dispenser des cours pour les enfants. Cependant, le ministère refuse de dépenser l’argent public pour des crèches.

Suite à ce refus, Mrs Ogunlesi fonde une organisation féminine, la Women’s Improvement Society (WIS), en 1947, dont les meetings se tiennent initialement dans sa propre maison. Cette organisation vise à améliorer les conditions de vie des femmes et promeut l’éducation des filles, centrée notamment sur l’apprentissage des sciences domestiques. Mrs Ogunlesi recommence ensuite à donner des cours pour enfants dans sa maison et, le 1er janvier 1948, elle décide de régulariser cet enseignement en créant dans sa propre maison la Children’s Home School. En mars de la même année, sa maison est aussi le berceau du premier foyer pour filles d’Ibadan, ouverte sous les auspices de la WIS. Dans ce foyer, les filles qui viennent des villes voisines pour travailler peuvent se loger et recevoir des cours d’économie domestique.

À côté de cet engagement pour l’éducation, Mrs Ogunlesi commence à militer pour l’AG dans les années 1950. Ce parti, trouve son centre d’action dans la promotion d’une identité culturelle yoruba distincte du reste du Nigéria. Le discours d’Awolowo est centré sur l’opposition entre une « cohérence ethnique » de la Région Occidentale et un centre plurinational : il soutient que le nord et le sud du Nigéria doivent avancer indépendamment l’un de l’autre, leurs divergences dans les vitesses de développement et dans les pratiques culturelles ne leur permettant pas de suivre un chemin unitaire vers l’indépendance. Déjà avant la création du parti, Mrs Ogunlesi était fortement liée à Chief Mr Obafemi Awolowo, qui l’appelait Mama, et à sa femme, Chief Mrs HID Awolowo. À l’intérieur du parti, elle détient une position de prestige, figure parmi les fondatrices de l’aile féminine du parti en 1953 et seule femme de la région Occidentale à être envoyée à Londres comme conseillère de l’AG lors de la Conférence de Londres de 1953 visant à une réforme de la constitution nigériane. En 1952, elle est une des membres fondatrice du Women Movement of Nigeria, présidé par Mrs Adekogbe. L’année suivante, suite au refus de Mrs Adekogbe d’affilier son mouvement à l’AG, Mrs Ogunlesi s’en détache, accompagnée d’autres femmes liées au parti d’Awolowo.

A la même période, elle commence à s’intéresser à l’activité des femmes à l’échelle nationale. En 1954 par exemple, elle participe comme représentante de la WIS à la conférence internationale de l’Alliance Internationale des Femmes (AIF) à Copenhague. Suite à cela, elle est l’une des promotrices de la création d’une association de coordination au Nigéria qui vise à réunir toutes les femmes d’Ibadan et voit le jour en 1957 sous le nom de Council of Women’s Societies. En 1959 le CWS s’élargit à l’échelle nationale, en se rebaptisant Nigerian Council of Women’s Societies et en se préparant à accueillir à Ibadan la première conférence des femmes de l’Afrique Occidentale hébergée par le Nigéria. Mrs Ogunlesi, avec Professor Adetowun Ogunsheye, est une des principales organisatrices de ce congrès, baptisé « La femme africaine trace son avenir ». Il se déroule du 1er au 12 août 1960 et il enregistre la participation de soixante-et-une femmes venues de l’Afrique de l’Ouest. Après cette conférence, elle poursuit son engagement à l’échelle ouest-africaine en organisant des conférences annuelles pour les femmes. Tout au long de sa vie, elle œuvra en faveur des femmes, de leur éducation et de leur droits socio-économiques, à la fois à l’intérieur des organisations partisanes, des réseaux féminins mais aussi au sein de son école.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181089, notice OGUNLESI Gladys Tanimowo Titilola (Née Okunsanya) par Sara Panata, version mise en ligne le 24 mai 2016, dernière modification le 3 septembre 2020.

Par Sara Panata

Sources :
BIOSE A., “The peerless legacies of a matriarch” in Daily Times, 19 février 2003, p.13 ; OYELAKIN O.A., Women in Ibadan Politics, 1893-1960, MM d’histoire à l’Université d’Ibadan ; archives privées de la Children’s Home School, Ibadan ; archives privées de Mrs Adekogbe, Report by the Conference on the Nigerian Constitution, London her Majesty’s Stationery Office, London, aout 1953 ; Report by the Resumed Conference on the Nigerian Constitution, Government Printer, Nigeria, 1954 , Report by the Nigerian Constitutional Conference, Lagos : Federal Government Printer, Lagos, 1957 ; entretien avec Mrs Anu Adio-Moses, fille de Mrs Ogunlesi, septembre 2014, Ibadan ; entretiens avec Mrs Ogunsheye, secrétaire de la WIS, janvier, février, aout, septembre 2014.
PAGE WIKIPEDIA.

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