COEURDEROY (ou CŒURDEROY) Jean-Baptiste, Édouard, dit LAJOUX

Né le 4 janvier 1832 à Sens (Yonne) ; employé de commerce ; il vivait avec une femme et faisait sous le nom de celle-ci le commerce des toiles ; communard.

Il avait subi trois condamnations avant 1870 : le 9 novembre 1854, à Paris, huit jours de prison pour rébellion ; le 5 mai 1859, un mois de prison pour coups donnés aux agents ; le 2 juillet 1862, pour faillite.

Coeurderoy prit très au sérieux son rôle d’officier sous la Commune de Paris. Les effectifs du 7e bataillon de la Garde nationale qu’il commandait fondant littéralement, il essaya, pour y obvier, de caserner ses hommes à la Pépinière : en vain. Le bataillon trop réduit se vit confier un service intérieur — dans le XVIe arrondissement — puis fut dissous le 21 mai 1871 ; Coeurderoy, avec un détachement, construisit deux barricades rue Rochechouart (IXe arr.) et se battit avec une arme d’une précision et d’une puissance « formidables » (?).
On le crut longtemps mort, ou fusillé, et c’est par contumace que le 3e conseil de guerre le condamna, le 16 août 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée. En réalité, il était en Suisse, où sous le nom d’emprunt de Lajoux il fut brièvement engagé en novembre 1872 par James Guillaume pour aller prospecter de la clientèle pour son imprimerie. Son voyage ayant été un échec, ce dernier décida de le congédier. Mais les indemnités convenues ne lui ayant pas été payées, Coeurderoy fit un scandale.
Il ouvrit toujours en 1872 à Genève, route de Carouge, une brasserie — la Marmite sociale — que fréquentèrent les réfugiés. Il fut également professeur de boxe, de canne et de chausson. Coeurderoy appartint à cette époque à la section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève constituée le 8 septembre 1871 sur l’initiative de proscrits français (cf. t. IV, p. 80). N’ayant pas respecté les règlements relatifs aux débits de boissons, il fut expulsé du canton le 17 mai 1873. Il s’établit alors à La Chaux-de-Fonds où il représenta une maison de commerce parisienne. Il semble avoir réussi à revenir à Genève en février 1878, mais avoir eu également de nouveaux démêlés avec les autorités. Son employeur parisien disait qu’il avait « toujours été un peu frondeur, un peu fort à bras », mais « droit et généreux ». Coeurderoy fut amnistié en 1879.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181337, notice COEURDEROY (ou CŒURDEROY) Jean-Baptiste, Édouard, dit LAJOUX , version mise en ligne le 1er juin 2016, dernière modification le 13 octobre 2022.

ŒUVRES : – Cœurderoy, Édouard. L’escrime. La Chaux-de-Fonds, Imprimerie du National Suisse, 1874. In-12, 8 p.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, 3e conseil. — Arch. PPo., B a/433 et a/434 et listes de contumaces. — Arch. d’État, Genève, expulsions J 97 ; R.C. et annexes. — M. Vuillaume, Mes Cahiers rouges..., op. cit. — L. Descaves, Philémon..., op. cit., pp. 75, 93, 278. — M. Vuilleumier, « La correspondance d’un internationaliste : Victor Cyrille (1871-1874) », Movimento Operaio e Socialista, juillet-décembre 1966. – Lettre de James Guillaume à sa mère, 16 janvier 1873. – Note de Marianne Enckell.

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