BUCHMANN Arthur

Par Michel Dreyfus, Pierre Schill

Né le 28 janvier 1924 à Sarreinsberg, aujourd’hui commune de Goetzenbruck (Moselle), mort le 3 janvier 2008 à Mondelange (Moselle) ; chaudronnier ; membre de la commission exécutive de la Fédération CGT de la Métallurgie (1951-1953) ; secrétaire général de l’UD-CGT de la Moselle (1953-1964) ; membre de la commission administrative de la CGT ; secrétaire de la fédération communiste de la Moselle (1964-1988) ; membre du comité central du PC (1964-1987) ; conseiller municipal d’Hagondange de 1947 à 1953.

Élus communistes de Moselle et Meurthe-et-Moselle avec le cosmonaute soviétique Léonov (années 1970) : assis à gauche René de Matteis, au centre avec des lunettes Arthur Buchmann ; debout inconnu, Henri Malberg, Roland Favaro et Cesar Depietri
Élus communistes de Moselle et Meurthe-et-Moselle avec le cosmonaute soviétique Léonov (années 1970) : assis à gauche René de Matteis, au centre avec des lunettes Arthur Buchmann ; debout inconnu, Henri Malberg, Roland Favaro et Cesar Depietri
Collection Pierre Schill

Arthur Buchmann est l’aîné d’une famille de quatre enfants dont le père (Victor, né le 5 février 1899 à Mouterhouse, en Lorraine annexée), ouvrier dans l’industrie du verre, était militant communiste, et la mère Justine née Mehlinger née à Enchenberg (Lorraine annexée), ouvrière, fut militante de l’Union des femmes françaises. Victor Buchmann était fortement impliqué à la CGT et au Parti socialiste, lorsqu’il assista au congrès fondateur du Parti communiste en Alsace-Lorraine. Animateur de nombreuses grèves, il fut licencié par la verrerie de Goetzenbruck au milieu des années 1920. Il vécut dès lors de divers emplois dans le secteur du bâtiment puis quitta l’Est mosellan et s’installa en Lorraine du fer en 1937, où il fut embauché à l’usine sidérurgique UCPMI (Union consommateurs produits métallurgiques industriels) d’Hagondange.

En 1938, alors qu’il était apprenti chaudronnier à l’UCPMI, Arthur Buchmann participa avec son père à la collecte de vivres, vêtements et médicaments en faveur des républicains espagnols. Il fut influencé par l’engagement de son père ainsi que par le contexte local puisqu’il vivait à Hagondange, municipalité communiste depuis 1929.

Pendant l’Occupation, en septembre 1942, il fut mis d’office dans les formations nazies des NSKK comme tous les apprentis de l’usine d’Hagondange - aucun apprenti ne pouvait accomplir son CAP s’il n’appartenait pas à une de ses formations - il en fut exclu en janvier 1943 pour n’avoir pas été aux réunions et n’avoir pas été actif, selon la lettre du Obersturmfuhrer de Metz adressé au Sturmfuhrer de Hagondange, lettre qui a été retrouvée par le bureau d’épuration d’Hagondange.

Militant actif, élu délégué CGT du personnel en 1946, Arthur Buchmann se fit vite un nom et intégra, dès mai 1948, le comité exécutif de la Fédération des Métaux. Il fut régulièrement réélu à ce poste jusqu’en 1956. Comme Paul Entzmann*, il bénéficiait du « parrainage » d’Ambroise Croizat et de son successeur Jean Breteau*.

En avril 1947, Arthur Buchmann fut proposé à un poste de permanent, chargé de la jeunesse au sein de l’Union départementale. Il déclina cette offre car l’ambiance au sein des instances départementales ne lui convenait pas, notamment en raison de l’autoritarisme de Paul Entzmann. Puis, il entra à son bureau en 1951. Élève de l’École centrale syndicale du Parti communiste en 1952, il suivit les cours "avec une certaine assurance s’appuyant sur une assez bonne connaissance de la théorie » et laissa le souvenir d’un militant « fraternel » et « intelligent ». Il fut élu secrétaire général en février 1953. Il y remplaça Paul Entzmann, également responsable de la Fédération des métaux, frère de la députée communiste Anna Schell. Accusé de sectarisme et d’incapacité Paul Entzmann, avait sans doute fait les frais de rivalités internes au sein du PC. Arthur Buchmann dirigea l’Union départementale CGT de la Moselle jusqu’en 1964 et en 1966, il siégeait encore à sa commission administrative. À ce titre, il fut élu suppléant à la commission administrative de la CGT, de 1955 à 1965, soit durant 5 mandats consécutifs. Sans jouer de rôle officiel à la CGT il resta jusqu’à la fin des années 1980 une « autorité » souvent consultée et écoutée. Il siégea au bureau de la puissante fédération des métaux en 1953, ne fut pas réélu en 1954 en raison de ses responsabilités à l’UD.

À partir de 1964, Arthur Buchmann privilégia ses activités politiques. Il avait adhéré au Parti communiste en 1945. Dès 1947, il entra au bureau de la Fédération de la Moselle où il fut régulièrement reconduit. Le 18 mars 1951, le secrétaire permanent Erwin Maurer* démissionna et Arthur Buchmann fut désigné, avec trois autres militants, pour assurer le secrétariat provisoire. Il siégea au bureau ou au secrétariat de la Fédération de Moselle à partir de 1953 : depuis 1964, il en était le premier secrétaire et il le fut jusqu’en 1988. En 1961, il était membre du bureau de la section d’Hagondange, l’année suivante il fit partie du comité de section. C’est au titre de premier secrétaire fédéral du PC qu’Arthur Buchmann eut notamment à gérer l’arrivée en Moselle de Marcel Servin* après que ce dernier eut été relevé de ses fonctions dirigeantes en 1961 et « renvoyé à la base ». Arthur Buchmann collabora étroitement avec celui qu’il considérait comme un « militant remarquable ».

Semi-permanent en 1961 et 1962, il fut permanent à temps complet en 1964 et 1966. Il avait suivi les cours de l’école d’un mois, du Parti en 1961. Élu suppléant au comité central du PCF en 1964, titularisé en 1967, il y siégea jusqu’en 1987, après avoir accompli huit mandats consécutifs. Arthur Buchmann appartint également à la commission de contrôle politique du PCF de 1970 à 1987.

Il représenta le PC à de nombreux scrutins. Candidat aux élections municipales d’octobre 1947 à Hagondange, il fut élu sur la liste d’Union républicaine et résistante à dominante communiste. La liste menée par Paul Lamm* rassembla au premier tour une moyenne de 1 576 voix sur 3 778 électeurs inscrits et remporta les vingt-trois sièges face à une liste MRP-RPF. Il figura aussi en troisième position sur la liste communiste aux élections législatives du 17 juin 1951. La liste obtint 16,4 % des voix et seul Pierre Muller* qui menait la liste fut élu. À nouveau candidat aux élections législatives des 7 et 14 mars 1967 dans la circonscription de Metz I, Arthur Buchmann totalisa au second tour 20 209 voix contre 31 282 à Raymond Mondon qui fut réélu. Il se représenta aux législatives de juin 1968 et obtint 11 085 voix contre 12 445 voix au candidat de la FGDS Claude Brixhe et 37 300 voix à Raymond Mondon qui fut réélu dès le premier tour. Aux législatives de mars 1973, il rassembla dans la même circonscription 10 397 voix sur 71 947, arriva derrière le candidat socialiste Jean Laurain et ne maintint pas sa candidature au second tour. Il se présenta également, en vain, aux élections cantonales en 1967 et en 1973 dans le canton de Rombas.

Arthur Buchmann milita aussi au Mouvement de la Paix, dont il anima le bureau départemental du début des années 1950 au milieu des années 1960.
Son parcours syndical et politique fait d’Arthur Buchmann une des figures les plus importantes du « communisme syndical » en Lorraine, dont il est l’une des « mémoires ». Il continue à militer puisqu’à l’été 2003, il présidait l’Amicale des vétérans de Moselle tout en siégeant au bureau national des vétérans du PC.

Marié le 5 avril 1946 à Hagondange (Moselle) avec Antonia (dit Antoinette) née Schelest, citoyenne soviétique originaire de la région de Kiev. Elle avait perdu son père en 1929, et sa mère était kolkosienne, aussi qu’une de ses sœurs, l’autre étant doctoresse à Odessa. ils eurent deux enfants.

Son frère Marcel Buchmann* milita aussi au PC.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18135, notice BUCHMANN Arthur par Michel Dreyfus, Pierre Schill, version mise en ligne le 5 janvier 2013, dernière modification le 5 janvier 2013.

Par Michel Dreyfus, Pierre Schill

Élus communistes de Moselle et Meurthe-et-Moselle avec le cosmonaute soviétique Léonov (années 1970) : assis à gauche René de Matteis, au centre avec des lunettes Arthur Buchmann ; debout inconnu, Henri Malberg, Roland Favaro et Cesar Depietri
Élus communistes de Moselle et Meurthe-et-Moselle avec le cosmonaute soviétique Léonov (années 1970) : assis à gauche René de Matteis, au centre avec des lunettes Arthur Buchmann ; debout inconnu, Henri Malberg, Roland Favaro et Cesar Depietri
Collection Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, BA 3939 ; 151 W 191, 822, 823, 824 et 825 ; 353 W 47 ; 499 W 49 ; 1 330 W 265 et 266. — Le Républicain Lorrain, 20 octobre 1947, 6 et 15 mars 1967, 25 septembre et 2 octobre 1967, 24 juin et 1er juillet 1968, 24 septembre 1973. — Philippe Robrieux, Histoire intérieure du Parti communiste, tome IV, op. cit. — Frédéric Niedzielski (avec la collaboration de Christiane Massel et Serge Masson), 25 ans de vie politique en Moselle. Les chiffres pour comprendre, Sarreguemines, Éditions Pierron, 1987, 142 p. — Gérard Diwo, Les formations politiques en Moselle (21 octobre 1945-17 juin 1951), Thèse, Université de Metz, 1992, 2 tomes, 423 et 157 p. — Éric Féry, Le département de la Moselle face à la guerre d’Espagne : 1936-1939, Maîtrise, Université de Metz, 1993, 97 p. — Dominique Andolfatto, La syndicalisation en France depuis 1945. Annexe : l’Union départementale CGT de la Moselle (de la Libération à nos jours), CERAT, Université Pierre Mendès-France, 1996, 173 p.État civil et fichier domiciliaire de la commune de Goetzenbruck. — Renseignements fournis par l’intéressé (questionnaire et entretiens été 2003). — Arch. Comité national du PCF.

ICONOGRAPHIE : Photographie devant le Café de Paris à Metz de la Conférence des cheminots CGT du 7e secteur de la SNCF (27 janvier 1963) : collection personnelle de Roger Wilmet (Arthur Buchmann est dans la première rangée debout, le septième en partant de la gauche avec des lunettes). Photographies diverses : collection personnelle d’Arthur Buchmann.

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