VACANT Camille [VACANT Octave, Camille]

Par Fabien Conord

Né le 21 juillet 1910 à Saint-Julien-la-Genête (Creuse), mort le 13 août 1969 ; instituteur, agriculteur ; socialiste SFIO, socialiste indépendant ; membre du CDL, conseiller général, maire de Saint-Maurice-de-Pionsat.

Son père, Jean Vacant, était maçon, comme nombre de ses compatriotes au XIXe siècle, et mourut en 1934. Son frère, Marcel, cultivateur, mourut atteint de tuberculose en 1932.

Camille Vacant entra au collège de La Souterraine (Creuse) puis à l’Ecole normale de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) où il fit la connaissance d’Angèle Blanc, qui devint son épouse en 1931. Antimilitariste, il fut réformé, et commença sa carrière d’enseignant à Saint-Éloy-les-Mines (Puy-de-Dôme). Il fut nommé ensuite à Queuille, dans le même département, où il s’établit.

Adhèrent à la SFIO, Camille Vacant s’engagea dans la tendance incarnée par Marceau Pivert, et fut secrétaire de section en 1936. L’ancien enfant de chœur était aussi devenu membre de la Libre Pensée. En 1936, il manifesta aux côtés des grévistes de la métallurgie, aux Ancizes. C’est à cette occasion, semble-t-il, qu’il lia connaissance avec Gabriel Montpied. Père de deux enfants (Edmond, né en 1933, et Josette, née en 1934), il obtint une direction d’école, avec secrétariat de mairie, en 1938, à Saint-Maurice-de-Pionsat. C’est dans cette commune que naquit son dernier fils, Jean, en septembre 1938.

En août 1941, Camille Vacant fonda un réseau de Combat, fabriquant notamment de fausses cartes d’identité. Dénoncé, il dut quitter pour un temps l’Auvergne et se réfugier dans le Midi. Revenu dans la région, il participa au combat des corps francs : il commanda la 10e compagnie du Mont-Mouchet, et se battit encore, une semaine après, dans le réduit de la Margeride, avant de se retirer à Sauxillanges et d’entrer dans Clermont-Ferrand. Ses états de service lui valurent d’occuper les fonctions de délégué départemental du MLN (Mouvement de Libération Nationale) et de siéger au CDL (Comité Départemental de Libération). Il refusa de faire valider ses galons d’officier, mais fut homologué FFI (pseudonyme Mirabeau) et fut chevalier de la Légion d’honneur, Croix de guerre avec palmes et médaillé de la Résistance.

Camille Vacant fut élu maire de Saint-Maurice-de-Pionsat et conseiller général dans le canton, dont le chef-lieu était Pionsat, en 1945. Il fut constamment reconduit, avec des scores imposants, dans ces deux fonctions : ainsi, en septembre 1967, il obtint 83,90% des suffrages exprimés, face à un seul compétiteur (PCF) il est vrai ; lors de ce renouvellement cantonal, il avait rassemblé 416 voix contre 25 à son adversaire dans sa commune de Saint-Maurice-de-Pionsat. En revanche, malgré sa glorieuse guerre et son implantation locale très forte, Camille Vacant n’a jamais été élu député. Candidat sur la liste SFIO en 1951 et 1956, il n’était pas suffisamment bien placé pour être élu, compte-tenu du mode de scrutin (proportionnel). Lors des élections législatives de 1958, il se présenta dans la circonscription de Riom, mais la conjoncture ne lui permit pas de triompher de ses adversaires. Camille Vacant fut ensuite suppléant de Roger Quilliot à deux reprises dans cette circonscription, en 1967 et 1968. Le manque d’implantation de Quilliot, universitaire clermontois, semblait d’ailleurs condamner le parti socialiste à la défaite. Quant à Camille Vacant, élu d’une zone sous influence de Montluçon, dans l’Allier, du point de vue économique, et d’un canton assez peu peuplé, il lui était difficile de représenter Riom et le Nord de la Limagne.

Camille Vacant mourut à la suite d’un accident de la circulation survenu sur la RN 143, à Saint-Rémy-de-Blot, le 13 août 1969. Une stèle fut érigée à sa mémoire à Saint-Maurice-de-Pionsat et inaugurée le 15 novembre 1970. Les discours prononcés à cette occasion retracèrent bien sûr la carrière du défunt en exaltant ses mérites, mais Roger Quilliot souligna aussi la fidélité des enfants Vacant au socialisme de leur père. C’est qu’en effet les deux fils de Camille Vacant, Edmond et Jean, étaient alors conseillers généraux socialistes du Puy-de-Dôme.

L’aîné, Edmond, né le 5 avril 1933, instituteur à Mozac, avait été élu maire de cette commune en 1965, et avait retrouvé son père au conseil général en 1967, élu dans le canton de Riom-Ouest. Le cadet, Jean, né le 29 septembre 1938, chirurgien, avait quant à lui succédé à son père en tant que maire de Saint-Maurice-de-Pionsat et conseiller général de Pionsat en 1969. Leur sœur Josette, née le 8 septembre 1934, institutrice à Saint-Maurice-de-Pionsat, exerçait la fonction de secrétaire de mairie de ladite commune auprès de son père puis de son frère Jean.

L’année 1973 vit la courte défaite de Jean Vacant aux élections cantonales de Pionsat et l’entrée d’Edmond à l’Assemblée nationale, où il figura parmi les premiers députés CERES du Parti socialiste, élu dans la circonscription de Riom, où il avait réussi la synthèse entre Limagne et Combraille. Edmond Vacant siégea au Palais-Bourbon de 1973 à 1986 et de 1988 à 1993, battu comme nombre de ses collègues socialistes en mars 1993. Défait à Mozac dont il avait été maire pendant trente ans en 1995, son dernier mandat fut celui de conseiller général de Pionsat, comme son père et son frère avant lui, de 1992 à sa mort survenue en septembre 1997. Edmond Vacant, franc-maçon et fervent laïc, s’était illustré à l’Assemblée nationale en 1989, faisant son entrée dans l’hémicycle en tchador en compagnie de son collègue d’Issoire Jacques Lavédrine lors de la séance du 25 octobre 1989. Josette Vacant, devenue maire de Saint-Maurice-de-Pionsat en 1979, est décédée en cours de mandat, en 1991. Jean Vacant, ancien conseiller général et maire, a été réélu conseiller municipal de Saint-Maurice-près-Pionsat (nouvelle dénomination) le 11 mars 2001.

La troisième génération est restée fidèle au PS, puisque Julien Vacant (fils de Jean) est devenu attaché parlementaire de Jean-Louis Idiart, député PS de Haute-Garonne ; quant aux deux enfants d’Edmond, Pascal a été élu conseiller municipal à Mozac le 11 mars 2001, et Karine a été candidate du PS le même jour aux élections cantonales à Menat.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181375, notice VACANT Camille [VACANT Octave, Camille] par Fabien Conord, version mise en ligne le 2 juin 2016, dernière modification le 2 novembre 2021.

Par Fabien Conord

SOURCES : Arch. Dép. Puy-de-Dôme, Fonds SFIO, 32J11. — Centre-Matin, 25 septembre 1967. — Le Monde, 27 octobre 1989. — La Montagne, 12 mars 2001. SHD, Vincennes GR 16 P 581529. — Témoignage de Jean Vacant.

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