PLANÈZE Antoine

Par Serge Cordellier

Né le 12 février 1922 à Saint-Jory (Haute-Garonne, canton de Fronton), mort le 24 avril 2010 dans le canton de Grisolles (Tarn-et-Garonne) ; paysan, coopérateur, syndicaliste au CDJA, puis à la FDSEA, puis au Modef, président régional Midi-Pyrénées et membre de la direction nationale, puis à la Confédération paysanne ; responsable d’un centre de formation de militants et responsables paysans ; membre du Parti communiste dans les années 1980, puis adhérent du Parti des radicaux de gauche.

Antoine Planèze était fils d’André Planèze (1889-1959) et de Marie Bernardine Azéma (1894-1982), maraîchers à Saint-Jory. Il avait pour grand-père un maître-valet de ferme.
À l’occasion d’un portrait qui lui est consacré en 1988 dans un petit bulletin local, La Feuille de chou, publiée par l’Association « Les Trois Ponts de Saint-Jory » (de nombreux éléments biographiques sont empruntés à ce portrait), il raconte les principales étapes de sa vie. Il confie joliment : « Ma plus tendre enfance se passa, en saisons printanières et estivales, assis ou couché sous un cerisier, dans une corbeille d’osier, tandis que je regardais le mulet faire tourner la noria ». Il a trois ans en 1925 quand ses parents s’installèrent à Pompignan (Tarn-et-Garonne, à la limite de la Haute-Garonne).
Sa mère, la seule de la fratrie à s’être mariée, a soigné deux oncles et une tante âgés. Elle a hérité de la propriété, 16 hectares sur cette commune à cheval sur les terrasses du Frontonnais, les collines intermédiaires et la plaine de la Garonne. Antoine quitta l’école à 12 ans, avec le CEP (certificat d’études primaires).
Après deux refus de se rendre aux convocations, il fut réquisitionné en 1943 par la gendarmerie pour le Service du travail obligatoire en Allemagne (STO) pendant l’Occupation. Il passa la fin de la guerre à Breslau (Basse-Silésie).
Il se maria au retour, en 1946, avec Ginette (Geneviève) Roudes (1925-2012), fille unique d’un couple d’agriculteurs de Pompignan (Mathieu et Jeanne) exploitant une dizaine d’hectares. Ils eurent deux filles : Anne (1947) et Maryse (1948).
Antoine Planèze devint bientôt conseiller municipal, fonction qu’il exercera pendant 12 années dont une partie en tant que maire adjoint.
L’exploitation des parents, en polyculture-élevage, produisait céréales, tabac, pêches, melons, raisin de cuve qu’ils vinifiaient sur place, volailles, et quelques vaches. André Planèze dressait et vendait chaque année une paire de bœufs de labour.
Antoine Planèze s’installa en arboriculture (pêchers, puis melonnière, pommiers, pruniers, poiriers, nectariniers…), et conserva les céréales, le tout sur une trentaine d’hectares, orientations de production qu’il conserva jusqu’au bout de sa vie professionnelle. Antoine Planèze bénéficia à l’origine des cours d’un instituteur itinérant, puis s’inspira des nouvelles techniques importées par les pieds-noirs « rapatriés » d’Algérie. L’exploitation, disait-il, « a servi de vulgarisation car les techniciens arboricoles y faisaient des cours de taille ». Lui-même devint formateur en taille au lycée agricole de Montauban. Il se passionna professionnellement pour ce métier. À partir de 1949, il prit des responsabilités dans la coopérative de Verdun-sur-Garonne. Il fit aussi partie des fondateurs de la coopérative fruitière de Bessens (Tarn-et-Garonne).
Sollicité en 1954 par des élus locaux (dont le maire de Grisolles, chef-lieu de canton), il s’engagea dans la création du Cercle des jeunes (organisation alors de loisirs de la CGA (Confédération générale de l’agriculture, issue de la Résistance) avant de devenir en 1956 branche jeune du syndicalisme FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) sous le nom de « CNJA » (Centre national des jeunes agriculteurs). Il passa ensuite à la FDSEA (Fédération départementale).
En 1969, une partie des responsables et adhérents firent scission de la FDSEA et créent un syndicat départemental Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux) dont il fut trésorier pendant quatre ans, puis président pendant six ans ainsi que, pendant 16 années, président régional Midi-Pyrénées. Il participa aussi au Comité directeur national. Le Modef du Tarn-et-Garonne s’était constitué une large assise, bénéficiant de scores très significatifs aux élections professionnelles (28,5 % des suffrages exprimés en 1983, l’un des tous premiers résultats départementaux de cette Confédération).
Antoine Planèze, soucieux de l’indépendance syndicale vis-à-vis des partis (il appartint dans les années 1980 au PCF, qu’il quitta pour prendre une carte au Parti radical de gauche). Sur le plan syndical, il était en recherche d’options plus larges. C’est dans ces conditions qu’il se rapprocha de l’Afip (Association pour la formation et l’information paysannes) en constitution en 1980 et devint en 1981 président de son Centre régional de formation paysanne (CRFP) Midi-Pyrénées sis à Bruguières (Haute-Garonne) et animé par Alain Brunel. Cette structure prendra ultérieurement pour nom « FoRum » (Formations Rurales en Midi-Pyrénées). Elle s’affilia en même temps à la FNCIVAM (Fédération nationale des centres d’information et de vulgarisation agricole et ménager agricole, elle sera ultérieurement rebaptisée « Fédération nationale des centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural »). À la Fédération régionale des CIVAM et aussi à la Fédération nationale, l’enseignant-chercheur Bernard Mondy, lui aussi de la commune de Grisolles, jouait un rôle croissant.
Devenu président du CRFP-FoRum, Alain Planèze devint par la même occasion administrateur national de l’Afip. Il considérait que le fait d’avoir eu l’occasion dans ce cadre de côtoyer des responsables professionnels de générations et trajectoires très diverses lui avait ouvert des horizons nouveaux qui avaient changé les perspectives de ses engagements et éclairé des possibilités nouvelles de réflexions et d’alliances.
FoRum aura plus tard une antenne à Millau animée par Alice Monier, compagne puis épouse de José Bové avant qu’ils ne se séparent.
Avec d’autres responsables et adhérents du Modef du Tarn-et-Garonne dont Max Andreis qui avait été responsable national en vue de la Fédération nationale de jeunesse du Modef, Alain Planèze et ses partisans choisissent de rejoindre ultérieurement, en 1990, la Confédération paysanne. Il avait participé activement en 1987 aux Assises paysannes de Bondy qui étaient pré-fondatrices de cette organisation de regroupement syndical progressiste.
Retraité à partir de 65 ans, il avait continué à consacrer du temps à sa passion pour la minéralogie (dans le cadre du club de Blagnac) et collectionnait pierres et autres minéraux, n’hésitant pas à voyager à l’étranger pour cela. Il s’adonnait aussi au chant choral et prenait des cours d’occitan.
La santé d’Alain Planèze s’étant fortement dégradée depuis quelques années, il avait été en placé en 2008 en institution dans le canton à Grisolles, près du domicile familial.
Il décéda le 24 avril 2010.
Dans l’action publique, Alain Planèze a laissé à nombre de ceux qui l’ont côtoyé l’image de l’« honnête homme » à l’esprit ouvert, du militant engagé pour le bien commun, soucieux de discussions et fonctionnements démocratiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181449, notice PLANÈZE Antoine par Serge Cordellier, version mise en ligne le 7 juin 2016, dernière modification le 7 juin 2016.

Par Serge Cordellier

SOURCES : Florian Ascaso, Éric Lafargue, « La vie d’un agriculteur militant », in La Feuille de chou, n° 12, Association « Les Trois Ponts de Saint-Jory », sept. 1998, pp. 13-16. – Témoignage complémentaire de Jean-Marc Planèze (neveu d’Antoine Planèze) recueilli par Jean Morère en août 2015 − L’espoir rural du Tarn-et-Garonne, journal mensuel du Modef départemental pour la période. − Divers entretiens avec Alain Planèze recueillis par Serge Cordellier (1982-2008) – Divers échanges entre Max Andreis et Serge Cordellier. − Frédéric. Lindenstaedt (alors secrétaire général du Modef), Nous autres, Modef. 40 ans de luttes syndicales pour l’exploitation familiale et le 25e anniversaire du Modef, Éd. L’exploitant familial, Angoulême, 1984, multigraphié, 55 f. − Serge Cordellier, Contribution à l’histoire de l’Afip dans la période 1980-1987, Paris, 2004, Archives Afip, non publié, 36 f. − Serge Cordellier, « Syndicalisme : du monopole au pluralisme », in « L’univers des organisations professionnelles agricoles », POUR, n° 196-197, avril 1998, pp. 137-150. Voir plus particulièrement les § « Aux origines du CNJA », pp. 140-142 ; « Aux origines du Modef », pp. 138-140 ; « Aux origines de la Confédération paysanne », pp. 145-147. – Serge Cordellier, Des syndicats paysans rouges de l’entre-deux-guerres à la gauche paysanne moderne, 2016, 44 f. (à paraître). − Archives Afip (dont dossier « FoRum »). − Archives personnelles Serge Cordellier (dossier « Modef »).

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