TREGER Frédéric

Par Pierre Boulay, Léon Strauss

Né le 31 décembre 1914 à Oberseebach (aujourd’hui Seebach), Basse-Alsace annexée, mort le 30 décembre 2014 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; instituteur dans le Bas-Rhin ; militant du SNI, du CLAJ, du Parti socialiste SFIO, du PSU, de la Ligue de l’Enseignement, de la FCPE.

Frédéric Treger était le fils de Martin Treger et de son épouse Marguerite Woehl, tous deux issus de familles paysannes protestantes réformées d’Alsace du Nord. Ils ouvrirent un commerce d’épicerie et de mercerie au centre d’Oberseebach, mais le père devint installateur en électricité. Frédéric fréquenta l’école communale protestante mixte de son village puis l’école primaire supérieure à Strasbourg. À l’école normale d’instituteurs (protestante selon le statut scolaire d’Alsace et de Lorraine) de Strasbourg qu’il fréquenta de 1929 à 1934, il fut fortement marqué par l’enseignement et les engagements socialiste et laïque de l’un de ses professeurs, Marcel-Edmond Naegelen*. Après avoir réussi le CAP, il fut envoyé, comme ce fut le cas souvent des élèves-maîtres alsaciens dialectophones à cette époque, en stage dans des écoles de « l’intérieur » à Mâcon (Saône-et-Loire), puis à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie). Il fit son service militaire de 1935 à 1937, puis revint dans le Bas-Rhin où il fut nommé à l’école primaire protestante de Hoenheim dans la banlieue de Strasbourg . Il adhérait alors au SNI et au CLAJ. Mobilisé en 1939, il fut fait prisonnier en juin 1940, mais fut libéré en tant qu’Alsacien en juillet. Pour être intégré dans l’enseignement dans l’Alsace annexée de fait, germanisée et nazifiée, il dut accepter de partir en Umschulung (rééducation ) à Karlsruhe (Bade) d’octobre à décembre 1940. À l’issue de cette période d’endoctrinement, il fut affecté « provisoirement », comme la majorité de ses collègues alsaciens dans un village badois, Zoznegg (aujourd’hui Mühlingen) près de Constance. Incorporé de force dans la Wehrmacht en juin 1943, il arriva sur le front russe le 26 décembre 1943. Le lendemain, avec trois autres Alsaciens-Lorrains, il réussit à s’évader. Fait prisonnier par l’armée rouge, il fut interné dans divers camps de prisonniers dont, à partir du 25 mai 1944 celui de Tambov, où les Soviétiques concentrèrent la plupart des « Malgré-nous » Il eut la chance de faire partie du « groupe des 1500 » libérés le 7 juillet 1944 à la suite d’un accord conclu à Moscou entre le gouvernement soviétique et les représentants du CFLN. Conduits par les Russes en train à Téhéran (Iran), ils y furent pris en charge par les Britanniques et via Haïfa (Palestine) et Tarente (Italie), parvinrent à Alger le 29 août 1944. Il fut à nouveau mobilisé dans l’armée française. Son unité fut affectée dans le Constantinois, mais ne participa pas directement à la répression de l’insurrection algérienne du 8 mai 1945. Rapatrié en métropole, il fut démobilisé à Strasbourg le 25 août 1945.
Il enseigna à nouveau à Hoenheim (1945-1946), puis à l’école protestante de Wissembourg (1946-1957). Chargé des œuvres scolaires à Wissembourg de 1957 à 1960, il fut muté à l’école Louvois à Strasbourg en 1960. Militant du SNI, il était un adepte fervent de la méthode Freinet. Il fut secrétaire de la section locale du parti socialiste SFIO de 1947 à 1957, membre suppléant du comité fédéral (au moins en 1950 et 1951) et candidat de son parti aux cantonales de 1948. En 1960, il participa à la création de la fédération PSU du Bas-Rhin. Il avait repris ses activités ajistes au CLAJ jusqu’en 1952. Il fut également secrétaire de la section de Wissembourg de la Ligue des Droits de l’Homme (1950-1960), puis plus tard trésorier de la section de Strasbourg de 1980 à 2000. Militant de la Ligue française de l’Enseignement, il fut détaché de l’Éducation nationale comme permanent de la Fédération des Œuvres laïques du Bas-Rhin à Strasbourg de 1961 à son départ à la retraite en 1970. Il participa aux travaux de deux loges du Grand Orient de 1980 à 2000. Il fut aussi membre du CA du Comité Alexis Danan (protection de l’enfance) et président de la Fédération départementale de la FCPE.
Frédéric Treger a épousé en 1952 Hélène-Marie Wilfersheim, étudiante en médecine, ultérieurement médecin du travail. Une fille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181456, notice TREGER Frédéric par Pierre Boulay, Léon Strauss, version mise en ligne le 6 juin 2016, dernière modification le 23 mai 2017.

Par Pierre Boulay, Léon Strauss

Sources : Notice autobiographique – Frédéric Treger, Six années de guerre par trois continents, multigraphié – Entretiens avec Mme Treger et sa fille Michèle, ainsi qu’avec Jean-Michel Nest, ancien permanent de la FOL – Gerbes de Souvenir, Club MGEN du Bas-Rhin, s.d., -Dernières Nouvelles d’Alsace, 30 octobre 1996, 28 mai 2006, 13 avril 2010, 31 décembre 2014 – L’Ami Hebdo , Strasbourg, 13 février 2014.

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