WARINGHIEN Gaston, Joseph

Par Alain Dalançon, Gérard Réquigny

Né le 29 juillet 1901 à Lille (Nord), mort le 20 décembre 1991 à Paris (XIIIe arr.) ; professeur agrégé de grammaire ; espérantiste, président de l’Académie d’Espéranto, militant socialiste, militant syndicaliste du SNES.

Gaston Waringhien
Gaston Waringhien

Fils d’Arthur Waringhien, instituteur, et d’Elisa Descamps, sans profession, Gaston Waringhien fut un brillant lycéen. Au moment où il préparait son baccalauréat, il découvrit à 16 ans l’espéranto auquel il voua une grande partie de sa vie. Puis il effectua des études supérieures de lettres à la faculté de Lille (licence en 1920, diplôme d’études supérieures d’histoire des religions en 1921). Passionné par la philologie, boursier d’agrégation à Lille, il fut reçu à l’agrégation de grammaire en 1923. Professeur de lettres à Douai (Nord) en 1923, il effectua son service militaire en 1924-1925 au 13e Régiment d’infanterie, suivit les EOR dont il sortit sous-lieutenant de réserve, puis reprit un poste de professeur à Tourcoing (Nord) et à Lille au lycée Faidherbe en 1926.

Le 30 août 1922, il se maria à Lille, avec Andrée, Marie Delebarre, professeure agrégée de Lettres, fille d’un dentiste, avec qui il eut trois enfants.

Au cours de l’année 1931, il adhéra au Parti socialiste SFIO, puis en 1933, il entra à la loge maçonnique mixte et internationaliste du « Droit humain », dont il devint orateur. En 1935, il fut élu conseiller municipal de Lille sur la liste de Roger Salengro (futur ministre de l’Intérieur du Front Populaire) et devint en 1936, secrétaire départemental de Ligue des Droits de l’homme. Il collabora à des ouvrages d’espéranto et à des traductions en espéranto de Maxime de La Rochefoucauld ou de Courteline.

En 1939, Gaston Waringhien fut muté au lycée Descartes à Tours (Indre-et-Loire). Mobilisé le 3 septembre comme officier du renseignement pour le chiffrement à l’état-major, il fut fait prisonnier en Alsace, le 27 juin 1940. En France, il fut démissionnaire d’office en novembre 1941 comme franc-maçon. En Allemagne, condamné pour écoute clandestine de la radio anglaise en 1942, il fut transféré à l’Oflag XC de Lübeck, jusqu’à la libération du camp par les Britanniques, le 2 mai 1945. Pendant ces années, il consacra une partie de son temps à écrire un petit manuel d’espéranto.

À la rentrée 1945, il reprit son enseignement au lycée Descartes de Tours puis, en 1947, fut nommé professeur de littérature française à l’Institut de Touraine, la capitale tourangelle ne disposant pas encore d’université.

Il refusa de renouveler son adhésion au Parti socialiste SFIO comme à la franc-maçonnerie, considérant que ces organisations n’avaient pas, durant la guerre, exprimé une quelconque solidarité avec leurs membres prisonniers, contrairement au mouvement espérantiste, pourtant interdit.

Militant du Syndicat national de l’enseignement secondaire, il fut élu suppléant à sa commission administrative nationale sur la liste « A » des partisans de l’autonomie. En 1949, il fut nommé au lycée Lakanal de Sceaux et s’installa à Choisy-le-Roi (Seine, Val de Marne) alors que son épouse, professeur au lycée Marie Curie à Sceaux, animait la pratique théâtrale dans l’établissement.

Gaston Waringhien contribua à plusieurs ouvrages dont Le Français élémentaire dans le cadre de la commission ministérielle Gougenheim-Benveniste (1951) et collabora au Grand Larousse encyclopédique (1959).

Après une importante opération des yeux, il fut admis à la retraite comme professeur honoraire en 1962.

À partir de ce moment, il se consacra totalement à l’espéranto auquel il avait déjà beaucoup donné depuis 1917. Il reste en effet surtout connu comme linguiste et lexicographe espérantophone français, rédacteur du Plena Vortaro (1930) et rédacteur en chef du Plena Ilustrita Vortaro (1970), dictionnaires de référence de l’Espéranto, du Grand Dictionnaire Espéranto-Français (1957) et de Plena Analiza Gramatiko (1935, 1938, 1981 avec Kálmán Kalocsay). Parmi ses œuvres, on compte aussi des poèmes, des essais et des traités linguistiques. Poète, il réalisa, avec Kalocsay, un guide pour les poètes (Parnasa gvidlibro, Budapest, 1932). Sous le pseudonyme de G. E. Maŭran, il écrivit le recueil Duonvoĉe et traduisit de nombreuses œuvres de la poésie française. Il lança et dirigea la revue littéraire niçoise bimestrielle Nica Literatura Revuo qui parut de 1955 à 1962, où furent publiées des œuvres littéraires importantes originales et traduites, ainsi que quelques-uns de ses poèmes sous son pseudonyme.

En 1934, il avait fondé l’Institut français d’Espéranto qu’il présida jusqu’en 1963, année où il fut élu président de l’Académie d’Espéranto, dont il était membre depuis 1946, et le resta jusqu’en 1979.

Dans son ABC d’espéranto à l’usage de ceux qui aiment les lettres, réédité par l’Harmattan en 2001, il définissait la raison profonde de l’attrait pour la langue universelle dont il fut le héraut : « On éprouve, à manier l’espéranto, une impression d’aisance créatrice, qu’on ne retrouve nulle part ailleurs, et qui donne à cette langue un charme très spécial. »

Gaston Waringhien fut inhumé, aux côtés de son épouse décédée en 1977, à Aigné, un village de la Sarthe dans la banlieue du Mans, qui attribua son nom à sa bibliothèque municipale ainsi qu’à une de ses rues. À l’occasion du Congrès mondial d’Espéranto, à Lille en 2015, l’Association mondiale d’Espéranto et la ville de Lille lui rendirent hommage en dévoilant une plaque commémorative sur la maison où il était né.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181683, notice WARINGHIEN Gaston, Joseph par Alain Dalançon, Gérard Réquigny, version mise en ligne le 13 juin 2016, dernière modification le 10 décembre 2018.

Par Alain Dalançon, Gérard Réquigny

Gaston Waringhien
Gaston Waringhien

ŒUVRE : le fichier de la BNF comprenait en 2016, 35 références.

SOURCES : Arch. Nat., F17/28069. — Arch. IRHSES. — Exposition sur Gaston Waringhien : http://blogodelagem.blogspot.fr/2011/08/exposition-sur-gaston-waringhien.html.~— Conférence radiophonique de Claude et Andrée Gacond : http://www.esperanto-gacond.ch/SRI/SRI-1992/Radioprelego-1992-02-13-Claude-kaj-Andree-GACOND-Mortis-Gaston-Waringhien.pdf.~— Le congrès mondial à Lille en 2015 : http://www.lve-esperanto.org/lille2015/fr/mondial/programme/public-dates.htm.~— Gaston Waringhien, 1901-1991, heroldo de la internacia lingvo / Gaston Waringhien, 1901-1991, héraut de la langue internationale, publié à compte d’auteur par André Cherpillod en 2000. — Arch. Départ. Nord : état civil Lille, registre matricule. — Notes de Jacques Girault.

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