BUISSONNIÈRE Jules

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 23 septembre 1877 à Montcombroux-les-Mines (Allier), mort le 21 avril 1957 à Lapalisse (Allier) ; employé de chemin de fer ; syndicaliste ; coopérateur.

Cheminot, Jules Buissonnière s’intéressa aux activités sociales et politiques dès l’âge de dix-sept ans. De 1903 à 1910, il fut forgeron aux ateliers des chemins de fer de l’État à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), où il habita rue d’Eauplet. Il fut secrétaire du syndicat des cheminots de Sotteville, mais avait été remplacé à ce poste quelque temps avant la grève. Selon la police, il aurait été plus calme qu’Alleaume, Berthelot, Legouzoulec*, ou Leteurtre, mais, selon elle, il était très dangereux, car très écouté. Révoqué le 15 octobre 1910 pour fait de grève, il fut réintégré l’année suivante à Orléans. Délégué du personnel, il avait été élu conseiller prud’homme le 1er juillet 1910. En 1917, il fonda la coopérative « Maison du Peuple » d’Orléans et la présida durant cinq ans.
Un rapport de police du 12 avril 1920 le qualifiait ainsi : « Aussi révolutionnaire peut-être que Berthelot, il est cependant moins violent dans ses paroles ; plus maître de soi, d’élocution facile, il aurait une influence plus grande sur les syndiqués dont il paraît avoir l’estime » s’il venait à remplacer Berthelot qui parle de se retirer.
Sans doute fut-il réintégré après une seconde révocation en 1920 car en 1926, il parlait dans un meeting de la CGTU à Orléans. En opposition avec les thèses de la majorité, il était accusé en février 1930 par le Travailleur de faire partie « des cheffaillons anarcho-réformistes qui dirigent le syndicat Orléans-État ». Membre du Comité des 22 pour l’indépendance syndicale et l’unité, Jules Buissonnière intervint le 11 janvier 1931 à la Conférence organisée par les 22 à la Bourse du Travail de Paris. En avril 1931, le Travailleur faisait état d’un Comité de propagande pour l’unité syndicale créé au début de l’année à Orléans par ce militant. Et si la CE de l’UR unitaire reconnaissait que ce comité « contient de bons ouvriers, soit unitaires, soit professionnels, soit autonomes, soit confédérés, qui croient œuvrer pour la réalisation d’une unité basée sur la lutte contre la bourgeoisie, elle mettait néanmoins en garde contre Buissonnière qui « depuis quinze mois, a fui tout travail commun avec les organismes réguliers de l’UR et de l’UL d’Orléans, a refusé de se soumettre aux décisions du congrès, a saboté les élections au Conseil supérieur des chemins de fer ».
En décembre, le Travailleur dénonçait « les chefs minoritaires du réseau État qui, dans une proclamation commune avec les dirigeants confédérés, invitent les cheminots à rentrer dans l’Union cégétiste ».
En janvier 1932 cependant, l’unité était pratiquement réalisée chez les cheminots de l’État. Et après une assemblée générale de fusion et la démission des anciens bureaux confédéré et unitaire, un nouveau bureau fut désigné avec Buissonnière secrétaire, Maurice Clément secrétaire adjoint, Bétier trésorier, Maury trésorier adjoint, Marielle archiviste.
Buissonnière prit sa retraite à Lapalisse (Allier) et y présida la section des retraités des cheminots. Il y fonda aussi la coopérative « La Fraternelle » qu’il présida de 1945 à 1952.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18169, notice BUISSONNIÈRE Jules par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 5 juillet 2016.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/113 000, rapport du 12 avril 1920 et F7/13606. — Le Travailleur, 4 avril et 5 décembre 1931. — L’Avenir syndical du Centre, 1er mars 1931. — L’Aurore du Centre, janvier 1932. — Le Cri du Peuple, 1930-1931. — Arch. Dép. de Seine-Maritime, cote 10M 388.

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