BULAND Jeanne, Eugénie. Pseudonyme : DULAC Jeanne

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Née le 13 février 1904 à Paris (XIIe arr.), morte le 16 février 1969 à Paris Xe arr. ; sténo-dactylographe puis permanente ; secrétaire de la section féminine centrale du PC ; aurait été élue au comité central lors du congrès de Saint-Denis (31 mars-7 avril 1929) ; retirée des responsabilités en 1935

Jeanne Buland habita avec ses parents (voir Joannès Buland et Marie Buland née Castellaz), 1, rue Capri dans le XIIe arr. et conserva l’appartement après leur décès. Son père, ouvrier en vins aux Halles aux vins, et sa mère, ménagère, (sœur de Louis Castellaz) étaient des militants actifs du 3e rayon puis du 13e rayon communiste et du Secours ouvrier international. Son frère, un ans plus jeune qu’elle était franc-maçon et vivait aussi aussi chez leurs parents. En 1931, elle déclarait : « avec mon oncle, ai rompu dès sa trahison et publiquement. »

Titulaire du brevet élémentaire, militante des Jeunesses communistes depuis 1923 et du Parti communiste depuis juillet 1924, elle déclarait « être venue beaucoup plus par sentimentalisme que par compréhension, mais venue de moi-même ».

Elle était en juin 1925, secrétaire du groupe du XIIe arr. des Amis de l’Avenir social (orphelinat ouvrier d’Epône, Seine-et-Oise), dont elle fut secrétaire en janvier 1926, et semblait s’occuper du militantisme des étrangers présents dans la région parisienne. La police s’interrogeait alors sur l’importante correspondance qu’elle recevait de France et de l’étranger. Jeanne Buland s’intéressait déjà au journal communiste l’Ouvrière qu’elle vendait sur la voie publique. Elle travailla à partir de juin 1921 comme sténo-dactylo, d’abord au service d’exportation de Bozou-Verduraz jusqu’en 1924, puis chez Jourdan, joaillier du 9e arr. jusqu’en avril 1926. Elle quitta cet emploi payé 800 F par mois pour partir en URSS suivre l’École léniniste internationale de mai 1926 à juin 1928 sous le nom de Bonneau. Les jugements de ses formateurs furent sévères : « capacité : moyenne ; activité : insuffisante ; succès : passables ; a montré de l’insuffisance dans le travail indépendant. ». Elle resta en URSS d’août à septembre 1928 pour, déclara-t-elle, assister aux Spartiakades (Jeux Olympiques ouvriers). La police signala qu’en décembre 1928 elle servit d’intermédiaire « pour l’échange de la correspondance entre les Comités des Balkans (Affaire Varadi dit « Urback ") » - Arch. J. Maitron. Lorsqu’elle revint fin 1928, le PC lui demanda d’être permanente pour la région parisienne puis pour la section féminine centrale et ce jusqu’en novembre 1930. Plus disposée pour l’agitation que pour l’organisation, selon son propre jugement, elle participa aux grèves du Nord de fin 1928, aux grèves d’Aubervilliers (Barbier Thurenne, Franck), de Pantin (verrerie Coty), de la Courneuve (Stein) se spécialisant dans l’intervention aux portes des usines.

L’année 1929 vit son entrée dans des instances dirigeantes du Parti communiste. Selon les rapports de police, le congrès national réuni à Saint-Denis du 31 mars au 7 avril 1929 l’élut membre du Comité central et secrétaire de la Section féminine centrale. En raison des conditions de semi-clandestinité, la liste du Comité central pour l’année 1929 est mal connue (voir liste du CC du PCF, t. 16) et l’élection de J. Buland est incertaine. Deux indications rendent cependant vraisemblable son appartenance au CC : elle publia dans les Cahiers du Bolchevisme de juin 1929 un article intitulé : « Notre VIe congrès national et la conquête des ouvrières à travers la préparation du 1er août » reprenant les grands thèmes de la politique « classe contre classe » : « contre la trahison socialiste », contre la « guerre qui vient », pour une action avec les « couches les plus exploitées » ; elle fut arrêtée le 21 juillet 1929 à la Maison du Peuple de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) au cours d’une réunion clandestine organisée par la direction du Parti. J. Buland entra à la prison Saint-Lazare le 22 juillet en attendant sa mise en liberté provisoire le 2 août 1929. Pendant les deux années qui suivirent, elle connut d’autres ennuis avec la justice : la 13e chambre correctionnelle de la Seine la condamna, par défaut, dans le cadre de l’affaire Varagnat, à deux ans de prison et 3 000 francs d’amende pour « provocation de militaires à la désobéissance » ; arrêtée le 18 mars 1931 elle fut relaxée par la 13e Chambre le 20 mars. Elle occupait des responsabilités dans la région parisienne et à la direction du travail féminin. La conférence de la 4e Entente des Jeunesses communistes (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne, Oise), réunie le 9 février 1930 à la Maison des syndicats, la désigna au secrétariat avec Léon Bonefons*, Henri Varagnat*, Michel Marty*, Georges Tarlier,*, Pierre Lorin* dit Martin, et Pierre Philippe* dit Damien. Elle jouissait d’une grande influence à la direction communiste de la région parisienne, en raison, semble-t-il, de l’appui que lui accordait Pierre Semard. Lorsqu’en novembre 1930 Maurice Thorez*, chargé des fonctions de secrétaire général, réorganisa la direction parisienne, il écarta Jeanne Buland au profit de Louis Cassiot*. De novembre 1930 à mai 1931, sans travail, illégale, elle vécut grâce à l’aide de ses parents et de son compagnon, Pierre Blond* dit Lenoir. En août 1931, la maison Boudet (lunetier du 3e arr.) l’embaucha comme comptable à 1 000 F par mois. Au début de l’année 1932 elle était encore membre de la Commission centrale féminine de la CGTU comme déléguée des Métaux et secrétaire de la section féminine centrale du Parti. Elle démissionna de cette fonction en avril et fut privée de toute responsabilité dans le Parti en novembre 1932. Faut-il voir dans cette sanction une répercussion tardive de l’élimination de la direction Barbé-Celor ou, comme le pense Albert Vassart*, la constatation de son échec à la section féminine ? (A. Vassart, Mémoires, op. cit.). Jeanne Buland présidait l’Union fraternelle des femmes contre la guerre depuis 1929. Malgré l’inéligibilité des femmes, le Parti communiste annonça, en mars 1932, sa candidature aux élections législatives dans le IVe arr. de Paris. À la fin de l’année 1933, elle prit la parole aux obsèques d’un militant de Pantin (La Voix de l’Est, 3 décembre 1933). A-t-elle un rapport avec J. Bulhau* de la direction du rayon communiste d’Aubervilliers aux côtés de son compagnon, Lenoir ?

Après son retrait forcé des fonctions nationales, Jeanne Buland fut affectée à l’Union régionale des comités de chômeurs pour animer le Mouvement des femmes sans travail, fonction qu’elle conserva jusqu’en 1935 au moins. Elle devint gérante du journal Femme défends-toi le 12 avril 1935.

Une note du comité de la région parisienne intitulée, du 17 janvier 1935, « Affaire Jeanne Buland », notifie la « suspension du parti de Jeanne Buland pour sa lutte sans principe menée systématiquement depuis déjà plusieurs années et plus particulièrement au cours de 1935, où de sa part a été effectuée une activité aboutissant à porter préjudice à l’unité du Parti. Le Comité de Région Paris-Ville fait obligation à Jeanne Buland pour les mêmes motifs, de n’occuper aucune fonction dans les organisations. »

Un rapport de Jean Chaumeil devant l’assemblée de responsables aux cadres de la région parisienne, le 7 octobre 1944, évoque son nom pour s’étonner du manque de vigilance des responsables du XIIe arr. qui ont laissé une exclue de l’avant-guerre jouer un rôle dans l’insurrection parisienne.

Marcel Servin fit, en 1950, preuve de la même vigilance. Elle militait alors dans l"Eure :" Secrétariat du PCF 13 mars 1950 : accord avec SMC, Jeanne Buland seulement au comité fédéral" ; "Secrétariat du PCF 16 mai 1950 : Vérifier l’activité de Jeanne Buland dans la fédération (Servin)" ; "Secrétariat du PCF du 4 décembre 1950 : Suivre l’activité de Buland, de retour à Paris 13e. "

Notons que son compagnon, Pierre Blond dit Lenoir mourut le 30 mars 1950 à Evreux (Eure). On peut donc penser qu’elle était toujours la compagne de Pierre Blond dans l’Eure et qu’elle revint à Paris après son décès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18172, notice BULAND Jeanne, Eugénie. Pseudonyme : DULAC Jeanne par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 21 décembre 2020.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Appel des Soviets, collection Jean-Richard Bloch, communiqué par Rachel Mazuy.

ŒUVRE : Femme, défends-toi, Paris, 1932, 24 p. — « Histoire de la grève Jaeger », Cahiers du Bolchevisme, n° 23, 1er décembre 1932. — « Travail de masse pour l’Ouvrière ", Cahiers du Bolchevisme, juillet 1930.

SOURCES : RGASPI, Moscou, 495 270 8558, autobiographie de Jeanne Buland. — Arch. comité national du PCF. — Arch. PPo. 100, mai 1930. — Arch. J. Maitron. — Cahiers du Bolchevisme, juin 1929. — A. Vassart, Mémoires inédits. op. cit.Le problème des cadres, rapport présenté par le camarade Chaumeil à l’Assemblée des responsables aux cadres de la région parisienne et de l’ex-zone Nord, 7 octobre 1944 à la mutualité de Paris.

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