SAVON Gilbert

Par Jean-Louis Ponnavoy

Né le 20 juin 1910 à Marseille (Bouches-du-Rhône), fusillé le 1er avril 1944 à Karlsruhe (Allemagne) ; commerçant ; résistant du réseau SR Alliance.

Gilbert Savon était le fils d’un marchand de charbon en gros qui possédait des commerces en France, à Alger et en Angleterre. Il se maria avec Daphné Joyce.
Après des études dans une école d’agriculture et s’être essayé à la peinture, il reprit le commerce de son père.

Lors de la déclaration de guerre, il fut envoyé faire un stage d’interprète militaire en Angleterre puis participa aux combats de Dunkerque et fut évacué en Angleterre où il trouva après sa démobilisation le 10 juillet 1940 un emploi de commerce, à Londres. Souhaitant rentrer en France, il dut d’abord être initié à l’utilisation des codes par les services secrets anglais.

Il retrouva Marseille en août 1941 et en novembre par l’intermédiaire de Gabriel Rivière il entra au réseau Alliance où il devint agent principal de renseignements sur la région Méditerranée et le secteur de Marseille "Bonne Mère" avec le pseudonyme de "Blaireau". Grâce à son métier il avait facilement accès au port de Marseille et pouvait suivre les livraisons de carburant, l’approvisionnement en électricité, les mouvements de troupes et de navires, particulièrement les sous-marins. Il transmettait toutes ces informations ainsi que des plans des installations en construction dans le port de Marseille et les mouvements de l’aéroport de Nîmes (Gard). En outre il recruta de nouveaux agents dont Georges Talon.

Il fut arrêté le 12 février 1943 et déporté via le camp de Compiègne à destination de l’Allemagne et de la prison de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg, Allemagne), à une date imprécise. Le 18 novembre le dossier d’accusation d’espionnage au profit d’une puissance ennemie fut transmis par la Gestapo de Strasbourg au Tribunal de guerre du Reich sous la classification "NN" (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard) et Gilbert Savon fut traduit les 15 et 16 décembre 1943, devant le 3e Senat (chambre) du Tribunal de guerre présidé par le juge Karl Schmauser, ainsi que quatre autres co-inculpés formant le groupe Lynen.

Le lendemain du procès il fut transféré à la forteresse de Bruchsal (Bade-Wurtemberg, Allemagne). Condamné à mort, le jugement fut confirmé le 20 janvier 1944 par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal, et à l’aube du 1er avril 1944 il fut extrait de sa cellule ainsi que 13 autres coinculpés pour être conduit au champ de tir de la Wehrmacht, dans la forêt du Hardtwald, à Karlsruhe (Bade-Wurtemberg, Allemagne) et fusillé à 7h08 en compagnie de Jean Burel-Danis. Les cadavres furent jetés dans une fosse commune, à l’extérieur de l’enceinte du cimetière central de Karlsruhe.

En mai 1945 ils furent découverts par l’armée française et inhumés avec les honneurs militaires le 30 juin 1945 dans le cimetière français. Le 3 juillet 1947, les corps furent à nouveau exhumés et retrouvèrent pour la plupart leur commune d’origine. Depuis le 1er avril 2014, une stèle rappelle à Karlsruhe leur sacrifice.

Il obtint la mention "Mort en déportation" par arrêté du 1er avril 1998.

Son nom figure sur la plaque commémorative de la basilique du Sacré-Cœur, à Marseille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181732, notice SAVON Gilbert par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 15 juin 2016, dernière modification le 7 mai 2021.

Par Jean-Louis Ponnavoy

Gilbert Savon le jour de son mariage, peu de temps avant son arrestation

SOURCES : Auguste Gerhards, Tribunal de Guerre du IIIe Reich, éditions le cherche midi et ministère de la défense Paris, 2014. — Livre Mémorial des Déportés de France de la F.M.D. tome 1. — Brochure Karlsruhe Erinnert éditée par la ville de Karlsruhe en 2015. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Mémorial GenWeb.

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