MODIANO Georges, Nissim

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 23 mars 1913 à Salonique (Grèce), massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; commerçant ; victime civile.

Georges, Nissim Modiano était le fils de Lévy Modiano et de Régine Amar. Les Modiano étaient italiens. Ils arrivèrent en France le 13 novembre 1926. A partir du 1er décembre 1937, Georges Modiano travailla comme agent commercial dans la société d’entreposage et de distribution de pétrole Solydit, située 40 quai Gailleton à Lyon (IIe arr., Rhône). Il résida dans la pension de famille « Family-House », au 59 avenue Maréchal Foch à Lyon (VIe arr.), avec sa mère qui était veuve et sans emploi.

Georges Modiano s’engagea dans l’armée française le 25 août 1939 à Lyon. Il fut affecté au 93e régiment d’artillerie de montagne puis au 154e régiment d’artillerie de position. Il se porta ensuite volontaire pour intégrer une formation anti-chars. Le 1er août 1940, il fut démobilisé avec le grade de brigadier.

Georges Modiano fut naturalisé français par décret du 16 janvier 1940. Suite à la loi du 22 juillet 1940, une enquête fut menée afin de déterminer si Georges Modiano devait être déchu de sa nationalité. Le rapport de police du 10 octobre 1940 conclut qu’il pouvait être maintenu dans la nationalité française. Georges Modiano se maria avec Germaine Victoria Jeannin après le 10 octobre 1940. En 1944, il demeurait au 24 rue Carnot à Saint-Fons (Rhône). Il était commerçant.

Arrêté le 8 août 1944 à Saint-Fons, il fut incarcéré à la prison de Montluc (Lyon), dans la « baraque aux Juifs ».

Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.

Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au-dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.

Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.

Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.

En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps de Georges Modiano fut retrouvé dans le charnier D, situé entre les hangars 75 et 80 et contenant 22 cadavres. Le médecin légiste constata qu’il avait reçu une balle dans la tête. Grâce au témoignage du seul rescapé de l’exécution du 17 août, Jacques Silbermann, nous pouvons déduire que la fosse D contenait 21 victimes du 17 août et 1 victime du 18 août (Charles Schwartz). Georges Modiano fit donc vraisemblablement partie du groupe des 49 exécutés du 17 août 1944.
Il fut découvert sur son corps un mouchoir à initiale « G » encadrée et un second mouchoir blanc à initiales « G.J ». Son cadavre fut décrit comme suit : 1m80, cheveux châtains clairs, longs, « le membre supérieur gauche […] atrophié et, à la face interne du bras gauche, [...] présence d’une rétraction des téguments ayant l’aspect d’une cicatrice ancienne ». Le corps de Georges Modiano, d’abord enregistré sous le numéro 82, fut identifié le 27 septembre 1944. Son acte de décès fut dressé le 27 septembre 1944 à Bron. Georges Modiano fut inhumé à Saint-Fons. Il laissa comme héritiers sa femme, sa mère et sa sœur, Esther Modiano.

Voir Bron (17-21 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181753, notice MODIANO Georges, Nissim par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 15 juin 2016, dernière modification le 6 décembre 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Georges, Nissim Modiano.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3460W1, 3808W866, 31J66, 61W72.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Site Internet de Yad Vashem.

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