VARRIERAS Roger, Yves

Par Jean-Noël Dutheil

Né le 11 octobre 1908 à Paris (XIVe arr.), mort le 14 mai 1972 au Chatelet (Cher) ; ouvrier ajusteur à l’usine Saint-Jacques de Montluçon (Allier) ; secrétaire du syndicat de l’usine SaintéJacques (Montluçon) 1936-1939 et 1945-1950 ; déporté en Algérie ; communiste.

Fils d’un scieur de long, originaire de Saint Médard la Rochette (Creuse), Roger Varriéras y épousa Hélène Brun le 6 avril 1931. Il occupa un poste d’ajusteur aux usines Saint Jacques de Montluçon à partir de mai 1934. Jeune métallurgiste, il participa, en juin 1936, à la renaissance du syndicat CGT de l’usine métallurgique de Saint Jacques à Montluçon qui appartint à la Compagnie Châtillon Commentry Neuves Maisons. Il devint secrétaire d’une section syndicale de 2 000 adhérents de 1937 à 1939. Il négocia et signa la Convention collective des Métaux de Montluçon-Commentry en septembre et octobre 1936. Il prit rapidement des responsabilités. Roger Varieras rédigea de nombreux articles qui parurent dans le Combat Social (organe de la SFIO). Se rapprochant du Parti communiste, Varieras y adhéra en 1936. En raison de l’importance prise par l’UL de Montluçon, il devint membre du bureau comme secrétaire aux Conventions Collectives et à l’arbitrage (23 avril 1938 et 13 avril 1939) et représenta l’UL à la Commission administrative de l’Union départementale (congrès des 1 et 2 octobre 1938).
En novembre 1938, il fit parti d’une délégation qui se rendit en Union Soviétique dont il revint enthousiasmé. Les frais de voyage furent financés par la vente de cartes dans les sections syndicales. Lors de la réunion extraordinaire du Conseil d’administration du 7octobre 1939, il vota, avec Vignaud, Cussinet et Delabre contre la déclaration du bureau confédéral et fut exclu de la CGT.
Robert Marchadier, chargé de réorganiser le Parti communiste clandestin, qui le connaissait en tant que syndicaliste et responsable du Parti communiste, le contacta. Varriéras le mit alors en relation avec les Bavay, père et fils. Il fut arrêté le 8 octobre 1940. Interné à Mons (Puy de Dôme), durant l’hiver, il fut dirigé sur le camp de Nexon. Le 1er mars, il partit pour la déportation en Algérie (Djelfa, Bossuet, Djenien Bou Rezg). À partir du 8 novembre 1942, les déportés furent petit à petit libérés, libre, Roger Varriéras organisa le Secours Populaire Algérien et fut rapatrié le 13 décembre 1944.
Il reprit ses responsabilités syndicales et politiques : il fut désigné au Comité de Gestion des usines Saint Jacques le 3 janvier 1945 en remplacement de Léon Guilhot, à l’Assemblée générale de la section syndicale de Saint Jacques du 13 mars 1946, il remplaça Berbichier au poste de secrétaire du syndicat. Les métaux se réorganisèrent au niveau départemental, il devint secrétaire de la nouvelle Union départementale des Syndicats de la Métallurgie de l’Allier (1946-1947), il fut remplacé par Antoine Vignaud, le 9 septembre 1947, membre du bureau de l’Union Départementale CGT (congrès des 26 et 27 juin 1948).
La conférence Régionale du PCF de Vichy (31 mars et 1 avril 1945) le désigna au bureau régional, responsable de la commission d’organisation. Il fut candidat, non élu, aux élections municipales d’octobre 1947, sur la liste communiste.
Son autorité sur les ouvriers l’entraîna vers des excès, et sa manière trop personnelle de conduire les négociations avec le directeur de l’usine fut l’objet des critiques. À la réunion de bureau de l’Union centrale du 25 mai 1949, le syndicat de Saint Jacques déplora sa position rigide, Varriéras se défendit en affirmant ne plus vouloir collaborer au syndicat qui, disait-il, allait vers son anéantissement. En janvier 1950, la Fédération des Métaux intervint suite à un problème due à une négligence du syndicat et en profita pour demander de solutionner plusieurs cas : Desforges, secrétaire des Employés Techniciens et Agents de Maîtrise, et Varriéras, permanent syndical.
Roger Tindilière dira de lui : de retour de déportation, Varriéras avait repris « sa place mais en oubliant un peu, je crois, que la résistance était finie et qu’il fallait maintenant faire autre chose. A l’époque, l’organisation lui avait demandé de quitter ses fonctions, ce qu’il avait fait, quittant l’usine du même coup, laissant les travailleurs partagés sur son sort. J’ai souvent entendu dire : « c’est vrai que çà n’allait pas avec lui mais quand même…il y avait, des années après, encore des pour et des contre. »
Il divorça le 25 octobre 1950, se remaria à Montluçon le 6 janvier 1953 et quitta Montluçon pour prendre un bar dans le Cher.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181786, notice VARRIERAS Roger, Yves par Jean-Noël Dutheil, version mise en ligne le 16 juin 2016, dernière modification le 16 juin 2016.

Par Jean-Noël Dutheil

SOURCES : Arch. Dép. Allier, 779W18. — Arch. de l’IHS CGT de l’Allier, compte rendu de congrès. — Témoignage oral de Roger TIindilière, 20 novembre 2015. — Roger TIindilière, Plein la vie, page 68. — André Serezat, Et les Bourbonnais se levèrent, pages 99 à 107. — Robert Fallut, Hoche, 1939-1945 La Résistance du tract à la lutte armée en Allier, pages 37, 53 et 54. — Presse Valmy 14 octobre 1947.

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