DESGRANDCHAMPS Gustave, Gaston, Célestin

Par François Ménétrier

Né le 15 mai 1890 à Reconquista del Norte (République Argentine), mort le 15 septembre 1976 à Annemasse (Haute-Savoie) ; ingénieur ; écrivain ; syndicaliste CGT ; franc-maçon.

Employé auxiliaire à la ville de Lyon de 1920 à 1925, puis en avril 1925 à Villeurbanne. Il a commencé sa carrière professionnelle comme dessinateur pour terminer ingénieur principal de 1ère classe honoraire, chef du service immobilier le 15 mai 1955 à son départ à la retraite, atteint par la limite d’âge après avoir accompli 42 ans 4 mois 24 jours de services civils et militaires. Ancien combattant de la Première Guerre mondiale - mobilisé le 2 août 1914 et démobilisé le 8 août 1919 -, il fut membre de l’association « Les poilus d’Orient » dans le Rhône et de l’ARAC, section de Montluel (Ain). Trésorier adjoint du Syndicat général CGT du personnel de la Mairie de Villeurbanne en 1928, il était toujours syndiqué en janvier 1944.

Sous divers pseudonymes, Reconquista, D’Hol, Félix Ducastel, Célestin Graindenave, X.GED, Le poète- maison, Desgrandckamps eut une activité littéraire et rédactionnelle conséquente depuis le milieu des années vingt : conteur, critique de livres, tant au Canard enchainé, que dans les colonnes du Bulletin municipal de Villeurbanne où il était recommandé « d’adresser les ouvrages pour compte rendu à M. Desgrandchamps, Service Immobilier, en Mairie ». Il exerça également son talent de « Poète-maison » pour des conférences, pour des hommages posthumes concernant des employés municipaux, pour présenter la lutte contre la diphtérie : « Mères ! Il faut protéger vos enfants de la diphtérie ! ».

Membre fondateur et secrétaire de l’association « Les amitiés littéraires et artistiques » de 1933 à 1936, il fut aussi journaliste de la presse quotidienne lyonnaise en 1933/1934 au journal Lyon Républicain (carte de presse de 1934). Il rédigea différents articles comme - à titre d’exemples de son éclectisme - un conte pour enfant La petite marchande de toux le 30 décembre 1933 ; ou encore une étude pour la création d’un journal socialiste Le Parti : journal de Villeurbanne qui ne vit pas le jour, sans oublier Un profil du Villeurbannais qui a su faire de sa ville « le fief du socialisme non doctrinal ». En bons termes avec Lazare Goujon*, il assura la confection de la maquette du Livre d’or édité sous le titre 10 ans d’administration, publié par le Ville de Villeurbanne en juillet 1934 à la veille des élections municipales de mai 1935 pour servir notamment de bilan de mandat du maire Lazare Goujon.

En août 1935, il fut élu délégué suppléant du personnel communal au Conseil de discipline intercommunal de l’arrondissement de Lyon.
Il rédigea le compte rendu du « Congrès des ingénieurs, adjoints techniques et agents du service vicinal » affiliés à la CGT, qui s’est tenu à Villeurbanne en juin 1936 en présence notamment de Marius Vivier-Merle*, secrétaire général de l’Union de syndicats CGT du Rhône.

Il prêta sa plume à Marcel Dutartre, adjoint au maire de Villeurbanne, ainsi qu’au maire lui-même, Camille Joly, pour certains de ses discours en séance du Conseil municipal, notamment lors de son hommage à Ernst Thaelmann, « citoyen d’honneur de Villeurbanne » en juillet 1936, ou encore pour saluer la mémoire de Vaillant-Couturier en octobre 1937.

Mandaté par le syndicat CGT du personnel municipal, il Il rédigea - sur 37 pages - un compte rendu du séjour en Union soviétique d’une délégation villeurbannaise sous le titre Voyage en URSS, un voyage organisé du 11 au 31 juillet 1936 par la municipalité villeurbannaise. De l’encouragement à la natalité, en passant par les visites d’écoles, de crèches, de logements à Moscou, sans oublier l’épuration des eaux usées, Gustave Desgrandchamps déclinait les mille et une réalisations soviétiques et apportait aux syndiqués villeurbannais « le salut fraternel des camarades fonctionnaires des Républiques soviétiques » de la part du Camarade Latsenko.

Il rédigea un essai, La Rize secrète rivière édité en décembre 1937 par une petite maison d’édition dans l’Ain, qu’il présentait en ces termes : « les éditions du Solitaire à Montluel, ce n’est rien d’autre que votre serviteur ».
C’est au syndiqué et auteur d’un long article sur Jaurès - lors du Congrès de la 9e région de la Fédération des services publics et de santé CGT qui s’est tenu à Villeurbanne au Palais du travail les 24 et 25 juin 1939 - que le secrétaire du syndicat CGT du personnel municipal de Villeurbanne, Félix Crouet*, dédicaça le programme du Congrès : « à mon camarade Desgrandchamps avec les félicitations et les remerciements du bureau fédéral ».

Il resta à son poste pendant la seconde guerre mondiale. Il participa en septembre 1939 à la défense passive de Villeurbanne. Il évoqua la culture du soja dans les colonnes du Bulletin municipal de Villeurbanne d’avril 1942 et reçut un prix de 300 francs pour le « plus beau plant de soja de France » en décembre 1943 ! Il assura - dès sa création en 1942 - le secrétariat du Comité directeur des collectivités de culture du personnel municipal chargé de passer des contrats de culture avec des cultivateurs de l’Isère et de l’Ain. Ce contrat consistait à mettre du personnel municipal à disposition des cultivateurs dans le but « de rapprocher l’ouvrier des villes de celui des campagnes ». Une dizaine d’employés municipaux furent ainsi « détachés à la culture ». Dans la « Page du personnel » du Bulletin municipal de cette période, Desgrandckamps alimenta régulièrement les rubriques « Nouvelles de nos cultures » et « Chroniques de la sécherie municipale » jusqu’à fin 1943-début 1944.

Il fut toutefois, selon son expression, « à un fil d’être relevé de son emploi » comme d’autres de ses collègues., Il fut néanmoins invité en décembre 1944 à comparaître devant un « Tribunal d’honneur des municipaux de Villeurbanne » en Mairie de Villeurbanne, invitation à comparaître signée par le secrétaire général du syndicat du personnel Antonin Gallien. Desgrandckamps croyait savoir, dit-il aux membres de ce tribunal, que ce qui l’amenait devant eux, c’était d’avoir écrit un sonnet de 14 vers adressé au Maréchal Pétain en novembre 1941. Il évoqua ses multiples écrits qui prouvaient son « attachement aux idées chères à la démocratie » et son appartenance au Comité directeur de l’ARAC du temps de Barbusse. En conclusion, il indiqua qu’il avait « aidé au cours des mois qui ont précédé la Libération, un des groupes de Résistance constitué à Lyon », ainsi que pouvait « en faire foi un certificat du Mouvement de Libération nationale » d’octobre 1944.

En janvier 1945, en tant que trésorier du « Comité du Monument aux morts de la Libération », il devait être le destinataire - à son poste de travail au Service immobilier de la ville- des versements à la souscription lancée auprès de la population de Villeurbanne pour l’érection du Monument.
A sa retraite, il fut élu en avril 1956 deuxième vice-président de l’Amicale des retraités du personnel municipal de Villeurbanne.

Titulaire de la Croix du combattant et de la carte d’honneur de la Fédération lyonnaise de l’ARAC, section de Montluel, en 1947, il fut décoré de la Médaille d’honneur départementale et communale – médaille d’argent puis de vermeil - en mai 1953. Il fut titulaire de la Croix de chevalier du Mérite agricole en août 1955.
Marié à Hélène Cotte, institutrice, il en eut deux enfants, Claude et Berthe Amélie Madeleine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181834, notice DESGRANDCHAMPS Gustave, Gaston, Célestin par François Ménétrier, version mise en ligne le 18 juin 2016, dernière modification le 10 mai 2020.

Par François Ménétrier

ŒUVRES [sous son nom ou pseudonyme de Reconquista] : Sept roses pour un autel, Villeurbanne, Editions du Cœur de May, s. d. –– Un de la nuit, Editions du solitaire, s.d. — Notice sur la culture du soja, édité par la coopérative de culture maraichère du personnel municipal de Villeurbanne, s.d. — La fable de Saint-Hubert, Edition du Mouton doré, s.d. — Les paroles du vent, recueil de poèmes, Dole Imprimerie Audebert, 1909. — La légende de la rose de Jéricho, Besançon, Imprimerie A. Cariage, 1909. — L’aventure de Pierrot, Poésie, Besançon Imprimerie A. Cariage, 1910-1913. — Un jour chez les fous, Montluel (Ain), Editions du solitaire, 1929. — Bivouacs d’Orient 1915-1917, Montluel (Ain), Éditions du solitaire, 1934. — Plaquettes sur Gorki et Ernst Thaelmann, Lyon, Imprimerie ATL, Juillet 1936. — La Rize, secrète rivière, Montluel (Ain), Les éditions du Solitaire, 1937 — Le manuel de l’expropriation, Lyon, Imprimerie ATL, 1938.

SOURCES : Fonds Desgrandchamps Gustave déposé aux Archives Municipales de Villeurbanne, 10 Z 1-7, dont portrait 10 Z 6. — Archives Municipales de Villeurbanne, 2 k 47. — Bulletin municipal officiel de Villeurbanne, mai 1927, juillet 1934, août 1936, octobre 1937, mars-avril 1942, novembre-décembre 1943, février-avril, novembre-décembre 1945, octobre 1946, août 1948, juin-juillet 1955 et juin 1956. — La Voix du peuple, 24 octobre 1936, 12 février et 3 octobre 1937. — Lyon Républicain, 30 décembre 1933. — Le Canard enchainé, 25 juillet 1928. — La Vie Lyonnaise, février 1954 - Échanges avec son petit-fils Guy Desgrandchamps en février et mai 2016.

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