ROCHER Émile, Joseph, Gérard

Par Jean-Louis Ponnavoy

Né le 2 mai 1921 à Bordeaux (Gironde), fusillé le 1er avril 1944 à Karlsruhe (Bade-Wurtemberg, Allemagne) ; agent d’assurances ; résistant du réseau SR Alliance.

Émile Rocher était le fils de Joseph Julien Rocher et de Marie Baptiste Casemajor.
Il fit des études techniques puis entra dans une école de navigation maritime à Marseille. Affecté dans un établissement de la marine française à Port-la-Nouvelle (Aude), il le quitta lors du transfert de l’école en Corse en décembre 1942 et accepta un emploi d’agent d’assurances.

Dans le même temps, par l’intermédiaire d’une organisation scoute à laquelle il appartenait, il intégra le réseau Alliance sur la région Méditerranée.

Sa fiancée résidant du côté de Narbonne (Aude), il s’y installa pour observer les mouvements de troupes allemandes, notamment l’implantation de 3000 soldats allemands à Narbonne ainsi que la mise en place d’installations militaires dans les départements de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, transmettant ensuite ses informations à Louis Malbosc, responsable du sous-secteur Béziers-Sète. Selon le mémorial Alliance il était adjoint de Gilbert Savon, agent de renseignements principal du secteur de Marseille.

Il fut arrêté au cours d’une mission de renseignements le 2 février 1943, interrogé puis conduit sur le camp de Compiègne d’où il fut déporté vers l’Allemagne et emprisonné à la forteresse de Bruchsal (Bade-Wurtemberg, Allemagne) où son arrivée a été transcrite à la date du 28 octobre 1943.

Le 18 novembre 1943 le dossier d’accusation d’espionnage au profit d’une puissance ennemie fut transmis par la Gestapo de Strasbourg au Tribunal de guerre du Reich et il fut classé "NN" (Nacht und Nebel-Nuit et Brouillard). Émile Rocher fut transféré à la prison de Freiburg-im-Breisgau (Bade-Wurtemberg, Allemagne) le 17 décembre et jugé les 18, 20 et 21 décembre 1943, par le 3e Senat (chambre) du Tribunal de guerre présidé par le juge Karl Schmauser, ainsi que quatre autres co-inculpés formant le groupe Schneider.

Le lendemain du procès il retourna à la prison de Bruchsal (Bade-Wurtemberg, Allemagne). Condamné à mort, le jugement fut confirmé le 20 janvier 1944 par l’amiral Max Bastian, président du Tribunal et à l’aube du 1er avril 1944 il fut extrait de sa cellule ainsi que 13 autres détenus du réseau Alliance et conduit au champ de tir de la Wehrmacht dans la forêt du Hardtwald, à Karlsruhe (Bade-Wurtemberg, Allemagne) puis fusillé à 7h32 en compagnie de Camille Schneider. Les cadavres furent jetés dans une fosse commune, à l’extérieur de l’enceinte du cimetière central de Karlsruhe.

En mai 1945, ils furent découverts par l’armée française et inhumés avec les honneurs militaires le 30 juin 1945, dans le cimetière français. Le 3 juillet 1947, les corps furent à nouveau exhumés et retrouvèrent pour la plupart leur commune d’origine. Depuis le 1er avril 2014, une stèle rappelle à Karlsruhe leur sacrifice.

Il obtint la mention « Mort pour la France » en mai 1947 et la mention « Mort en déportation » par arrêté du 26 février 2013.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181838, notice ROCHER Émile, Joseph, Gérard par Jean-Louis Ponnavoy, version mise en ligne le 24 août 2016, dernière modification le 7 mai 2021.

Par Jean-Louis Ponnavoy

SOURCES : Auguste Gerhards "Tribunal du 3e Reich", archives historiques de l’armée tchèque, à Prague, Le Cherche Midi, Paris 2014. — "Livre Mémorial des Déportés de France" de la F.M.D. Tome 1. — Brochure "Karlsruhe Erinnert" éditée par la ville de Karlsruhe en 2015. — Mémorial de l’Alliance, 1948. — Mémorial GenWeb. — État civil.

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