GUINOISEAUX Maurice, Anatole, Charles, Edgard

Par Daniel Grason

Né le 4 septembre 1907 à Annois (canton de Ribemont, Aisne), mort au combat le 19 août 1944 à Paris (VIIIe arr.) ; gardien de la paix à Paris XIIe arr. domicilié à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) ; F.F.I.

Fils de Charles Louis Arsène, dit Anatole, Guinoiseaux, âgé de trente-hui ans, cultivateur à Annois, et de Marie Renée Clara Léontine Alice Hermance Delacourt, âgée de vingt-huit ans, cultivatrice, son épouse, Maurice Guinoiseaux se maria à Artemps (Aisne), le 18 août 1934, avec Irène Léopoldine Victoria Galopin.

La Grande Guerre perturba très fortement la scolarité de Maurice Guinoiseaux, les troupes allemandes occupèrent le Nord et une grande partie de la Picardie. L’instituteur du village emmené en captivité en Allemagne, l’école ferma. Bringbalé de village en village, il eut une scolarité très chaotique ; de retour à Annois, fin 1918, tout n’était que ruines. Il aida son père aux travaux des champs.
Il devança l’appel, fit dix-huit mois de service militaire dans un régiment de tirailleurs Nord-Africains. La troupe partit de Besançon (Doubs). Il embarqua à Marseille pour le Levant, le Liban et la Syrie étaient depuis 1920 par décision de la Société des Nations (S.D.N.) sous mandat de la France. Son régiment alla à Damas le 26 juillet 1927, ensuite du 3 septembre au 17 août 1928, les hommes quittèrent la zone côtière pour l’intérieur du pays. De retour dans un port, Maurice Guinoiseaux bénéficia de congés de fin de campagne du 31 août au 24 octobre 1928. Il quitta l’armée avec le grade de caporal.
Il retourna dans son village natal épauler ses parents. Il écrivit au préfet de police de Paris, demanda à entrer dans la police. En raison d’une « très légère varice sur le mollet droit », l’administration estima au début de 1932 qu’il ne remplissait pas « les conditions d’aptitude à l’emploi de gardien de la paix ».
Début 1934, il vint habiter à Paris à proximité d’usines de l’automobile, successivement 122 rue de Tolbiac, 44 rue de Choisy, 2 avenue Léon-Bollée et au 28 avenue de la Porte-de-Choisy (XIIIe arr.). De janvier à avril 1934, il travailla chez Piaud, une entreprise de transport qui était au 95 rue du Chevaleret à Paris (XIIIe arr.). De la fin août 1934 au 1er avril 1935, il fut manœuvre chez Citroën au quai de Javel (XVe arr.), puis manœuvre et chauffeur chez Panhard-Levassor au 19 quai d’Ivry (XIIIe arr.), du 16 mai 1935 au 2 mai 1936, et de nouveau chez Panhard-Levassor en juillet 1937.
Les contraintes et ses incertitudes du travail en usine faisant, Maurice Guinoiseaux aspira à un emploi stable. Il postula de nouveau à un emploi de gardien de la paix. Dans son autobiographie du 2 septembre 1937, il retraça son parcours depuis son enfance, la guerre de 1914-1918, son service militaire et sa vie en usine. Il explicita sa motivation pour entrer dans la police : « Je voulais créer un foyer, pour cela il me fallait une situation ».
Il fut affecté au poste de police du quartier de la Maison-Blanche dans le XIIIe arrondissement. Le couple Guinoiseaux habita 4 rue du Petit-Poucet dans la cité du Moulin-Vert, à Vitry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne). Son épouse fut employée de banque, puis caissière. En 1941, il fut détaché provisoirement à Choisy-le-Roi (Seine, Val-de-Marne). Il exprima son souhait de progresser, qu’il exprima en écrivant « des galons ». Il était apprécié en 1943 comme un « assez bon gardien, sérieux, capable, assez actif mais entêté ».
Le 19 août 1944 vers midi, il partit en voiture chargé d’une mission par la Direction des Services Techniques du garage de la Préfecture de police, il était habillé en civil. Arrêté par des Feldgendarmes rue de Rivoli, il fut le seul à ne réussir à s’enfuir. Il fut conduit à la Feldgendarmerie square Montholon (IXe arr.) ; un autre gardien de la paix Armand Bacquer s’y trouvait déjà. Tous deux n’eurent pas la possibilité d’échanger la moindre parole. Ils furent emmenés sur les bords de la Seine, le long du Cours-la-Reine (VIIIe arr.), près de la statue d’Albert-Ier. Les deux hommes furent alignés face au mur, et les soldats allemands tirèrent une rafale de mitraillette. Maurice Guinoiseaux tomba le premier, grièvement blessé ; Armand Bacquer tomba sur le corps de son camarade et survécut.
Son épouse étant sans nouvelles de son mari s’inquiéta, elle fut mal conseillée. Dès le 20 août, elle se rendit au garage de la préfecture de police, puis au commissariat du XIIIe arrondissement, elle renouvela cette démarche trois fois au garage et deux fois au commissariat. Elle finit par rencontrer Armand Bacquer à la mi-septembre 1944 à l’hôpital Necker (XVe arr.) qui lui relata les circonstances de l’assassinat de son mari.
Le 22 septembre, elle se rendit à l’Institut médico-légal, et reconnut les vêtements que portait son mari le jour de sa disparition : sa chemisette blanche et son pantalon de golf. Elle apprit que son corps avait été amené le 20 août à 20 heures 30 et qu’il avait été inhumé le 8 septembre au cimetière parisien de Thiais (Seine, Val-de-Marne). Elle exprima ses regrets de ne pas avoir eu la possibilité d’organiser ses obsèques. Elle se rendit sur le lieu de l’exécution, elle releva les traces de quatorze balles.
Le corps de Maurice Guinoiseaux fut exhumé le 6 octobre 1944 et ré-inhumé dans un caveau familial dans le même cimetière de Thiais (5e division).
Une plaque fut posée sur le mur du quai du Cours de la Reine :
« Ici le 19 août 1944
deux gardiens de la paix ont
été fusillés par les Allemands.
Maurice Guinoiseaux 36 ans tué
Armand Bacquer 24 ans grièvement
blessé a survécu ».

Son nom figure également sur la liste des Morts pour la Libération de Paris, au musée de la police, rue de la Montagne-Sainte-Geneviève (Ve arr.), sur la plaque commémorative de la préfecture de police.
Le secrétariat d’État aux Anciens combattants attribua à Maurice Guinoiseaux la mention « Mort pour la France » (AC 21 P 200954), il a été homologué F.F.I. (GR 16 P 280402).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181844, notice GUINOISEAUX Maurice, Anatole, Charles, Edgard par Daniel Grason, version mise en ligne le 19 juin 2016, dernière modification le 22 novembre 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. KC 17 (notes transmises par Christian Chevandier), BA 1801, registre 1944 de l’I.M.L. cote n° 1020. — SHD, Caen AC 21 P 200954 ; dossiers adm. des résistants. État civil d’Annois (1 E 21, acte n° )— Christian Chevandier, Été 44. L’insurrection des policiers de Paris, éd. Vendémiaire, 2014. – Site internet : Mémorial GenWeb. — Notes Frédéric Stévenot.

ICONOGRAPHIE. Memorial GenWeb

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