NAHON Robert, David

Par Jean-Sébastien Chorin

Né le 21 décembre 1919 à Lyon (Ier arr., Rhône), massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; étudiant en droit ou clerc ; victime civile.

Robert, David Nahon était le fils d’Isaac Nahon et de Babette Berthe Adler. La famille Nahon s’installa au 11 rue Constantine à Lyon (Ier arr., Rhône) vers 1921. Isaac Nahon, le père de Robert Nahon, fut successivement assortisseur, négociant en soierie et employé de soierie. Isaac Nahon était de nationalité turque et fut naturalisé français par décret du 7 août 1928. La mère de Robert Nahon décéda le 10 octobre 1937. Le 28 décembre 1937, Robert Nahon s’engagea dans l’armée pour trois ans et intégra le 54e régiment d’artillerie. Il fut considéré comme inapte au service pour raison de santé et son engagement fut annulé le 20 janvier 1938. Il s’inscrivit ensuite à la faculté de lettres de Lyon. En 1939, il fut considéré comme apte au service armé et obtint un sursis d’un an pour poursuivre ses études. En avril 1940, il suivit la Préparation militaire supérieure. Sa moyenne lui ouvrit le droit d’être admis dans « un groupement spécial » ou dans « un peloton d’élèves sous-officiers de réserve » ou d’être nommé directement caporal-chef. Affecté au dépôt d’infanterie n°154 le 8 juin 1940, il fut admis à l’hôpital militaire Desgenettes le 9 juin 1940. Sortit de l’hôpital le 12 juin 1940, il fut incorporé le même jour (sa fiche matricule n’indique pas dans quel corps). Démobilisé le 9 novembre 1940 par le centre de démobilisation du canton de Valence (Drôme), il se retira dans ses foyers au 11 rue Constantine.
Son père, Isaac Nahon, fut arrêté le 7 août 1944 à Lyon, emprisonné à la prison de Montluc (Lyon) et déporté le 11 août à Auschwitz par le convoi n° 78 au départ de Lyon. En 1944, Robert Nahon demeurait toujours au 11 rue de Constantine. Certaines sources indiquent qu’il était clerc, d’autres qu’il était étudiant en droit.
Robert Nahon fut arrêté le 12 août 1944 à Lyon. Il fut trouvé en possession d’une fausse carte d’identité. Conduit à la prison de Montluc, il fut incarcéré dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au-dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.

Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.

Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps de Robert Nahon fut retrouvé dans le charnier D, situé entre les hangars 75 et 80 et contenant 22 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, il avait reçu une balle dans la région thoracique. Grâce au témoignage du seul rescapé de l’exécution du 17 août, Jacques Silbermann, nous pouvons déduire que la fosse D contenait 21 victimes du 17 août et 1 victime du 18 août (Charles Schwartz). Robert Nahon fit donc vraisemblablement partie du groupe des 49 exécutés du 17 août 1944.

Le corps de Robert Nahon fut décrit comme suit : « 1m72, cheveux châtains moyens, chemise toile coton écru, caleçon court blanc, costume bleu moyen en drap rayé, pochette rayonne blanche rayée, cravate à carreaux rayée rouge et blanc, chaussettes en fil gris, ceinture unie cuir marron, boucle métal, gants de peau marron, souliers montants en cuir marron avec semelles uskide ». Il fut d’abord enregistré sous le numéro 64 puis identifié le 11 décembre 1944. Robert Nahon fut inhumé au cimetière de Bron.

Voir Bron (17-21 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article181861, notice NAHON Robert, David par Jean-Sébastien Chorin, version mise en ligne le 20 juin 2016, dernière modification le 8 mars 2021.

Par Jean-Sébastien Chorin

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier de Robert, David Nahon.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3335W30, 3335W12, 3460W1, 6MP568, 6MP609, 6MP655, 6MP705, 1RP3124, 3808W866, 31J66.— Arch. Mun. Lyon, acte de décès de Babette Berthe Adler.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Journal officiel de la République française, 24 avril 1940.— Site Internet du Mémorial de la Shoah.

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