ANQUETIL Pierre, Léon

Par Pierre Vincent

Né le 10 juin 1913 à Paris (XXe arr.), mort le 1er novembre 2000 à Colombes (Hauts-de-Seine) ; facteur aux écritures puis sous-chef de bureau ; syndicaliste, membre de la direction de la Fédération CGT des cheminots (1949-1968) ; militant communiste.

Pierre Anquetil dans <em>La Tribune des cheminots [actifs]</em>, no. 777, Novembre 2000
Pierre Anquetil dans La Tribune des cheminots [actifs], no. 777, Novembre 2000
[Droits réservés. Coll. IHS-CGT cheminots]

Issu d’un milieu modeste et engagé, Pierre Anquetil était le fils d’un menuisier [emballeur selon l’acte de naissance], Léon, tué au front le 31 mai 1918 à Compiègne (Oise), ce qui entraîna son adoption par la Nation en 1919. Sa mère, Justine, à cause du chômage, ne put rester brodeuse et devint femme de service à l’école maternelle de la rue Marcadet (XVIIIe arr.). Elle fut adhérente au PCF. Sa sœur Lucette avait épousé Pierre Guihard, cheminot révoqué en 1920 et réintégré en 1936, militant actif de la CGT. Lucette Guihard fut secrétaire au Secours rouge et membre du PCF. L’oncle maternel de Pierre Anquetil, Paul Vidalenc, fut un militant actif du PCF qui l’influença beaucoup.

Après sa scolarité, conclue avec un brevet élémentaire obtenu en 1928, il éprouva des difficultés à trouver un emploi stable. Sa rencontre avec Silvio Dondi fut décisive. Cet Italien, déporté à l’île Lipari, avait pu s’échapper et était devenu applicateur de parquet sans joint. Pierre Anquetil resta à ses côtés jusqu’à son départ au service militaire en octobre 1934. À son retour du service, Silvio Dondi avait trouvé la mort accidentellement. Pierre Anquetil alterna alors périodes d’emploi dans la parquetterie ou le bâtiment et périodes de chômage.
En septembre 1936, il entra au PLM comme facteur aux écritures à Saint-Florentin-Vergigny (Yonne). Il se syndiqua à la CGT, comme il l’avait déjà fait dans le syndicat des parquetteurs à la Fédération du Bâtiment. Le responsable du syndicat étant muté, il devint secrétaire de la section syndicale qui dépendait alors du syndicat de Laroche-Migennes, et le resta jusqu’à son départ à Paris-Lyon en mai 1939.

Mobilisé, il participa à plusieurs combats, obtenant la croix de guerre. Après avoir participé à la protection, lors de l’embarquement, de troupes anglaises à Dunkerque, il reçut l’ordre de se rendre le 31 mai 1940. Prisonnier, il s’évada une première fois, fut repris à Metz (Moselle) et tenta à nouveau, à quatre reprises, de s’évader, mais en vain. Il fut alors déporté en Ukraine, au camp de Rawa-Ruska, destiné aux prisonniers de guerre récalcitrants.
Après la bataille de Stalingrad et l’avancée des troupes russes, il fut transféré au camp de Jutenberg, à une cinquantaine de kilomètres de Berlin. Profitant d’un bombardement du camp, il s’évada fin juillet 1944. Grâce à la complicité d’un cheminot allemand, il put se cacher dans le fourgon à bagages d’un train de permissionnaires allemands jusqu’à son sabotage en gare de Nogent-l’Artaud (Aisne). Il put s’extirper du wagon et, grâce à des cheminots français, put reprendre des forces et rejoignit Paris grâce à des autobus de la TCRP (ancêtre de la RATP) venus chercher de la farine pour les Moulins de Pantin, celle-ci étant bloquée dans un wagon de marchandises.
Il retrouva les siens le 18 août 1944 à Paris. Démobilisé en septembre 1944, il reprit ses activités professionnelles à Paris-Lyon à l’Exploitation. Il fut membre du Comité régional de Libération Sud-Est de la SNCF au titre du Mouvement des prisonniers et déportés. Dès sa reprise du travail, il devint membre du secrétariat du syndicat de Paris-Lyon.

Suspendu le 1er décembre 1947, après la grève de novembre, réintégré le 1er février 1948 mais déplacé en gare de Melun (Seine-et-Marne), il réorganisa le syndicat des cheminots, touché par la scission de Force ouvrière. En 1949, il devint responsable national de la Fédération CGT en tant que secrétaire de la Section technique nationale (STN) Exploitation ; il le resta jusqu’en 1951, date à laquelle il céda sa place à Albert Nacu qui venait d’être révoqué. Permanent de la Fédération jusqu’en 1950, il dut reprendre le travail le 23 novembre de la même année, suite aux mesures restrictives qui frappèrent la CGT à ce moment-là.
En avril 1952, il devint secrétaire général adjoint de l’Union Sud-Est CGT, aux côtés d’Adrien Borel. Revenu à la Fédération en 1958, il eut la responsabilité du suivi des STN Exploitation et Agents de trains. Enfin, il devint secrétaire de l’Union Sud-Est en 1963 en remplacement de Francis Beuzet et le resta jusqu’en 1968, date de son départ en retraite. Il fut alors remplacé par François Massimi. Il avait terminé sa carrière professionnelle comme sous-chef de bureau rattaché administrativement à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).

Ses activités militantes se poursuivirent au bureau national des retraités. Dans le même temps, il devint directeur des œuvres sociales du comité d’entreprise de Kleber Colombes.
Après la disparition de l’entreprise, il milita à l’Association nationale des cheminots anciens combattants (ANCAC), où il coordonna l’édition de l’ouvrage de Maurice Choury, Les Cheminots dans la Bataille du Rail. Victime, en 1976, d’un infarctus du myocarde qui se transforma en angine de poitrine, il abandonna ces tâches nationales. Il devint alors secrétaire de la section des retraités CGT de Colombes, puis il se consacra à l’édition du journal de la section L’Ancien du Rail, jusqu’à la fin de sa vie.

Adhérent des Jeunesses communistes en 1928, il avait fait partie de 1930 à 1934 du bureau de la section JC de Paris. Après son service militaire en octobre 1935, il avait été secrétaire de la cellule de la Place des fêtes à Paris. Lors de ses débuts au PLM dans l’Yonne, il avait été responsable à la fédération du PCF de la mise en place et de l’impression du journal Le Travailleur de l’Yonne. Il avait fait partie de la délégation de l’Yonne qui assista au VIIIe congrès du PCF à Arles (1937) ; le plus jeune militant du congrès, il fut félicité par Maurice Thorez et Jacques Duclos.
Dans tous les lieux où il résida, il fut membre des organismes de section, Melun, Villeneuve-Saint-Georges, Colombes et, enfin, membre du collectif des vétérans des Hauts-de-Seine.

Pierre Anquetil, marié en avril 1934 à Paris (XXe arr.) avec Simonne Chaumet, eut deux filles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182, notice ANQUETIL Pierre, Léon par Pierre Vincent, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 15 septembre 2023.

Par Pierre Vincent

Pierre Anquetil dans <em>La Tribune des cheminots [actifs]</em>, no. 777, Novembre 2000
Pierre Anquetil dans La Tribune des cheminots [actifs], no. 777, Novembre 2000
[Droits réservés. Coll. IHS-CGT cheminots]

SOURCES : Arch. Fédération CGT des cheminots. — Comptes rendus des congrès fédéraux. — La Tribune des cheminots. — Maurice Choury, Les Cheminots dans la Bataille du Rail, Paris, Perrin, 1970, p. 11. — Notes de Jean-Pierre Bonnet et de Georges Ribeill. — État civil.

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