CHABRIDON Georges

Par Jean-Noël Dutheil

Né le 15 mai 1897 à la Chapelaude (Allier), mort le 7 juillet 1966 à Moulins (Allier) ; ouvrier métallurgiste ; secrétaire général l’Union Départementale de l’Allier du 27 septembre 1936 à novembre 1939 puis du 29 juillet 1945 au 27 juin 1948 ; militant communiste ; résistant ; déporté. 1er président de la CPAM de l’Allier.

Ce fils d’un métayer, devenu marchand de lait à Désertines (Allier) s’engagea comme volontaire dans l’Infanterie et fut incorporé le 9 janvier 1916. Il fut blessé au pied le 29 août 1918 et cité à l’ordre du Régiment (Croix de guerre avec étoile en bronze). Il garda de sa participation à la guerre de 14-18, « une haine sans limite des conflits militaires ».

Il fut d’abord ouvrier mouleur à Saint Jacques (Montluçon) puis à la fonderie Peugeot de Valentigney (Doubs). En 1922, il fut délégué ouvrier CGTU de son usine de Rondchamp (Haute-Saône) et participa aux grandes grèves de la métallurgie dans l’Est. Il adhéra au Parti Communiste en 1922.

Il revint dans l’Allier en 1926 comme ouvrier fondeur chez Chaumette (Moulins). Il aimait conter les souvenirs de cette époque : « il nous narrait les rencontres avec la police et les forces armées, épisodes de toutes les actions de l’époque. A ce contact, il s’était forgé une âme de militant. Aussi, dès son arrivée, il entrait en contact avec ses collègues inorganisés alors et conscients que seule l’organisation des travailleurs permettra leur libération, créait avec ses camarades Bonnet, Mouly, Barbiéri, Hubert Joannin et Roussel, la première section des métaux de Moulins qui adhérait aussitôt à la CGTU. » Il fut secrétaire de l’Union locale unitaire de Moulins en 1928. En 1929, il cotisa à l’Union centrale des ouvriers métallurgistes de Montluçon (syndicat unitaire CGTU) et habita rue de la Chaume, à Désertines.

Lors de la tentative de mobisation fasciste du 6 février 1934, il fut l’un des organisateurs de la riposte à la préfecture de Moulins où 6 000 républicains manifestèrent contre les Croix de feu. Passionnément attaché à l’unité du mouvement syndical, il défendit ardemment la fusion entre les confédérés et les unitaires. Il succéda à Antoine Dissard* (secrétaire général de l’UD confédérée) immédiatement après le congrès de fusion de l’Union Départementale de l’Allier. Il fut directeur de la boucherie-coopérative où les paysans étaient coopérateurs et vendaient directement leurs produits à des prix intéressants. Sa popularité le fit désigner comme candidat communiste en 1936. En 1938, ses efforts pour renforcer le syndicat ne furent pas vains, le département compta 28 000 adhérents à la CGT. Suite à l’échec de la grève de 1938 contre les Décrets Lois, il fut condamné, avec André Pierre (secrétaire de l’UL CGT de Moulins), à un mois de prison avec sursis pour avoir organisé une manifestation « interdite » de 2 000 personnes.

En novembre 1939, il fut contraint d’abandonner la direction syndicale du département sous la pression d’éléments cégétistes anticommunistes après avoir refusé de siéger et de convoquer la commission administrative de l’Union départementale.
Arrêté par la police en octobre 1940, il fut relâché. Averti, en novembre, par son employeur que son domicile avait été perquisitionné, il prit la fuite et rejoignit Lyon, sans ses papiers. Ces événements le contraignirent à la clandestinité, il devint résistant.
Il fit de nombreux allers-retours entre les deux zones, milita à Lyon pendant trois mois et demi. Recherché par la Gestapo, il partit dans le midi pour poursuivre son activité dans les Pyrénées. Il fut arrêté, le 11 octobre 1941, à Tarbes, en voulant passer en Espagne. Un témoignage dit qu’il avait été à Lyon au cours d’une distribution de tracts ce qui semble contestable.
Il fut interné à Saint Paul d’Eyjaux, Saint-Sulpice-la-Pointe puis Saint-Junien.
Trois années durant, il connut la dure vie des camps de concentration français. Militant fidèle à son idéal, il refusa par deux fois la libération qui lui fut offerte par les « traîtres de Vichy » sous condition de désavouer son passé.
Le 31 juillet 1944, il fut déporté de Toulouse à Buchenwald. Amaigri, souffrant, il revint de Russie et rentra en France au printemps 1945.

Il reprit ses activités comme secrétaire général de l’Union départementale CGT. Au XXXIe congrès de l’UD-CGT de l’Allier, il annonça 39 500 adhérents et fixa comme objectif les 50 000. Les séquelles de sa déportation le contraignirent à abandonner le poste de secrétaire général (XXXIIe congrès de l’UD CGT de l’Allier). Il demeura cependant au poste de secrétaire adjoint pendant de nombreuses années. En 1947, il fut président du conseil d’administration de la Caisse primaire de Sécurité Sociale, même à la retraite il conserva son mandat.
Il fut conseiller municipal de Moulins en 1945 et plusieurs fois candidats pour le Parti communiste dans le canton de Moulins-Est, il manqua de quelques de voix ses élections. (1945, 1951). Il dut formuler un requête auprès du Tribunal administratif le 7 avril 1956 pour excès de pouvoir d’une décision en date 7 février lui refusant le titre de déporté résistant. Dès juillet 1940, il avait pourtant rédigé, reproduit et diffusé des tracts anti-allemands et participé à divers sabotages., sur ordre du FN, il pénétra dans une usine à Tarbes pour s’y livrer à des sabotages.
Il prit sa retraite en 1960.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182085, notice CHABRIDON Georges par Jean-Noël Dutheil, version mise en ligne le 28 juin 2016, dernière modification le 7 juillet 2018.

Par Jean-Noël Dutheil

Iconographie : photothèque de l’IHS-CGT du 03.

SOURCES : Arch. Dép. Allier, U Moulins ; 2200W39 1R913. — Arch. de l’IHS-CGT du 03. — Unité, journal de l’UD CGT de l’Allier (novembre 1966) ; Bulletin n°10 de l’IHS-CGT du Bourbonnais (mai 2005). — Témoignages : Gouby Eugène (novembre 1966) ; Chabridon Gilbert, son fils (1er mai 2000) ; Bidault Henri, son tuteur (10 mai 2000) ; Joyon Robert, résistant (11 avril 2000 et octobre 2001). — : La Voix du peuple, organe officiel mensuel de la CGT, février 1937 (BNF, Gallica). — Notes de Louis Botella et Jean-Paul Bidault.

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