Par Alain Roux
Socialiste utopique chinois de l’époque du 4 mai 1919.
Cet ancien étudiant est membre de la « hui bang » (association régionale) des Cantonais résidant à Shanghai. Il est un des dirigeants de la « Société pour le progrès industriel », qui date de 1917, et secrétaire général de la « Fédération pan-chinoise des industries » (ou « Société industrielle de Chine »). Le président de cette dernière association est Cao Yabo, vieux compagnon de Sun Yat-sen (孫逸仙) et militant du Tongmenghu’ (la Ligue Jurée) : c’est surtout un politicien préoccupé de trouver pour son chef politique un appui ouvrier à Shanghai. Les idées de ces sociétés sont caractéristiques d’un des aspects du mouvement du 4 mai 1919 : obtenir la collaboration de tous les « milieux industriels » (gongjie), du patron à l’ouvrier afin de promouvoir l’industrie nationale chinoise et le progrès. Ainsi Cao Yabo, dans une lettre du 18 janvier 1920, demande la création de banques, d’ateliers et d’écoles ouvrières. Ce réformisme déclaré s’accompagne de structures floues. D’après Zhang Guotao (張囯燾), la Société industrielle de Huang Jiemin compterait à Shanghai 10 000 adhérents, dont on ne sait ni s’ils sont ouvriers, ni à quelles usines ils appartiennent. Le canal de recrutement semble être celui, fort classique, des puissantes sociétés secrètes shanghaïennes. Le rôle de l’organisation est de relayer la propagande du G.M.D. dans les milieux ouvriers ou, plus simplement, d’autoriser le G.M.D. à signer certains de ses tracts au nom « des ouvriers organisés de Shanghai ». Huang Jiemin, membre du G.M.D., est un idéaliste confus qui se propose de créer un parti (utopiste) du Datong (l’Harmonie universelle) : ce parti unirait tous les socialistes de Chine, les révolutionnaires coréens (Huang Jiemin est en relation avec un certain Kim et « un gouvernement provisoire coréen ») et aurait de bons rapports avec la Russie soviétique. En décembre 1920, Huang Jiemin et Kim qui, en l’occurrence, se dit « représentant de l’I.C. » (voir Voitinsky), réunissent à Shanghai un congrès des socialistes d’Extrême Orient.
Par Alain Roux
SOURCES : Chang Kuo-t’ao (Zhang Guotao), I (1971). — Chesneaux (1962).