HENRY

Par Gilles Pichavant

Cheminot à Rennes (Ille-et-Vilaine) ; syndicaliste CGT, arrêté et révoqué en 1910.

En 1910, Henry était le secrétaire de la section syndicale des Ateliers des chemins de fer de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest (ou Ouest-État), à Rennes, affiliée au Syndicat national des chemins de fer.

Dans la nuit du 13 au 14 octobre, un mécanicien nommé Durand*, était arrivé de Paris en automobile de Paris, porteur de ces instructions du syndicat national et du matériel de propagande pour le déclenchement de la grève. Au moins trois voitures partirent de Rennes dans la journée, en direction de Brest, Saint-Malo et Laval chargées du matériel à distribuer aux responsables des groupements syndicaux des gares. Henry partit pour Saint-Malo, accompagné de Sourdin*, mécanicien, et Frotteaux* des ateliers de Rennes. Comme Henry le raconte dans le numéro d’Ouest-Éclair du 16 octobre, ils furent arrêtés le 14 octobre en gare de Saint-Servan : « Nous étions partis en auto avec quelques ballots de journaux, des affiches, et des ordres de grève que nous nous proposions de distribuer. En arrivant vers midi et demi en gare de Saint-Servan, notre voiture fut arrêtée par des soldats, baïonnettes au canon, sous les ordres du commissaire spécial de Saint-Malo, qui nous fit conduire à son bureau, à la gare de de cette ville, où le procureur de la République vint nous interroger. Nous protestâmes contre notre arrestation que rien ne motivait, ne nous étant rendus coupables d’aucun délit (...) ». Ils furent libérés dans la soirée.

L’annonce de ces arrestations fit l’effet d’une bombe. Le lendemain, à 8 heures du matin, l’assemblée des grévistes tenue à la Bourse du travail de Rennes, ceux-ci, au nombre de 2000 d’après la presse, prirent la direction de la préfecture en cortège précédé de cinq cyclistes, aux mêmes précédés par le porte drapeau du syndicat. Une délégation fut désignée pour protester auprès du préfet, conduite par Henri, et composée de Tessier* des conducteurs, Hervochon*, des ateliers, Leguay*, des mécaniciens. Le préfet refusa négocier, et congédia la délégation.

Par la suite, Henry prit la parole dans tous les meetings qui eurent lieu matin et soir, tout au long de la grève.

C’est en fin de matinée qu’Henry reçut sa feuille de révocation comme de nombreux autres militants syndicaux et membres du comité de grève, comme Albert Bougot (le frère du conseiller municipal), Guyot*, Jouin*, Dubreuil*, Henbert*, Couriol*, etc.

Le 18 octobre, à la fin de la grève, on compta, à Rennes, 37 cheminots révoqués, dont 5 à l’exploitation ; 23 à la traction, dont Legué* ou (Leguay), président du groupement local des syndicats de cheminots, Hennebert*, secrétaire du syndicat de l’exploitation, Dubreuil*, Bélin*, Jourdin* et Deschamps*, mécaniciens ; et 9 aux ateliers, dont Henry, secrétaire du syndicat des ateliers, Guillard*, Kersulec*, etc., qui furent pour certains d’entr’eux poursuivis en correctionnelle. A ces révocation s’ajoutèrent des journées de prison infligées à au moins 36 cheminots par leurs chefs, devenus leurs officiers, du fait de la mobilisation : au service du Mouvement, 11 ouvriers subirent 4 à 8 jours de prison ; 21 ouvriers du dépôt, 8 jours ; 6 ouvriers des ateliers 4 jours. (voir le Ouest-Éclair du 19 octobre.)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182194, notice HENRY par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 2 juillet 2016, dernière modification le 2 juillet 2016.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Journal Ouest-Éclair des 14, 15,16, 17, 18 et 19 octobre1910, édition de Rennes, page 2 http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k642684v/f2.item — Ach. Dép. du Finistère, 10 M 42.

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