BUVAT Georges

Par Jacques Girault

Né le 3 septembre 1921 à Saint-Eloy-les-Mines (Puy-de-Dôme), mort le 7 mai 2015 à Antibes (Alpes-Maritimes) ; instituteur dans le Puy-de-Dôme ; résistant ; militant syndical du SNI ; militant communiste, conseiller municipal de Saint-Eloy-les-Mines.

Georges Buvat était le fils d’un mineur qui avait été très gravement blessé à Verdun, anticlérical, syndiqué et électeur communiste à partir de 1936. Il passa sa jeunesse dans la cité minière à partir de 1927 où vivaient de nombreuses familles immigrées. Ses parents le firent baptiser et l’envoyèrent au catéchisme. Élève du cours complémentaire, participant aux manifestations favorables au Front populaire, il entra premier à l’École normale d’instituteurs de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) en 1938 et obtint le brevet supérieur. Lors de l’arrivée des troupes allemandes, avec ses camarades de la préparation militaire supérieure, il se replia jusqu’en Dordogne. Lors d’un stage d’éducation physique à Toulouse en août 1941, il organisa le refus de chanter "Maréchal nous voilà !". Il réussit par la suite à obtenir divers sursis d’incorporation en chantier de jeunesse.

Après avoir été instituteur adjoint à partir d’octobre 1941 à Saint-Gervais d’Auvergne, puis à Montjoie par Saint-Eloy-les-Mines, il fut requis pour le STO, et travailla à la mine comme mineur de fond pour ne pas être envoyé en Allemagne. Il adhéra au Parti communiste en décembre 1942, participa à des distributions de tracts et de journaux. Recruteur pour les Francs-tireurs et partisans, il fit partie du triangle de direction sous le pseudonyme de "Jacques" et dirigea des sabotages. Il eut de nombreux contacts avec le responsable des Jeunesses communistes, "Martial" (Remondin, instituteur de la Loire). En 1943, il participa à une activité de type syndicale en direction des instituteurs (rédaction de circulaires relatives aux conférences pédagogiques). Co-rédacteur d’un organe clandestin, Le bonnet phrygien, il fut membre du bureau clandestin du syndicat reconstitué. Comme responsable des jeunes, il fit partie du bureau départemental du Front national universitaire et participa à la diffusion de L’Université libre puis de L’École laïque.
Parallèlement, Buvat était le responsable de la CGT clandestine des mineurs à Saint-Eloy-les-Mines qu’il avait contribué à recréer avec son ami Armand Mansat. Il organisa le sabotage de la production et des grèves (une heure, le1er mai 1944, grève patriotique du 15 août 1944 avec rédaction puis dépôt d’un cahier de revendications). Aussi fit-il partie du Comité local de Libération à partir de juillet 1944. Il était le secrétaire politique de la section, puis membre du bureau de la section communiste de Montaigut-Saint-Eloy.

Georges Buvat retrouva son métier d’instituteur à Montaigut (août 1944-septembre 1945). Il effectua le service militaire dans un régiment du Train comme soldat de deuxième classe (septembre 1945-janvier 1946). Il retrouva son poste à Montjoie (janvier 1946-septembre 1956).

Il se maria exclusivement civilement en août 1946 à Saint-Éloy-les-Mines avec Suzanne Colette, Julie Valenchon, née le 17 novembre 1923 à Courçais (Allier), institutrice qui devint sympathisante communiste, fille d’un facteur des PTT, gravement blessé au début de la guerre.
Il participa à une brigade de travail en Tchécoslovaquie (juillet-août 1948).

Buvat, depuis la Libération, était membre minoritaire du conseil syndical et du bureau syndical (septembre 1944-1956) de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, et entra en conflit avec les majoritaires de la section. Cette opposition prit souvent une allure très tendue. Après que le courant favorable au maintien dans la CGT eut obtenu 40 % des suffrages dans la section départementale du SNI, il fut un des animateurs de la FEN-CGT départementale qui mena pendant une année une activité indépendante du SNI avant de réintégrer le SNI. Il avait participé à la rencontre avec Benoît Frachon provoquée par Paul Delanoue.

Georges Buvat fit partie de la commission nationale des jeunes instituteurs élue lors de la journée d’études des jeunes du SNI, le 29 mars 1945. Il écrivit un article dans L’École libératrice, le 10 mai 1947, sur les journées de Toulouse des jeunes du SNI et présenta un rapport sur ces journées lors du congrès national du SNI de l’été 1947. Secrétaire de la commission départementale des jeunes instituteurs, il figurait parmi les vingt candidats de la liste "pour un syndicalisme indépendant démocratique et efficace" conduite par Delanoue lors de la première élection à la proportionnelle du bureau national du SNI. Le 28 décembre 1947, il obtint 262 voix et ne fut pas élu.

Membre du conseil d’administration de l’UD-CGT, depuis novembre 1946, responsable aux jeunes de l’UD, élu membre du comité confédéral national des jeunes de la CGT jusqu’en 1950, il fut un des promoteurs des journées nationales dans le cadre du Printemps de la Jeunesse au stade Charléty.

Après le congrès du SNI (22-24 mars 1948) qui choisit de rester dans l’autonomie, Georges Buvat signa avec Marcel Merville une circulaire en tant que membre de la commission nationale des jeunes du SNI, invitant les jeunes instituteurs à rejoindre la commission fédérale des jeunes de la FEN-CGT, ce qui provoqua la mise en garde du secrétaire général du SNI Henri Aigueperse dans L’École libératrice du 29 avril 1948. Il devint le responsable aux jeunes et aux questions corporatives de la FEN-CGT. Membre de la commission nationale des jeunes de l’enseignement CGT élue en 1948, seul instituteur à participer à l’école centrale de la jeunesse (15 septembre-10 octobre 1947), organisée par le Parti communiste, son exposé sur la formation professionnelle fut remarqué par André Marty et par Marcel Cachin qui la suivaient.

Dans la FEN-CGT, jusqu’en 1954, il fut membre des commissions administratives, corporatives et des jeunes, et de 1949 à 1954 le responsable des voyages internationaux organisés par la Fédération internationale des syndicats de l’enseignement (Italie, Algérie, Maroc, Tchécoslovaquie, RDA, Roumanie, Suède Norvège). Ces voyages s’adressaient aussi aux élèves des écoles normales d’instituteurs. Àl a suite de l’appel de Stockholm, il organisa en 1950 une caravane de la Paix qui, pendant trente-huit jours, permit à cent-quatre-vingts participants de traverser divers pays européens. Il prit part aussi au congrès de la FISE à Vienne qui précéda le Festival de la jeunesse à Bucarest.

À partir d’octobre 1955, Buvat devint instituteur itinérant agricole dans le secteur de Combraille bourbonnaise, après avoir obtenu le certificat d’aptitude à l’enseignement agricole (juin 1955). Il retrouva le conseil syndical de la section départementale du SNI en 1957. Elu au comité technique paritaire départemental (1954-1970) puis à la commission administrative paritaire départementale, membre de la commission des affaires corporatives (1957-1974)., il fut candidat au bureau national du SNI en décembre 1967, en 27e en position sur la liste « Pour l’unité, l’action, l’efficacité du SNI ». Ses interventions aux congrès nationaux du SNI portaient sur l’enseignement agricole.

À partir de 1960, il participait à la commission départementale de l’enseignement et de la formation professionnelle agricole. Il présida l’association départementale des maîtres et maîtresses agricoles (1960-1976). De 1957 à 1974, il participa à la commission nationale agricole du SNI où il s’opposa aux orientations de la direction nationale qui les poussait vers les classes pratiques.

Membre du bureau de l’association départementale pour le développement de l’enseignement agricole, il créa et dirigea le Centre professionnel agricole polyvalent et de promotion sociale de Saint-Éloy-les-Mines (1967-1976). Il fut membre du conseil d’administration de l’Association nationale des maîtres agricoles et de la commission nationale développement de la Fédération nationale des Centres d’information agricole et ménagère. Technicien agricole, il créa et anima plusieurs groupements locaux de vulgarisation pour aider les agriculteurs à résister contre la domination de la FNSEA et son dirigeant départemental Michel Debatisse. Il participa au développement rural avec l’ouverture d’un cours renforcé pour la formation des apprentis de l’artisanat et du commerce et des séances de formation fiscale et économique pour les petites entreprises.

Politiquement, Georges Buvat entra au comité de la fédération communiste en 1947 et y resta jusqu’en 1959, année où il demanda de ne plus figurer au comité en raison d’une surcharge de travail professionnel. Il avait participé à la rédaction et à la diffusion d’un bulletin fédéral en direction des enseignants et à la diffusion de L’École et la Nation. Il fut jusqu’en 1985 membre du bureau et trésorier de la section communiste de Saint-Éloy-les-Mines.

Sa candidature au conseil général dans le canton de Montaigut en 1949 fut envisagée mais ne fut pas retenue. Candidat en deuxième position à toutes les élections municipales, il fut élu conseiller municipal de sa commune en 1965 sur une liste d’union de la gauche, membre de la commission agricole (construction d’un centre professionnel agricole, remembrement) ; il le demeura jusqu’en 1971, la liste de gauche ayant été alors battue. Il fut candidat au conseil général dans le canton de Montaigut en 1967 (obtenant 40 % des suffrages) et en 1973. Il était le trésorier départemental de l’association créée en 1965 de la Fédération nationale des élus républicains municipaux et cantonaux. Il fut proposé par la fédération communiste pour suivre, au début des années 1970, le stage des élus municipaux organisé par l’association des élus républicains mais il n’y participa pas en raison de ses obligations professionnelles.

Membre de la Fédération des œuvres laïques, membre de la commission agricole de la fédération, animateur de l’amicale de Saint-Éloy-les-Mines (1946-1956), il en fut le vice-président (1960-1980). Il militait aussi à la Libération dans l’association France-URSS et dans l’Association nationale des anciens combattants de la Résistance depuis sa création. Il fut actif avec son épouse, à partir des années 1960, dans l’Amicale zone 13 qui regroupait des anciens résistants.

En 1986, Georges Buvat cessa d’appartenir au PCF, devenu squelettique dans sa région, tout en lui maintenant son soutien (votes, dons, abonnement à (La Terre). Retraité depuis 1976, syndiqué au SNUipp-FSU dans les Alpes-Maritimes, il participait à toutes les manifestations de la FSU et de la Fédération générale des fonctionnaires. Il se partageait entre Saint-Éloy-les-Mines et Vence (Alpes-Maritimes) où il présidait le conseil syndical de sa copropriété depuis 1995.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18222, notice BUVAT Georges par Jacques Girault, version mise en ligne le 20 octobre 2008, dernière modification le 18 octobre 2021.

Par Jacques Girault

Iconographie : Georges Buvat dans les années 2000.

SOURCES : Arch. du comité national du PCF. — Renseignements fournis par l’intéressé et la mairie de Saint-Eloy-les-Mines. — Presse syndicale.

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