VERMEULIN Pierre, Georges, Emile

Par Alain Dalançon

Né le 22 février 1933 à Meudon (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 18 juillet 2014 à Angoulême (Charente) ; agrégé de physique, ingénieur de recherches au CNRS ; militant communiste ; militant syndicaliste de la CGT, du SNES, du SNESup, du SNCS ; président fondateur de « Chercheurs toujours », militant à l’Association d’Amitié Franco-Vietnamienne.

Pierre Vermeulin
Pierre Vermeulin

Son père, Georges Vermeulin, était couvreur-zingueur et sa mère lingère, avant d’élever ses cinq enfants dont il était le second.

Bon élève, il entra comme élève-maître à l’École normale d’instituteurs de Versailles (Seine-et-Oise, Yvelines), en 1948, à 15 ans et demi.

À sa sortie de l’ENI, en 1951, il enseigna comme instituteur dans différentes écoles du département de Seine-et-Oise : à Versailles, Neuilly-sur-Marne, puis à Meudon où résidait sa famille.

Syndiqué au Syndicat national des instituteurs dès l’ENI, Pierre Vermeulin adhéra au Parti communiste français dans la cellule créée et dirigée par Daniel Renard, et milita à la FEN-CGT. La lutte contre la guerre d’Indochine marqua sa jeunesse et, disait-il en 2011, « à la réflexion, toute ma vie militante ». Avec quelques autres normaliens, il affichait et inscrivait à la peinture dans les rues de Meudon « Paix en Indochine », « Libérez Henri Martin ». Puis, moniteur dans une colonie de vacances de Saint-Cyr-l’École (à municipalité communiste) en Touraine, près de Montbazon, dans un camp occupé auparavant par des Vietnamiens, il soutint la Tourangelle Raymonde Dien emprisonnée en 1950. Il participa aussi à un camp international de jeunes enseignants, organisé par la FEN-CGT à Saint-Raphaël (Var) où le Vietnam fut un objet premier d’échanges.

Après 1952, il prit des responsabilités syndicales à la FEN-CGT et à la CGT, ce qui le conduisit vers la coopération avec les syndicats d’Afrique Noire et d’Algérie dans la lutte anticolonialiste. En 1953, il représenta ainsi la FSM (Fédération syndicale mondiale) à Alger à une réunion sur la scolarisation en Algérie (10% seulement des petits « indigènes » étaient scolarisés) et comprit que la situation était arrivée à un point de rupture. Il participa quelques années plus tard à la lutte politique contre la guerre d’Algérie.

Il épousa en juillet 1953 Hélène Chardat, institutrice, future directrice d’école, avec laquelle il eut deux filles : Jeanne-Marie, devenue magistrate, et Claire, médecin.

Il effectua son service militaire dans l’infanterie coloniale en 1956, d’abord au camp de Satory puis en zone d’occupation française en Allemagne, à Constance. De retour à la vie civile, il enseigna en cours complémentaire (devenu collège d’enseignement général en 1959) puis décida en 1962 de poursuivre ses études universitaires. Il obtint le certificat d’études scientifiques générales MPC (maths-physique-chimie) à la Sorbonne et réussit le concours des IPES, (institut préparatoire aux enseignements de second degré) qui lui permit de terminer sa licence de sciences physiques puis d’être reçu au CAPES (certificat d’aptitude à professorat de l’enseignement de second degré).

Ipesien, il changea alors de syndicat et milita au Syndicat national de l’enseignement secondaire dans le courant « B » qui devint le courant « Unité et Action » dans le nouveau SNES (classique, moderne, technique) après la fusion de 1966. Il fut élu membre de la commission administrative nationale, secrétaire national de la catégorie IPES-CPR dès 1966, une année avant la prise de la direction par U-A en 1967 et réélu cette année-là. Il participa activement au mouvement en mai-juin 1968 dans la section académique (S3) de Paris.

Reçu à l’agrégation de physique en 1968, Pierre Vermeulin devint agrégé-préparateur à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm et milita dès lors au Syndicat national de l’enseignement supérieur dans le courant « Action syndicale » qui devint majoritaire en 1969. Élu membre de la CA nationale, il participa également au bureau national de 1970 à 1972. Il s’impliqua alors beaucoup dans le combat contre la guerre américaine au Vietnam. En 1973, il eut ses premiers contacts avec le Comité pour la coopération scientifique avec le Vietnam dont l’animateur, l’historien Jean-Louis Van Regemorter, était une vieille connaissance meudonnaise.

Plus que l’enseignement, c’était la recherche en chimie qui le passionnait. Il soutint sa thèse en 1976 : « Théorie et applications du concept d’états de valence moléculaire » et entra en 1980 au CNRS, où il devint ingénieur de recherches. Il changea à nouveau de syndicat et milita alors au Syndicat national des chercheurs scientifiques, également à majorité « Unité et Action ». Il devint quelques années plus tard en 1984, directeur scientifique adjoint du Département chimie du CNRS, dirigé par Michel Fayard, plus particulièrement en charge de la chimie du solide, des polymères. Il travailla également avec Paul Rigny.

À partir de 1984, il participa à une coopération importante entre le CNRS et le Comité populaire d’Ho Chi Minh Ville pour construire et équiper un laboratoire d’analyse chimique, élémentaire et moléculaire, ce qui lui valut l’attribution de la Médaille de la ville. Les relations d’amitié qu’il tissa avec les Vietnamiens le conduisirent à s’impliquer dans l’Association d’amitié franco-vietnamienne, regroupant des anciens des luttes pour la paix, contre les guerres françaises et américaines et de plus jeunes cherchant à comprendre la trajectoire de ce pays dans sa politique de développement. Il fut aussi actif en Tunisie et en Guyane.

Durant les dernières années de fonction au CNRS, il portait de plus en plus d’attention à l’impact de la chimie dans l’environnement. Il appartint ainsi au Groupe permanent d’experts pour les installations destinées au stockage des déchets radioactifs à long terme, et se déplaça souvent en France et à l’étranger pour des voyages d’étude et des inspections de sites.

À la retraite, il fonda l’association « Chercheur toujours » et fut un membre très actif du Comité de rédaction de L’Actualité Chimique. Dans la continuité de ses engagements, il milita enfin pour le Tribunal international d’opinion en soutien aux victimes vietnamiennes de l’Agent orange. Il était toujours membre du parti communiste.

Pierre Vermeulin décéda à l’hôpital d’Angoulême, dans le département de la Charente où son épouse possédait une maison familiale dans un village de la Charente limousine où il fut inhumé.

Celles et ceux qui l’avaient connu gardaient le souvenir de sa pipe, de sa bonne humeur et de son humour piquant ; sa générosité, son intelligence, sa culture très étendue lui avaient permis de se faire de nombreux amis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182222, notice VERMEULIN Pierre, Georges, Emile par Alain Dalançon, version mise en ligne le 1er juillet 2016, dernière modification le 16 janvier 2020.

Par Alain Dalançon

Pierre Vermeulin
Pierre Vermeulin

SOURCES : Arch. IRHSES dont L’Université syndicaliste et bulletins du SNESup. — Témoignage autobiographique en 2001 à l’AAFV. — Nécrologie sur le site de « Chercheurs toujours ». — Renseignements fournis pas son épouse, sa fille aînée et Michel Verdaguer.

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