DENAVIT André, Marie, Robert, Adrien [Pseudonymes dans la Résistance : André Duret, Charmoz, Grepon]

Par Annie Pennetier, Dominique Tantin, Benoît Prieur, Jean-Luc Marquer

Né le 3 juin 1917 à Lyon 2e arr. (Rhône, Métropole de Lyon), fusillé sommairement le 20 août 1944 au fort de Côte-Lorette à Saint-Genis-Laval (Rhône) ; ingénieur-chimiste ; résistant de l’Armée secrète.

Né dans une famille de cinq enfants, André, Marie, Robert, Adrien Denavit était le dernier enfant de Joseph, Marie Denavit et de Marie, Mathilde Joséphine Rambaud, son épouse. Le frère de celle-ci, Adrien Rambaud était mort pour la France pendant la Première guerre mondiale à l’âge de 30 ans.La naissance du jeune Adrien permit le retour du front de son père. Le grand-père maternel d’Adrien était le fondateur du journal lyonnais bourgeois et catholique de droite, "Le Nouvelliste", journal qui a sombré dans la collaboration la plus noire qui a été interdit après la guerre. Son propre père Joseph y travaillait. Après des études secondaires à l’Externat Saint-Joseph, Adrien Denavit étudia à l’École de chimie industrielle de l’Université de Lyon et obtint en juillet 1939 son diplôme d’ingénieur-chimiste. Il avait rencontré dans cette école sa future femme, Nicole Rambaud.
Mobilisé le 3 septembre 1939, il se rendit à Montauban et entra au peloton des officiers de réserve de cavalerie. Son frère Henry, chasseur Alpin, mourut au combat le 6 juin 1940 dans le Nord de la France. Aspirant, Adrien participa à la bataille des "Cadets de Saumur" dans le Maine-et-Loire du 18 au 20 juin 1940, donc après l’ordre donné par Pétain de cesser le combat. Prisonnier puis libéré avec ses camarades de l’École de Saumur en juillet, il fut démobilisé le 5 août. Il effectua alors un stage à l’École des cadres de la jeunesse au château de la Peyrouge. Il travailla au Laboratoire du Ravitaillement à Lyon avec Nicole Rambaud qu’il épousa le 23 avril 1942. Le couple s’installa dans le 5e arr. de Lyon, chemin de l’Étoile d’Alaï (aujourd’hui rue Joliot-Curie) dans le quartier du Point du jour, puis donna naissance à une fille le 13 août 1944 (donc après son arrestation). Membre des Éclaireurs de France, il devint chef du clan de la Lyre.
Au début de 1943, il participa à une organisation de Résistance par l’intermédiaire de la lecture et de la diffusion du "Courrier français du Témoignage chrétien". En 1943, il était l’un des adjoints du chef départemental du Rhône du mouvement Franc-Tireur, Charles Perret, alias Delacroix, puis devint agent de liaison de l’Armée secrète, de Marcel Descour et de Alban Vistel, chef régional de la région R1 des Mouvements unis de résistance (MUR). Arrêté le 4 août 1944 au bas du boulevard de la Croix Rousse, sous son faux nom d’André Duret, il fut interné à la prison de Montluc à Lyon, cellule 153, puis 131. Dans la cellule 131, il était avec huit autres internés dont Alfred Vial et le capitaine Jean Veyron-Lacroix qui seront exécutés avec lui au fort de Côte-Lorette. Il confia ses dernières volontés et ses dernières paroles à un jeune compagnon de cellule, Léon Landini, FTP MOI qui viendra annoncer à la famille son destin.
À l’approche de la Libération, les Allemands vidèrent les prisons en déportant et en massacrant leurs prisonniers.
Alors que les Alliés remontaient la vallée du Rhône, Klaus Barbie et Walter Knabb, responsables de la Sipo-SD lyonnaise, firent transférer 120 détenus Juifs et résistants de la prison du fort Montluc au fort de Côte-Lorette. Des miliciens participèrent à l’opération.
Les détenus y furent exécutés à la mitraillette dans la maison du garde attenante au fort. Les auteurs du massacre incendièrent la maison puis la firent exploser. Il n’y eut qu’un rescapé qui put témoigner. Les corps de 68 hommes et 6 femmes purent être identifiés. Les dépouilles furent placées dans 88 cercueils dont 5 ne comprenaient que des restes non identifiables. Adrien Denavit présumé assassiné le 20 août 1944 ne put être identifié.
Le 23 août 1944, les obsèques furent célébrées en présence du cardinal Gerlier, alors que les Allemands occupaient encore la ville.
Adrien Denavit obtint la mention « Mort pour la France » et fut homologué résistant, lieutenant des Forces françaises de l’Intérieur, et interné résistant (DIR).
Il fut décoré à titre posthume de la Croix de guerre et de la médaille de la Résistance (décret 11 mars 1947, JO du 27 mars 1947) et fut élevé à titre posthume au grade de Chevalier de la Légion d’Honneur.
Son nom figure sur le monument aux morts de Lantignié (Rhône) et sur les plaques commémoratives du lycée Saint-Marc à Lyon 2e arr. et de l’École d’ingénieurs CPE (ex ESCIL) à Villeurbanne (Métropole de Lyon).
Un monument fut élevé à la mémoire des victimes de l’un des plus importants massacres commis à la veille de la Libération.


Voir Saint-Genis-Laval, fort de Côte-Lorette (20 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182355, notice DENAVIT André, Marie, Robert, Adrien [Pseudonymes dans la Résistance : André Duret, Charmoz, Grepon] par Annie Pennetier, Dominique Tantin, Benoît Prieur, Jean-Luc Marquer, version mise en ligne le 1er septembre 2016, dernière modification le 20 mai 2022.

Par Annie Pennetier, Dominique Tantin, Benoît Prieur, Jean-Luc Marquer

SOURCES : AVCC, Caen, Caen AC 21 P 116983 (nc) et AC 21 P 632782 (nc). — SHD, Vincennes, GR 16 P 174517 (nc). — Arch. Dép. Rhône et Métropole, 3335 W 22, 3335 W 13. — Bruno Permezel, Montluc, antichambre de l’inconnu, 1942-1944, 1999.— Bruno Permezel,Résistants à Lyon, Villeurbanne et alentours, 2824 engagements, 2003. — Ass. des rescapés de Montluc, Les 15 derniers jours des internés à Montluc, 9-24 août 1944, aout 2019. — Mémoire des hommes. — Mémorial GenWeb. — Notes et documents de Gérard Rambaud, neveu d’Adrien Denavit, membre de l’Association des Rescapés de Montluc. — État civil, acte de naissance n°1581, registre des décès du 5e arr. de Lyon, 1947, acte n° 688bis, transcription de l’acte 10.131, registre 21, établi par le service de l’état civil du ministère des anciens combattants et victimes de guerre.

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