MICHARD Jean Baptiste, Michel, Adrien

Par Michel Thébault

Né le 6 février 1916 à Paris 15ème arr. (Seine), exécuté sommairement le 22 juillet 1944 à Ahun (Creuse) ; docteur en médecine ; résistant.

Il était le fils d’Adrien Gilbert Michard, ingénieur des chemins de fer et de Madeleine Marie Josepha Wurster, domiciliés à Paris. Élève de l’école de Santé militaire du Val de Grâce, il fut interne à Paris.
Mobilisé en 1939, il fut médecin lieutenant lors de la campagne de 1939 – 1940 affecté au 149ème RIF (régiment d’infanterie de forteresse). Ce régiment tenait un secteur fortifié de la ligne Maginot, le secteur fortifié de la Crusnes, au nord de la Meurthe-et-Moselle. Face à l’avancée des troupes allemandes, le régiment dut décrocher le 13 juin au soir et livra des combats de retardement. A l’issue de la bataille de Darmannes (Haute-Marne), le 18 juin 1940, la plus grande partie du régiment, encerclée par les troupes du général Guderian, dut se rendre. Le médecin lieutenant Michard fut fait prisonnier. Il fut libéré après six mois de captivité pour raisons de santé. Il reprit alors ses études et soutint sa thèse en 1942, devenant ainsi diplômé de la faculté de médecine de Lyon. Toujours militaire il fut placé en position de non-activité pour infirmités temporaires le 30 septembre 1943. Il se maria le 10 novembre 1943 avec Mireille Batre, originaire de Toulon, assistante sociale.
Le 1 mai 1944, ils s’installèrent au Busseau-sur-Creuse (commune d’Ahun, Creuse), venant de Bordeaux où ils résidaient précédemment. A la mi-juillet 1944 la brigade Jesser, une formation militaire allemande, composée d’éléments de la Wehrmacht, des SS et de divers services de police, pénétra en Creuse, chargée de la répression contre les forces de la Résistance. Elle se livra à de multiples opérations de ratissage à la recherche des maquis dans tout le sud du département, exécutant le plus souvent de manière sommaire de nombreux suspects. Le docteur Michard fut suspecté d’utiliser son véhicule sans autorisation pour apporter son aide et soigner des blessés de la Résistance. Le témoignage de son épouse fait auprès de la gendarmerie en décembre 1944 relate les faits (dossier AVCC) : « Le 22 juillet 1944 à 9 h. un détachement allemand composé de trois officiers et d’une dizaine de soldats s’est arrêté devant mon domicile à Busseau-sur-Creuse. Les trois officiers sont entrés chez moi et ont demandé à voir mon mari, le docteur Michard qu’ils ont interrogé pendant un quart d’heure, puis ils sont partis. Vers 11 h. les trois officiers sont revenus et ayant intimé à mon mari l’ordre de les suivre, le Docteur est parti avec eux. Par la suite, j’appris que mon mari avait été emmené dans une camionnette car j’étais gardée à vue dans ma maison. Vers 15 h 30 [on] est venu me prévenir que mon mari avait été blessé à Ahun, j’y suis partie en bicyclette. J’ai trouvé mon mari dans la prison d’Ahun, un réduit infâme, baignant dans son sang et recouvert de deux sales torchons. Mon mari avait été assassiné par les Allemands à l’école d’Ahun de trois balles et achevé d’une balle dans la tête près de l’oreille ».
Jean Michard fut ainsi fusillé sommairement par les troupes allemandes devant l’école primaire d’Ahun qui leur servait de cantonnement, le 22 juillet 1944. Les causes précises de l’exécution restent imprécises. L’historien du maquis Marc Parrotin, en donne lui-même deux versions, sans préciser ses sources (sans doute une enquête sur place) : « Lors de l’interrogatoire, [les officiers allemands lui reprochèrent] de circuler en voiture automobile en dépit de la réglementation en vigueur. D’après eux, le docteur aurait alors exercé des violences et voies de fait sur l’officier chargé de l’interroger, et cherché à s’enfuir, ce qui aurait amené les sentinelles postées près du portail de l’école à tirer sur le prisonnier et à l’abattre ». (Le temps du maquis p. 446 op. cit.). Marc Parrotin donne dans le Mémorial de la Résistance creusoise (op. cit.) une autre version peut-être complémentaire de la première : le docteur Michard aurait protesté auprès d’un officier allemand contre l’exécution sans motif véritable, la veille, de quatre immigrés italiens, au lieudit la Couture, près de la Chezotte (commune d’Ahun). La seule certitude qui se dégage est celle d’un interrogatoire qui a mal tourné. Malgré la gravité des évènements se produisant en Creuse dans la deuxième quinzaine de juillet, la mort du docteur Michard eut un grand retentissement : dès le lendemain, le service des renseignements généraux de Guéret (dossier DAVCC) établit une note relatant les faits et conclut : « cette exécution a produit une vive impression sur les habitants de la région ».

Il fut déclaré Mort pour la France par ordonnance du 2 novembre 1945. Son nom figure sur les monuments aux morts d’Ahun et de Lavaveix-les-Mines (Creuse) où il fut inhumé. Il figure également sur la plaque commémorative 1939 – 1945 de la Faculté de Médecine de Paris-Descartes et sur le livre des anciens élèves de l’école du Val de Grâce ainsi que sur le mémorial de la Résistance creusoise à Guéret. Il est à noter que sur tous ces monuments, une date erronée est fournie pour son décès : 22 août 1944 au lieu de 22 juillet 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182370, notice MICHARD Jean Baptiste, Michel, Adrien par Michel Thébault, version mise en ligne le 6 juillet 2016, dernière modification le 4 novembre 2019.

Par Michel Thébault

SOURCES : État civil — Dossier DAVCC Caen — Archives municipales Ahun (Creuse) — Laurent Cardonnet, thèse pour le doctorat de médecine, Paris Descartes, 2010 Contribution à l’étude des étudiants de médecine et des médecins Morts pour la France pendant la seconde guerre mondiale — Marc Parrotin Le temps du maquis Ed. Verso 1981 et Mémorial de la Résistance creusoise Ed. Verso 2000 — Mémorial genweb.

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