FOISNET Albert, Pascal, Louis

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

Né le 10 décembre 1910 à l’Épinay-le-Comte (Orne), mort le 15 février 1981 à Poitiers (Vienne) ; professeur ; militant syndicaliste de l’enseignement (SNCM, SNET, SNES), militant communiste de la Vienne ; résistant.

Fils d’une famille nombreuse de paysans normands, Albert Foisnet reçut une éducation catholique comme ses deux frères et ses quatre sœurs, « à la dure », surtout après le décès de son père, combattant de la Première Guerre mondiale, mort en 1919 des suites de son gazage en 1917.

Après l’école communale, très bon élève, il entra comme boursier au cours complémentaire de Domfront (Orne), puis à l’École normale d’instituteurs d’Alençon (Orne) en 1926. Élève de quatrième année à l’ENI de Caen (Calvados) en 1929-1930 et 1930-1931, il intégra l’École normale supérieure de l’enseignement primaire de Saint-Cloud (Sciences) en 1931.

Titulaire des premières parties du professorat des ENI et des EPS (1931) et du professorat des écoles pratiques (1931), du certificat d’aptitude à l’enseignement du travail manuel dans les EPS et les ENI (1933), il échoua à la seconde partie du professorat. Albert Foisnet débuta sa carrière d’enseignant comme instituteur délégué à l’école primaire supérieure de garçons de Châtellerault (Vienne) en 1933-1934, où il enseignait les travaux manuels, le dessin industriel, la technologie et la morale. Dans cette ville ouvrière, il adhéra au Parti communiste en 1934 et devint secrétaire des Jeunesses communistes. Il épousa exclusivement civilement en juillet 1935 à Châtellerault une institutrice, Marcelle Guillon, en poste à Pleumartin (Vienne), fille d’un architecte travaillant à la Manufacture d’armes, avec laquelle il eut un garçon, Michel, et une fille, Roselyne. Il y effectua également son service militaire en 1936-1937 dans un régiment de tirailleurs algériens, basé à Châtellerault et fut le capitaine de l’équipe de football de son régiment, le « seul grade [qu’il ait] jamais eu », se plaisait-il à dire.

En 1936, le couple fut nommé à Montmorillon (Vienne), elle au cours complémentaire, lui, à partir d’octobre 1937 à l’EPS de garçons, comme professeur adjoint de mathématiques, de dessin industriel et de travail manuel et assistant du professeur de menuiserie. A partir de 1938, il commença à préparer la deuxième partie du professorat (série Mathématiques) qu’il réussit en 1939. Il obtint les certificats d’enseignement supérieur de mathématique générale (1939) et de mécanique rationnelle (1940) à la Faculté des Sciences de Poitiers (Vienne). Le 27 août 1939, il fut mobilisé dans un régiment de tirailleurs à Châtellerault, mais fut réformé temporaire en avril 1940 à la suite d’un accident de voiture qui le laissa handicapé d’un œil. Enseignant à Montmorillon, en octobre 1943, il refusa une nomination au collège moderne (ancienne EPS) de Châtellerault, prétextant le danger que présenterait pour ses enfants d’éventuels bombardements sur la Manufacture. Demandant une nomination à Poitiers en octobre 1944, il dévoila que la véritable raison de ce refus était ses liens avec la Résistance locale.

Toujours membre et responsable du Parti communiste clandestin pour le montmorillonnais, Albert Foisnet entra dans la clandestinité en 1943 dans le maquis "Amilcar" des Francs tireurs et partisans, où il fut rejoint par son épouse. En 1944, il devint secrétaire général du Comité départemental de Libération (zone Sud) et, à ce titre, fut nommé à titre provisoire, lors du dernier trimestre de 1944, professeur de mathématiques au collège moderne et technique de Poitiers, pouvant enseigner en alternance avec ses responsabilités au CDL. Le président du CDL était le professeur de droit à al faculté de Poitiers, René Savatier, résistant depuis 1942 mais qui avait soutenu publiquement les candidats hostiles au Front populaire en 1936. De plus le député-maire de Poitiers, Jacques Masteau, avait voté les pleins pouvoirs à Pétain en 1940 et avait été nommé par Vichy en 1941 maire de Poitiers, fonction qu’il occupait toujours en 1944. D’où une grande méfiance entre les communistes et les autres mais qui fut dépassée, de sorte que 12 commissions furent créées fonctionnant de septembre 1944 à janvier 1946, établissant des priorités à l’épuration, les transports, le ravitaillement, la production et le commerce.

En 1945, le couple Foisnet fut officiellement muté à Poitiers, elle comme directrice du centre féminin de formation professionnelle des Quatre-roues puis du collège d’enseignement technique féminin annexé au collège de filles, lui comme professeur de mathématiques dans la section moderne du collège. Il était chargé de l’enseignement des mathématiques dans les classes de troisième et quatrième années préparant le concours des Arts et Métiers, puis le baccalauréat technique. Son poste étant supprimé, à partir d’octobre 1949, il fut nommé dans la section technique du même établissement qui devint lycée technique commercial.

Albert Foisnet devint alors une des personnalités communistes marquantes de Poitiers où il demeurait rue de Blossac. Élu conseiller municipal en 1945, il le demeura jusqu’en 1958. La liste communiste n’eut en effet pas d’élu en 1959. Membre du comité de la section communiste, il assura le secrétariat de la section du milieu des années 1950 au milieu des années 1960 ; il était en outre, depuis la Libération, membre du comité et parfois du bureau de la fédération communiste. En 1956, il devint président de la commission fédérale de contrôle financier. À partir de 1961, il faisait partie du bureau fédéral et devint responsable de la lutte pour la paix en 1968. Élu au comité fédéral en 1970, trésorier fédéral à partir de cette date, il ne fut pas réélu par la conférence fédérale du 1975, à sa demande, pour des raisons de santé, et devint responsable des vétérans communistes.

Membre du Syndicat national des EPS avant la guerre, puis successivement du Syndicat national des collèges modernes, du Syndicat national de l’enseignement secondaire, du Syndicat national de l’enseignement technique, Albert Foisnet était également militant « cégétiste » puis UASE (il signa l’appel à voter pour les listes « Unité pour une action syndicale efficace » aux élections de 1958 à 1962) ou Unité et Action avec ses camarades Michel Bloch et Ernest Ellinger dans une section syndicale d’établissement où la fusion des syndicats du second degré de la FEN était effective depuis la Libération. Par la suite, il fut un militant Unité et Action actif du nouveau SNES (classique, moderne, technique) dans les lycées de Poitiers.

En 1963, Albert Foisnet avait en effet été nommé professeur certifié de mathématiques chargé de l’enseignement en classe de terminale scientifique au lycée de garçons Henri-IV de Poitiers, puis au nouveau lycée Camille-Guérin, où il prit sa retraite en janvier 1971. Il donnait en outre des cours à l’École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique. À cette époque son épouse, après avoir dirigé le centre d’apprentissage Jean-Macé, était devenue directrice du nouveau collège d’enseignement technique de l’habillement du Dolmen.

En 1963, l’Université nouvelle avait été créée à Poitiers, mais, selon un rapport de Claude Prévost en 1967, Foisnet, « malade », n’y jouait aucun rôle. Il restait cependant un militant très connu. Candidat au conseil général dans le canton de Poitiers-Sud en 1958, il obtint 1 977 voix sur 17 963 inscrits. Il fut à nouveau candidat en 1964. Il conduisit la liste du PCF aux élections municipales, en 1965, un accord avec la SFIO n’ayant pu se conclure. En 1967, il se présenta comme suppléant du candidat communiste aux élections législatives dans la première circonscription de Poitiers. En 1971, il était en troisième position sur la liste municipale « pour une gestion sociale et démocratique ». Élu au comité fédéral en 1970, trésorier fédéral à partir de cette date, il ne fut pas réélu par la conférence fédérale du 1975, à sa demande, pour des raisons de santé, et devint responsable des vétérans communistes.

Professeur de mathématiques exigeant mais considéré par ses élèves et très bien noté par l’inspection, Albert Foisnet était un homme de devoir, militant fidèle « pur et dur » de son parti, qui refusa toujours les honneurs et même les diverses médailles qui lui furent proposées pour sa conduite dans la Résistance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article18240, notice FOISNET Albert, Pascal, Louis par Alain Dalançon, Jacques Girault, version mise en ligne le 29 octobre 2008, dernière modification le 11 juillet 2022.

Par Alain Dalançon, Jacques Girault

SOURCES : Arch. Nat., F17 30079. — Arch. comité national du PCF. — VRID-mémorial ,comité de libération de Poitiers. — Maxime Vallée, La Fédération de la Vienne du Parti communiste francais, de la mort de Maurice Thorez à la signature du Programme Commun (1964-1972) : essai d’Histoire du communisme local au prisme des archives de la Fédération de la Vienne du PCF. — Notes d’Alain Léger et de Julien Veyret. — Renseignements fournis par son fils. —Témoignages oraux de ses collègues (dont un des auteurs, A. Dalançon) et camarades du PCF.

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