CATZ Albert

Par Jean-Sébastien Chorin, Robert Serre

Né 17 novembre 1911 à Paris (IIIe arr.), massacré le 17 août 1944 à Bron (Rhône) ; chirurgien-dentiste ; victime civile

Albert Catz était le fils de Michel Catz, horloger, et de Rosa Feller. Il naquit au domicile de ses parents, 50 rue Rambuteau. Le 16 janvier 1936, il se maria à Paris (XVIe arr.) avec Jacqueline, Lisette Lévy. Son mariage religieux eut lieu le 19 janvier 1936 à la synagogue de la rue Chasselout-Laubat (Paris, XVe arr.). Son fils naquit en 1938. Avant-guerre, Albert Catz était chirurgien-dentiste et demeurait à Troyes (Aube), 1, rue du Petit Credo.
Pendant la guerre, les Catz se réfugièrent à Nyons (Drôme). A la suite d’une opération menée par le maquis contre des collaborateurs de Nyons, Albert Catz, craignant des représailles, conduisit sa famille à Valence (Drôme) au début du mois de juin 1944. Les Catz s’installèrent à l’hôtel de la Croix d’Or. C’est devant cet établissement qu’Albert Catz fut arrêté le 7 juin 1944 à 11 heures du matin par des miliciens et peut-être par des hommes de la Gestapo. D’après sa femme, il fut dénoncé pour ses activités dans la Résistance mais c’est vraisemblablement en tant que juif qu’il fut appréhendé. Albert Catz fut interné le 8 juin à la prison de Montluc (Lyon, Rhône), dans la « baraque aux Juifs ».
Le 14 août 1944, eurent lieu des bombardements sur la base aérienne de Bron (Rhône). Devant l’ampleur des dégâts, les Allemands décidèrent de faire travailler sur le camp d’aviation des détenus juifs de la prison de Montluc.
Le 17 août, à 9 heures du matin, 50 prisonniers furent extraits « sans bagage » de la « baraque aux Juifs ». Le gardien Wittmayer fit l’appel et, à la dernière minute, les Allemands remplacèrent deux catholiques par des Juifs. Ils furent embarqués sur trois camions gardés par des soldats allemands armés de mitraillettes, puis amenés sur le champ d’aviation de Bron. A Bron, les prisonniers furent répartis par groupes de trois et contraints de rechercher, d’extraire et de désamorcer des bombes non éclatées. Vers midi, ils furent dirigés près d’un hangar pour déjeuner. L’un des détenus, Jacques Silbermann, profita de cette occasion pour s’évader. Après des menaces de représailles et de vaines recherches, les soldats allemands conduisirent les 49 détenus sur le chantier pour reprendre le travail. A 18h30, alors que les prisonniers remontaient sur un camion pour regagner Montluc, un major allemand donna l’ordre de les amener sur un autre chantier. Les 49 détenus furent conduits près de trois trous d’obus au dessus desquels ils furent exécutés par balles. Leurs corps furent ensuite recouverts de terre et de gravats.
Le lendemain, 18 août, 23 détenus juifs de Montluc, dont au moins 20 de la « baraque aux Juifs », furent également conduits sur le terrain d’aviation de Bron. Ils subirent le même sort que les prisonniers de la veille. Ils furent exécutés au-dessus d’un trou d’obus après avoir recherché, extrait et désamorcé des bombes non éclatées toute la journée.
Le 19 août, le chef de la « baraque aux Juifs », Wladimir Korvin-Piotrowsky, dû remettre « en tas » les bagages des 70 prisonniers juifs de la baraque aux autorités allemandes.
En septembre 1944, cinq charniers furent découverts sur le terrain d’aviation de Bron. Le corps d’Albert Catz fut retrouvé le 4 octobre dans le charnier E, situé entre les charniers C et D et contenant 26 cadavres. D’après le rapport du médecin légiste, il avait été tué d’une balle dans la tête. Grâce au témoignage du seul rescapé de l’exécution du 17 août, Jacques Silbermann, nous pouvons déduire qu’Albert Catz fit vraisemblablement partie du groupe des 49 exécutés du 17 août 1944.
Son corps fut décrit comme suit : 1m80, « cheveux châtains, avec front largement dégagé ». D’abord enregistré sous le numéro 89, Albert Catz fut identifié le 5 octobre 1944 par sa belle-mère, Marguerite Lévy. Son corps fut inhumé au cimetière communal de Bron, dans le carré des fusillés.
Il obtint la mention Mort pour la France en 1952 et le titre d’interné politique en 1953.


Voir Bron (17-21 août 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182581, notice CATZ Albert par Jean-Sébastien Chorin, Robert Serre, version mise en ligne le 18 juillet 2016, dernière modification le 18 décembre 2020.

Par Jean-Sébastien Chorin, Robert Serre

SOURCES : DAVCC, Caen, dossier d’Albert Catz.— Arch. Dép. Rhône, 3335W22, 3335W11, 3460W1, 3460W2, 3808W866, 31J66.— L’Univers israélite, N°17, 17 janvier 1936.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°18, mai 1946.— Bulletin de l’Association des Rescapés de Montluc, N°23, octobre 1946.— Pierre Mazel, Mémorial de l’oppression, fasc. 1, Région Rhône-Alpes, 1945.— Site Internet de Yad Vashem.— État civil.

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