Né dans la Creuse en 1824 ou 1825, mort en octobre 1910. Ouvrier maçon. Militant coopérateur.
Compagnon de remplissage avec Bouyer, sur le chantier où travaillait Martin Nadaud. Membre comme Bouyer de l’Association des Maçons que Nadaud anima à Paris. Bouyer et Cohadon furent également gérants de l’Association des Maçons, très exactement Association d’Ouvriers pour l’entreprise en général du Bâtiment, association, fondée en 1848, qui devint une importante coopérative de production ayant son siège d’abord, 155, rue Saint-Victor, puis, 12, rue Monge et vécut jusqu’en 1870.
L’Association des Maçons soumissionna pour la construction de la gare d’Austerlitz, bâtit des hôtels pour les ministres de Napoléon III, de beaux immeubles dans plusieurs quartiers de Paris, entre autres dans le quartier de l’Europe. La réussite de l’Association fut telle que les gérants, pour ne pas la compromettre, ne voulurent pas embaucher Martin Nadaud, à son retour d’exil en 1860. " Votre présence, dirent-ils, ferait croire à notre clientèle que nous voulons revenir à 1848, ce qui n’est pas notre intention. "
À la fin de l’Empire, l’Association des Maçons fut liquidée par Bouyer et deux de ses amis qui entreprirent alors de travailler à leur compte et qui s’enrichirent. " Cohadon, écrit Martin Nadaud dans ses Mémoires de Léonard, est resté l’ouvrier simple et honnête de 1848 ; il a eu d’autant plus de mérite que comme intelligence il était bien supérieur à ses collègues ; sa simplicité, son désintéressement sont irréprochables. "
En 1864, le 26 septembre, Cohadon assista au meeting de Londres en faveur de la Pologne, où naquit l’Association internationale des Travailleurs. Il avait signé le " Manifeste des Soixante ". En 1865, il collabora à La Mutualité (1865-1866).
Aux élections du 8 février 1871 à l’Assemblée nationale, il fut choisi comme candidat dans la Creuse par les ouvriers creusois de Paris, comme Martin Nadaud en 1848. À son arrivée dans la Creuse, il apprit que la liste démocratique était au complet : il se désista alors de toute candidature et exposa sa position dans le journal de Limoges, La Défense nationale (numéro daté du 8 février 1871).
Gérant de l’Association des Maçons, Cohadon avait pris une part importante au mouvement coopératif de son temps. Il organisa avec d’autres, en 1863, le Crédit au Travail, première banque populaire fondée en France. En 1864 il figura parmi les initiateurs de l’Association générale d’approvisionnement et de consommation, première coopérative de consommation créée en France sur le modèle anglais des Équitables Pionniers de Rochdale. Il fut encore un des initiateurs du Nouveau Crédit au Travail et de l’Épargne immobilière. Ses oeuvres comme coopérateur étaient celles auxquelles il tenait le plus : il signa sa lettre à La Défense nationale de Limoges : ex-gérant de l’Association des Maçons de Paris, fondateur de l’Épargne immobilière. Il collabora et donna son appui à plusieurs journaux coopératifs : L’Association, organe des sociétés coopératives, La Mutualité, journal du travail, des sociétés coopératives et de secours mutuels. En 1872, il appartint à la commission de direction de la Société d’études pratiques pour le développement des associations coopératives. Il appartint aussi très longtemps à la Chambre consultative des Associations de production. En 1900, il fut délégué au congrès national puis au congrès international des Associations de production, tenus à Paris du 8 au 10 juillet, puis du 11 au 13 juillet. Il y fit des déclarations importantes. Il n’assista pas au second congrès, celui de Lyon en 1901, mais les propositions présentées en son nom y furent adoptées. Voir Béluze J.-P., Lefort H., Vinçard J.
OEUVRES : Cohadon fut l’auteur d’un Guide de l’Association à l’usage du jeune ouvrier, Paris, 1868, Bibl. Nat., in-18, R 31940, et d’une série d’articles sur la coopération parus dans le Journal d’Argenteuil (voir Musée social, n° 6725 du catalogue).
SOURCES : Association d’Ouvriers pour l’entreprise en général du Bâtiment. Rapport, Paris, 27 janvier 1859, 4 p. litho. — Les Associations ouvrières de production. Compte rendu du congrès national et international de Paris, juillet 1900, Paris, 1900. — Ibid. Compte rendu du 2e congrès annuel Lyon, 1901. — L’Association ouvrière, 15 octobre 1910 (notice nécrologique sur Cohadon). — Jean Gaumont, Histoire de la coopération en France, Paris, 1923, in-8°, 2 vol. — Note de R. Skoutelsky.