BENOÎT Christophe, Édouard (ou bien BENOÎT Christophe dit Édouard)

Né le 2 mai 1819 à Verdun (Meuse) ; cordonnier ; révolutionnaire de 1848 ; communard en 1871.

Il se disait combattant de Février 1848, et paraît avoir été capitaine de la garde nationale parisienne en 1848 et membre de plusieurs comités socialistes. Condamné à 30 F d’amende le 6 juillet 1849 à Verdun pour coups et blessures, on ne sait exactement dans quelles circonstances, Édouard Benoît fut acquitté en 1850 par les assises de la Seine de l’inculpation d’affiliation à la société secrète dite de la Villette.
En 1852, il dut se réfugier en Angleterre pour échapper à une condamnation par défaut des commissions mixtes (Algérie plus) : on l’accusait d’avoir pris une part très active, le 4 décembre 1851, à l’érection de la barricade de la rue des Petits-Carreaux (IIIe ou IVe arr., maintenant IIe) ; plusieurs personnes l’avaient vu circuler accompagné de deux hommes armés ; enfin, une perquisition à son domicile, 26, rue Saint-Sauveur (Ve, maintenant IIe arr.), avait fait retrouver parmi ses papiers plusieurs lettres d’Eugène Sue, ainsi que des brouillons de discours ou des lettres sur le socialisme et le droit au travail.

Édouard Benoît fut adhérent de la branche française de Londres de l’AIT en 1866. Il appartint, à Londres également, à la loge maçonnique les Philadelphes et la Concorde réunis. Celle-ci, lorsqu’il décida de rentrer en France en septembre 1869, offrit un banquet en son honneur. L’invitation à ce banquet rappelait en ces termes l’activité révolutionnaire de Benoît :

« Le citoyen Benoît nous était connu avant les souffrances de l’exil. Par le vote libre de ses concitoyens, il eut l’honneur d’être, lui simple ouvrier, élu au commandement d’une compagnie de la garde nationale de Paris et au comité socialiste. Fidèle à son serment et à ses convictions, il défendit au péril de sa vie cette barricade qui fut arrosée du sang de Dussoubs et de Charpentier. Il quitta la France comme un républicain devait la quitter, les armes à la main, et il y rentre pour continuer cette lutte interrompue mais toujours ardente entre la liberté et le despotisme.

« À Londres, vous l’avez tous connu ; partout où il y a quelque chose de bon et d’utile à accomplir, vous l’avez toujours trouvé dans les rangs des infatigables. Dans les loges dont il a été tant de fois vénérable, dans les sociétés politiques, vous l’avez toujours rencontré du côté de la justice contre la force. Nous perdons ici l’un des meilleurs et la seule chose qui puisse diminuer le sentiment de notre perte, c’est de savoir qu’à Paris, il sera beaucoup plus utile à la cause du Progrès... » (Arch. Min. Guerre).

Rentré à Paris, Benoît s’installa dans une petite boutique de cordonnier, 132, boulevard Haussmann (VIIIe arr.). Pendant le Siège de Paris, il fut élu capitaine à la 6e compagnie sédentaire du 71e bataillon de la Garde nationale. Il était resté en rapports avec plusieurs membres des sociétés révolutionnaires et socialistes d’Angleterre, dont il reçut avant et pendant la Commune plusieurs lettres qui malheureusement ont été détruites. Un témoin à son procès en 1873 affirme que le 18 mars 1871, il était parti pour Londres, dont il ne serait rentré qu’entre le 22 et 24 mars.

Le 3 avril 1871, il fut élu à l’unanimité moins deux voix commandant du 71e bataillon, qu’il mena au combat en mai à Issy (Seine), où il défendit la fameuse barricade des Oiseaux. À l’occasion des funérailles de plusieurs de ses officiers tués au combat, il prononça des discours violemment révolutionnaires. Toujours franc-maçon, il avait escorté avec son bataillon la manifestation maçonnique aux fortifications, le 28 avril. — voir Thirifocq Eugène.

Par contumace, il fut condamné le 22 juillet 1873, par le 4e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée. Il s’était réfugié à Londres en 1871, où il tint un hôtel-restaurant. Il avait repris sa place dans la loge des Philadelphes, dont il devint Vénérable. En 1873, il fut l’un des dirigeants du Comité de vigilance antimonarchiste fondé à Londres par un groupe de maçons et de profanes, pour intervenir en France au cas où la situation se dégraderait du fait de la répression menée par l’Ordre moral.

Quelques mois plus tard, il se vit confier la présidence d’une Commission de l’Exposition universelle de Paris (1878), mise en place par sa loge pour aider tous les ouvriers, maçons ou profanes, qui désiraient se rendre à Paris à cette occasion. En 1879, il retrouva sa fonction de Vénérable des « Philadelphes ». Il fut gracié le 5 juin 1879.

Benoît s’était marié sans qu’on puisse préciser à quelle date.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article182613, notice BENOÎT Christophe, Édouard (ou bien BENOÎT Christophe dit Édouard), version mise en ligne le 19 juillet 2016, dernière modification le 27 octobre 2018.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/853, n° 1070. — Arch. Min. Guerre, 4e conseil, dossier 1152. — Arch. PPo., B a/429. — Arch. Dép. Meuse, 71 M 16. — André Combes, « Des Origines du Rite de Memphis à la Grande Loge des Philadelphes, 1838-1870 », Chroniques d’histoire maçonnique, n° 34, 1985. — André Combes, « Les Philadelphes et autres loges de Communards », Chroniques d’histoire maçonnique, n° 35, 1985. — Note de M. Cordillot.

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