Né le 9 août 1800 à Montpellier (Hérault), mort le 9 janvier 1889 à Montpellier. Célibataire. Négociant, journaliste, représentant de l’Hérault en 1848 et 1849, proscrit après le coup d’État de 1851. Conservateur du Palais-Bourbon sous la Commune de 1871.
Brives, fils de cordonnier, appartenait à une famille républicaine influente de l’Hérault, et devint négociant dans sa ville natale. Dans son département, à la fin de la monarchie de Juillet, on le trouve à la tête de toutes les manifestations du parti radical pour organiser la campagne des Banquets. Républicain de la veille, il se trouvait tout désigné pour devenir un commissaire général du Gouvernement provisoire à Montpellier. Le 23 avril 1848, il fut élu comme candidat de la République démocratique et sociale, le dixième et dernier de sa liste, par 29 192 suffrages. Il siégea à l’extrême gauche, aux côtés de Louis Blanc dont il était l’ami personnel.
Le 26 mai 1848, il signa la demande de scrutin public sur le bannissement de la famille d’Orléans. Lors des Journées de Juin, il protesta contre l’instauration de l’état de siège et s’associa au manifeste des représentants les plus avancés de l’Assemblée publié, le 28 juin, par La Réforme et par Le Représentant du Peuple.
Le 1er septembre, avec la droite, il vota le rétablissement de la contrainte par corps. Lors des autres scrutins, il mêla toujours son bulletin à ceux de ses collègues de l’extrême gauche : le 7 octobre, pour l’amendement Grévy contre l’institution d’un président de la République ; le 21 octobre, pour l’abolition du remplacement au service militaire ; le 2 novembre, pour le droit au travail ; le 4 novembre, contre l’ensemble de la Constitution ; le 25 novembre, contre l’ordre du jour de félicitations à Cavaignac ; le 12 janvier 1849, contre la proposition Rateau ; le 1er février, pour l’amnistie générale ; le 16 avril, contre les crédits pour l’expédition de Rome ; le 18 mai, pour l’abolition de l’impôt sur les boissons.
Il fut réélu, par l’Hérault, à la Législative, septième sur huit, avec 31 424 suffrages (votants : 82 706 ; inscrits : 125 151). Le 11 juin, il appuya l’interpellation Ledru-Rollin contre l’expédition de Rome ; le 13, il signa la proclamation appelant le peuple aux armes, comme il avait signé peu avant l’Adresse au Peuple (Voir Madet Ch.). Il fut arrêté et conduit à Sainte-Pélagie. Il habitait, alors, 13, rue Neuve-Saint-Augustin (IIe arr. ancien et nouveau, rue Saint-Augustin). Le 30 juin 1849, une perquisition, dont le résultat fut négatif, se déroula à son domicile. Brives ne fut pas poursuivi pour sa participation à l’échauffourée, et put donc reprendre son siège.
Il vota contre toutes les lois de réaction et réussit à fonder un journal, Le Vote universel, dans lequel il combattit avec vigueur contre l’adoption de la loi du 31 mai 1850, qui restreignait le suffrage universel. Expulsé de France après le coup d’État du 2 décembre 1851, il se réfugia à Bruxelles où il vécut du commerce des vins.
Le 1er juin 1863, dans la première circonscription de l’Hérault, il recueillit sans être candidat 1 902 voix, contre 19 631 au candidat officiel. Il ne rentra en France qu’après le 4 Septembre 1870.
Brives, qui habitait alors, 24, rue Laffitte, à Paris, IXe arr., fut membre du bureau de l’Alliance républicaine, et la Commune lui confia la garde du Corps législatif. Il fut arrêté le 25 mai 1871 par les Versaillais, relâché parce qu’il avait préservé du pillage la bibliothèque, les archives et les objets précieux du Palais-Bourbon. Le 29 juin 1871, il regagna Bruxelles ; mais le 23 juillet 1872, le 14e conseil de guerre, considérant qu’il avait fui, le condamna par contumace à la détention à perpétuité. On le présentait comme " un démagogue qui blâme les vengeances [...] les incendies. " Il se dit lui-même " partisan de l’institution de la Commune autonome, mais adversaire des excès, des violences, des abus d’autorité. "
A Bruxelles où il vivait " en rentier ", il était membre de la Société fraternelle démocratique et menait une vie calme, très estimé. Il habitait rue des Trois-Jeunes-Hommes et Félix Pyat lui écrivait de Londres : " Mon cher concitoyen [...] vous habitez la rue des Trois-Jeunes-Hommes, et vous êtes certainement le plus jeune des trois. "
Il fut gracié le 20 mars 1879, mais avait déjà obtenu, en 1878, une autorisation de séjourner temporairement en France ; c’était alors un vieillard à la voix faible et qui marchait difficilement. En 1884, rentré en France et sans fortune personnelle, il sollicita un débit de tabac ; il habitait Montpellier où ses neveux l’aidaient à vivre ; il était en relations avec Victor Hugo et des députés d’extrême-gauche.
ŒUVRE : Essentiellement ses articles du Vote universel.
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/854B. — Arch. Min. Guerre, 14e conseil, dossier 515. — Arch. PPo, B a/982 et Fichier alphabétique. — A. Robert, E. Bourleton, G. Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, 1789-1889, Paris, Borl, 1891.